« Dounia » : L’album du vieux Sibi Zongo entre les mains de Smockey

« Dounia » : L’album du vieux Sibi Zongo entre les mains de Smockey

L’Association case en béton et le studio Abazon, dirigés par l’artiste engagé Smockey, ont au cours d’une conférence de presse, le 10 septembre 2021 à Koudougou, présenté la nouvelle production discographique. Il s’agit de l'album intitulé « Dounia » du chantre traditionnel non-voyant, Sibi Zongo.

Sibi Zongo est un non voyant mais cela ne l’a pas empêché de percer le mystère du violon traditionnel moaga, le roudga

C’est au palais du chef d’Issouka, dans la cité du cavalier rouge que s’est tenue la conférence-dédicace du nouveau produit discographique du studio Abazon, dirigé par le célèbre rappeur politiquement engagé, Serge Martin Bambara dit Smockey. Ce dernier a mobilisé la presse depuis la capitale jusqu’à Koudougou afin qu’elle soit témoin de la recherche musicale du vieux chantre traditionnel et non voyant, Sibi Zongo. « L’objectif de cette conférence-dédicace au-delà d’être expressément décentralisée dans la ville de Koudougou, est de présenter un album dont la base rythmique est tirée du terroir mossi, tout en valorisant un instrument atypique de la région de façon spécifique, le roudga ou violon traditionnel », a expliqué le patron d’Abazon Renaissance, Smockey.

Sibi Zongo avait auparavant collaboré avec Smockey sur plusieurs chansons dont la plus célèbre « Fo toumda yè ». L’artiste n’est donc pas un nouveau visage de l’écurie Abazon. Sibi, « dans l’âme du violon » (comme l’a titré ainsi Michel K. Zongo dans son film documentaire en 2010) avait séduit plus d’un, par ses mélodies et les vibrations qu’il émettait depuis son violon traditionnel à travers ses featuring avec son producteur, tellement sa voix et son instrument dégageaient une originalité et une authenticité certaines. C’est sans étonnement que le rappeur Smockey, décide d’investir sur l’homme qu’il considère d’ailleurs comme l’« un des derniers témoins encore vivants de l’histoire originelle des Mossé ».

Les autorités coutumières de la cité du cavalier rouge étaient présentes à la dédicace

« Dounia », à en croire le producteur, est le fruit de dix années de préparation musicale. L’opus compte huit titres et se veut un cocktail de sonorités modernes et traditionnelles surtout. Il est chanté en mooré avec en toile de fond des thématiques aussi symboliques que d’actualité. Pour Sibi Zongo, le titre éponyme est évocateur. « Il existe tellement d’éléments qui composent notre société, si bien qu’il est difficile de tous les aborder. Mais j’ai fait en sorte que dans cet album,  tout le monde se sente concerné », a-t-il indiqué.

Le producteur de l’album Smockey (gauche) explique le processus de la recherche et le but du produit pendant la conférence

On y découvre des titres à l’image de « Boumb san bé », qui sensibilise la jeunesse. « Kombibissé » est une invite à l’entraide, à la solidarité, etc. Quant à « Nonglem », il prône l’amour. La chanson « Maan néré » met en exergue le roudga de Sibi, dans un instrumental de plus d’une quinzaine de minutes. C’est une véritable démonstration de talent et de l’appropriation du violon traditionnel moaga.

Smockey a voulu ouvrir l’album à un large public sans le contenir uniquement dans le carcan traditionnel. C’est ainsi que l’un des titres est livré dans un genre reggae. « L’évolution qu’impose la sphère musicale, ce gardien de la tradition africaine n’a d’autre choix que de s’adapter pour survivre, de peur de tomber dans la monotonie et d’être jeté aux oubliettes », a confié le patron du studio Abazon.  Il ambitionne  faire baigner davantage Sibi Zongo dans la sphère musicale moderne afin qu’il ne soit pas consigné exclusivement dans le monde traditionnel. C’est un nouveau produit discographique entre les mains de Smockey. Accueillez-le à bras ouverts !

Augustin SANDWIDI (Stagiaire)

Kulture Kibaré

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