FAMA : Des critères flous pour des lauréats douteux

FAMA : Des critères flous pour des lauréats douteux

Les Faso Music Awards (FAMA) sont une cérémonie de célébration des acteurs culturels burkinabè. A en croire son promoteur, Youssef Ouédraogo, l’évènement vise à « encourager les créateurs, les professionnels de la filière musique et de créer un cadre de saine émulation entre les acteurs culturels afin de faire de l’excellence une valeur partagée de tous ». La huitième édition a connu son apothéose le 20 mars dernier. Plusieurs acteurs culturels ont ainsi été primés dans les différentes catégories sur la base, malheureusement des critères flous et vagues.

Amalgame ou pas du tout de critères

Le FAMA de l’année est le sacre suprême. Il distingue selon la fiche de nomination « une personnalité culturelle en général, mais en particulier dans le secteur de la musique dont l’action au cours de l’année profite à l’ensemble des acteurs culturels et interpelle le grand public par son caractère innovant. En d’autres termes, c’est la personnalité culturelle de la filière musique. Son action doit être unanimement reconnue par les membres du jury ». Etaient donc en lice dans cette catégorie, le promoteur de Miss université, Honoré Bambara ; le conteur burkinabè, Kientega Pingdewendé Gérard dit KPG et enfin l’artiste-chanteur, Freeman Tapily. C’est ce dernier qui s’est alors adjugé le trophée.

En huit éditions, Youssef Ouédraogo et ses collaborateurs ne devraient pourtant plus continuer à mettre à nu leur amateurisme ou leur gout prononcé pour l’improvisation. Il est temps d’arrêter de servir aux Burkinabè de telles fautes thématiques gravissimes. Comment peut-on mettre en compétition le Conte, la Beauté et la Musique? S’ils relèvent tous les trois de la culture, ces trois entités dans le fond et la forme ne sont cependant pas comparables. En un mot comme en mille, disons-le tout net, cette sélection, encore moins celle des nominés dans les prix principaux et même spéciaux, nous laisse aussi perplexes. Nous ne devons pas cautionner le tâtonnement, érigé en règle de conduite dans les FAMA et dans les cérémonies de récompense de même plumage au pays des Hommes intègres.

De la légitimité des lauréats

Penchons-nous cette fois-ci sur le Prix journaliste culturel de l’année. Il récompense, de l’explication des organisateurs, « un journaliste culturel (presse audiovisuelle, imprimée et en ligne) qui fait efficacement et admirablement son travail en faisant passer des informations et messages culturels et artistiques dans ses émissions et/ou reportages ». Le jury sur la base des œuvres « soumises », si on y croit donc, a pourtant désigné un animateur-présentateur télé comme lauréat. Oui, vous avez bien lu. Il s’agit d’un contractuel de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), reversé dans la production. Il n’est jamais jusque-là, intervenu dans la production journalistique de la RTB en tant que journaliste. Le lauréat désigné ne publie dans aucun autre média formel jusqu’à preuve de contraire. Il anime cependant une émission culturelle et est aussi actif sur les réseaux sociaux. C’est sur la base de ses posts sur Facebook ou sa présentation de l’émission en tant qu’animateur qu’il a été distingué ? La catégorie révèle récompenser un journaliste qui fait passer des messages culturels dans son émission ou son reportage et non pas un animateur. Autant qualifier les animateurs de journalistes.

Nul besoin de rappeler le concepteur des FAMA que Facebook ne fait pas partie des médias burkinabè. Facebook est un réseau social ou n’importe qui peut s’ériger en expert culturel. Confondre des posts sur Facebook et des articles de presse est si aberrant. Il aurait fallu créer simplement une catégorie « Prix animateur télé de l’année ». En ce moment le lauréat serait peut-être légitime.

Il y a tellement assez d’incohérence, de confusion, d’amateurisme à dire et à redire sur cette cérémonie de distinction dite FAMA. Mais nous allons faire l’économie de notre énergie sur ces évènements inféconds. A l’allure où vont ces récompenses infâmes, les relations entre les acteurs culturels finiront par se fragiliser puisque les frustrations créent davantage des tensions. Il faut rectifier dès à présent le tir, car dit-on, persister dans l’erreur est stupide.

La Rédaction

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