Critique d’œuvres d’art : La presse culturelle burkinabè dans la chienlit

Critique d’œuvres d’art : La presse culturelle burkinabè dans la chienlit

« La musique, c’est du bruit qui pense » disait Victor Hugo, et «l’œuvre d’art, c’est une idée qu’on exagère » selon André Gide. Partant de ces maximes, est-il encore légitime de formuler une critique objective sur une création artistique ? Plausiblement, non. Puisque toute œuvre de l’esprit revêt une ou des significations particulières. Assez logique non ?

Pourtant les pièces de théâtre, les spectacles musicaux, la chorégraphie, la peinture artistique, etc. continuent de s’inscrire dans le scanner critique des experts critiques.

« La critique est aisée, et l’art est difficile », c’est le point de vue de Destouches. Autrement dit,  il est naturellement plus facile de critiquer que de créer.

Cependant, aucune œuvre humaine n’étant parfaite, il devient aussi logique de critiquer « sur tout ce qui bouge », artistiquement parlant, bien sûr.

Toute création, qu’il s’agisse du « bruit qui pense » ou d’«une idée qu’on exagère », est subjective, et présente donc des limites. Critiquer devient dès lors légitime. Toutefois, un tel exercice demande de l’expertise pour celui qui critique. En la matière, le philosophe, Jacques Bouveresse préconise de subordonner « le désir de juger au devoir de comprendre ».

Cette piqûre de rappel sommaire nous sert de préambule pour décrire le méli-mélo qui caractérise singulièrement l’univers culturel artistique burkinabè. Si ce ne sont pas des pédants qui s’arrogent tous les grades de critique d’art, ce sont des journalistes « culturels » eux-mêmes qui s’érigent en évangélistes culturels.

La critique d’art est « l’art de juger les œuvres de l’esprit ». Elle étale la force de la création mais aussi les faiblesses. Elle n’est pas que négative.

C’est un métier, c’est une école, et très souvent différente du journalisme. Le critique d’art transforme le langage artistique en langage logique afin  de faciliter la compréhension du profane. Il aide le créateur à percevoir le revers de sa création.

Malheureusement, ce n’est le cas au pays des Hommes intègres, notamment dans le domaine de la presse « culturelle artistique ». L’amalgame y a atteint son paroxysme. Le polémiste sur les réseaux sociaux est confondu  à l’expert, et le journaliste culturel exhibitionniste est assimilé d’office à un critique d’art.

Dans un tel environnement, les rares critiques d’art au Burkina Faso ou les journalistes professionnels, spécialistes de la culture et des arts, ont préféré se laver les mains pour éviter de surfer dans la chienlit. Ils ont alors ouvert un boulevard aux pédants et aux incultes d’agir.

Conséquence, les bonnes œuvres artistiques meurent dans les tiroirs faute de critiques sincères et franches pour les booster, tandis que la médiocrité est hautement acclamée. C’est tout naturel que nos artistes, musiciens surtout triomphent à l’intérieur et échouent lamentable à l’extérieur. Car, déhors, on ne caresse pas dans le sens des poils.

La Rédaction

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