Election miss au Burkina : Chronique d’une société dépravée
Au Burkina Faso, les concours de beauté poussent comme des champignons. Il y a tellement d’initiative d’élections miss (femme), et aussi de mister (homme). Le Burkinabè semble pourtant se convaincre du manque à gagner. A-t-il raison ou tort de jeter l’opprobre sur ces tribunes d’expression? Ces élections, effectivement, n’ont pas une bonne réputation et les mauvais clichés continuent de s’entacher. Voilà qu’une victime témoigne. Très inquiète des représailles, elle a décidé de se confier dans l’anonymat. Une confidence rapporté par Baroto Baroto.
Notre victime raconte, pour avoir été dans les secrets des dieux, que l’élection miss au Burkina Faso, peut s’avérer être un tremplin de la prostitution pour la miss élue et du proxénétisme pour celui qui l’organise. Celle qui saura se soumettre, obéir et être aux petits soins du promoteur profitera bien de sa couronne. Mais ce n’est juste que pour un temps donné. En tout cas, tant que la miss, dit-elle restera toujours sous la coupe de son promoteur, sur la base d’un contrat, elle doit se plier aux exigences.
Celle qui se confie avoue regretter profondément de n’avoir pas assez examiné le contrat d’engagement avec les organisateurs. En le paraphant naïvement elle va se rendre compte au fil du temps qu’elle s’était engagée sur un terrain glissant. Sa liberté est confisquée, sa relation amoureuse (son petit ami avant d’être miss) est déconseillée, ses rendez-vous dans des endroits discrets sont fréquents, ses rencontres avec des personnalités influentes sont monnaie courante, etc. Elle signe même des contrats sur son image mais ne perçoit qu’un pourcentage. Elle confie également avoir coupé les ponts avec ses ami-e-s.
Toujours selon ses dires, la plupart des jeunes élèves et étudiantes qui s’inscrivent à un concours de beauté ignorent cette autre facette. Innocentes elles sont dans la quête de l’estime sociale. Cette folle envie, les rend susceptibles d’accepter toutes propositions indécentes pour être célèbres. Oui, célèbres et enviées de tous. Mais dès que le contrat s’expire, une autre miss est recrutée bien évidemment à travers une autre édition d’élection miss. C’est en ce moment que vous vous rendez-compte que vous avez été utilisée pour servir d’appât aux sponsors, mécènes et autres particuliers friands de votre corps. Des gourous y mettent alors le prix et les plus naïves finissent par écarter vite les jambes.
A l’écouter, derrière cette expression d’« égérie », se cache un produit commercial matériel. Et tous les coups sont parfois permis. Vous serez appelée en tant que miss, à honorer des rendez-vous discrets avec des personnalités dans la discrétion. Et vous devez la boucler.
Aussi dans les confidences, la victime a révélé que les lots qui sont le plus souvent promis au soir de l’élection, ne sont pas entièrement cédés. S’il y a bien une voiture qui vous a été promise, prenez soin de bien lire le contrat d’engagement avec le promoteur de miss. Car toute entreprise de concours beauté est commerciale. Elle cherche d’abord à se positionner. La miss élue n’est qu’un produit ou un moyen pour la structure.
Les interpellations ne tarissent point sur les élections miss au Burkina Faso. Mais le laxisme du Gouvernement demeure et le silence coupable du Législateur persiste. C’est peut-être parce qu’il est extrêmement rare d’apercevoir le rejeton d’un président, d’un ministre ou d’un honorable député dans les élections miss que la dépravation est banalisée. Une certaine opinion ayant soutenu que ce sont les adolescents d’une certaine couche aisée de la société qui consomment la chicha, tout de suite l’interdiction est prononcée.
Ce témoignage, parmi tant d’autres peut sauver des âmes naïves et innocentes qui s’apprêtent à s’engager avec une structure d’organisation d’élection miss. Ouvrez parfois les yeux pendant le rêve. Car, tout ce qui brille n’est pas de l’or dit-on.
Baroto BAROTO