Showbiz international : Le mouta-mouta musical ne peut pas s’exporter
Le Burkina Faso est un pays de culture. Peut-on en dire autant de sa musique ? Hier encore, nous étions dans les débats. La sempiternelle question sur le positionnement de la musique burkinabè à une échelle internationale subsiste. Nos artistes-musiciens sont-ils compétitifs à l’internationale ? Notre musique burkinabè est-elle prisée au-delà des frontières ? Pourquoi la musique burkinabè ne s’exporte pas ?
Les deux premières interrogations sont peut-être fondées et même pertinentes. Mais, pour ce qui concerne la dernière, elle sonne comme une affirmation. Ce qui peut alors paraître frustrant et très agaçant. Puisqu’aucune étude scientifique, aucune donnée fiable n’est encore disponible à ce jour pour soutenir cette allégation. Nous surfons dans la spéculation. Sur l’exportation de notre musique identitaire, il faudra relativiser.
La musique burkinabè s’exporte. Nos artistes musiciens les moins discrets sur la scène nationale surtout parcourent cependant le reste du monde en glanant des mérites.
Mamadou Diabaté est un musicien compositeur burkinabè qui a une réputation internationale. Le balafon qu’il joue sur fond de sonorités traditionnelles Sambla a eu des échos, de l’Europe jusqu’en Amérique. Le Burkinabè a une distinction World Music Awards 2011 en Autriche et un prestigieux Grammy Awards for Best Traditional World Music Album en 2010 aux USA. Il semble pourtant méconnu du grand public burkinabè parce que son registre artistique est loin de s’inscrire dans une tendance urbaine légère.
Wendlavim Zabsonré est le transfuge du groupe Kalyanga. Batteur, guitariste, chanteur, il vit depuis ces dernières années en France. Là-bas, après avoir décroché ses diplômes dans un conservatoire de musique, il a été appelé par la suite à enseigner la musique classique et aussi traditionnelle. N’est-ce pas de la musique identitaire burkinabè par ricochet qu’il enseignera (théorie et pratique) aux non-Burkinabè ? Nous y reviendrons ultérieurement.
La chanson « Djon maya » de feu Victor Démè est inscrite dans le panthéon des tubes d’anthologie dans l’industrie musicale mondiale même si on en parle peu. C’est aussi un Burkinabè.
Quelle musique burkinabè alors ne s’exporte donc pas ? C’est ce format musical actuel imposé à la nouvelle génération d’artistes les plus en vogue, par une certaine catégorie de businessmen locaux qui peine à s’exporter. Autrement dit, nos « stars » locales les plus médiatisées au niveau national ne peuvent pas percer le marché international avec leurs œuvres réductrices. La conquête de l’international demande des œuvres d’un format plus sérieux où l’originalité et l’authenticité deviennent le maître-mot.
A défaut, contentez-vous de pondre des œuvres mouta-mouta pour demeurer à jamais des stars locales.
La Rédaction
Je pense que pour permettre à la musique burkinabè de s’exporter, il faudra qu’on quitte dans les critiques négatives. Les autres artistes n’ont pas forcément le talents des artistes locaux. Sauf qu’ils ont beaucoup de promotion. Prenez le cas des ivoiriens qui portent haut leur culture, leur musique, quel que soit celui qui va chanter. C’est une question de promotion et il faudra éduquer les Burkinabè à ça. Même Grand P qui ne chante presque rien, est bien promi que nos artistes. Chez nous ai Faso, c’est la critique négative qui discrédite nos artistes aux yeux du monde entier. Si la promotion y est, vous verrez que les Burkinabè ont aussi du talent. D’ailleurs, ce que font les artistes de la nouvelle génération est à saluer. La médiatisation qui suit leur permettre d’être connu positivement à l’extérieur. Si on se limite à la critique, c’est l’image que l’extérieur aura aussi de nos artistes. C’est à nous de promouvoir leurs œuvres, et il leur appartient de produire de bonnes œuvre. Et ils en produisent…