Tourisme burkinabè : Les travaux d’hercule de la ministre Thiombiano

Tourisme burkinabè : Les travaux d’hercule de la ministre Thiombiano

La représentation nationale, en sa séance plénière du vendredi 16 avril 2021, a examiné et adopté à l’unanimité le projet de loi portant orientation du tourisme au Burkina Faso. Ce projet de loi portant loi d’orientation du tourisme dans notre pays comporte 7 titres, 20 chapitres et 71 articles. Présente à l’hémicycle, la ministre de la culture, des arts et du tourisme, Dr Élise Foniyama Ilboudo/ Thiombiano a indiqué que cette loi, dans sa nouvelle mouture, permettra de prendre en compte les directives communautaires de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et doter le secteur d’un seul texte, qui permettra d’aboutir à l’émergence d’une vraie industrie touristique compétitive.

Par ailleurs, l’adoption de ce projet de loi permettra l’élargissement de l’assiette fiscale à travers l’instauration de nouvelles taxes générant ainsi des recettes additionnelles pour notre budget national et celui des Collectivités territoriales.

Aussi, outre la mise en place d’un cadre juridique règlementaire plus adapté au contexte d’évolution du tourisme, cette loi favorisera  également, entre autres, la dynamisation du secteur touristique, la professionnalisation du secteur du tourisme à travers un meilleur cadre organisationnel, et la création d’emplois et de richesses.

Comme on le voit, 17 ans après sa mise en œuvre, ce texte adopté, en effet, en 2004, avait donc un urgent besoin d’être toiletté et remis au goût du jour. Mais que vaut une loi « réchauffée» quand les problèmes de base de notre tourisme n’ont pas encore trouvé une solution définitive et durable? Autrement dit, il ne sert pas à grand-chose d’adopter une ancienne nouvelle loi quand des solutions ultimes n’ont pas été apportées aux maux qui minent depuis plusieurs décennies le tourisme burkinabè. Par conséquent, adopter une loi, sans aucune portée ou impact sur ce grand malade qu’est notre tourisme, revient tout simplement à construire une maison sur du sable très mouvant.

La nouvelle ministre en charge de la culture, faut-il le reconnaître, est très volontariste avec une bonne dose de détermination. Elle doit aussi la continuité de son action actuelle sur le tourisme à son prédécesseur, Abdoul Karim Sango qui en a donné encore plus de dynamisme. Mais son successeur, toute seule, pourrait-elle venir à bout des difficultés congénitales et relativement gigantesques de notre tourisme local? En effet, malgré l’inscription de ce secteur comme prioritaire dans le Plan national de développement économique et social (PNDES), les maux persistent et les défis demeurent plus grands.

Les problèmes du manque de culture touristique chez les Burkinabè et l’absence d’attractivité de nos sites touristiques sont réels. Car, c’est connu, ces sites, en plus d’être anachroniques, sont la plupart purement et simplement laids.

Comment décoller déjà dans ces conditions même en présence d’une loi, et qui plus est uniquement efficace sur le papier? C’est pourquoi, il urge pour le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT) et le Gouvernement burkinabè en général de se retrousser les manches et de prendre le taureau par les cornes. Il faut trouver la bonne formule pour rendre nos sites très attractifs, très accessibles et très récréatifs. Ainsi le secteur du tourisme répondra plus qu’aux attentes.

Les enfants sont les adultes de demain, a-t-on coutume d’entendre. Pour semer les graines de la culture du tourisme chez les tout-petits, il serait, par exemple judicieux en collaboration avec le ministère en charge de l’éducation nationale, d’organiser, à l’intérieur du pays, des sorties touristiques périodiques obligatoires avec les élèves de Ouagadougou et des autres régions. Quant aux élèves fréquentant non loin de ces sites, ils pourraient, sous la conduite de leurs enseignants, s’y rendre régulièrement. Il faut même si possible créer des travaux dirigés sur les sites touristiques. Pour ce faire, le gouvernement doit pouvoir mettre, auparavant, un point d’honneur à moderniser et adapter nos sites et musées aux normes requises voire internationales. En un mot, il faut les rendre très séduisants. Il est évident que ce sera un travail de longue haleine d’où encore une fois le caractère précipité de l’adoption de cette nouvelle ancienne loi.

Pour booster notre tourisme local, il n’y a donc pas 36 solutions. Grâce à un courage politique et un sens plus élevé de la vision, les plus hautes autorités de notre pays doivent déjà revoir sensiblement à la hausse la part « indécente » allouée au secteur du tourisme dans le budget national. Et cette courageuse décision implique dans le même élan de créer, pourquoi pas un Fonds spécial dédié uniquement au tourisme?

 La Rédaction

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