Photographie artistique : Un jeune burkinabè ose le shoot nu à Ouagadougou
Jusqu’en 2019, aucun photographe de la nouvelle génération, au Burkina Faso n’avait osé shooter des filles toutes nues. Depuis l’année dernière, c’est chose faite. Un jeune étudiant burkinabè, avec un Master en Communication des entreprises et Relations internationales, s’est alors lancé dans l’aventure. A Dream’s Production et Communication, sa structure, les mannequins et autres jeunes dames peuvent poser nu. Peut-être dépravant, peut-être intelligible ! C’est sans tabou que Calvin Audrey Ronald Houessinon nous entretient sur sa vision de la photographie dire artistique au Burkina Faso. Allons donc comprendre !
Dream’s Production et Communication est une structure de communication spécialisée dans la mise en place des stratégies de communication. Elle officie dans l’audiovisuel, la photographie et tous autres produits et services qui sont en rapport avec la publicité. Créée en 2015 par un jeune étudiant burkinabè d’origine béninoise, en fin de cycle, avec un Master en Communication des entreprises et Relations internationales en poche, cette entreprise entend s’imposer autrement, notamment dans la photographie artistique. Pour preuve, elle reste pratiquement jusque-là, la seule structure de la nouvelle génération, de façon affichée, à oser le shoot nu avec les mannequins et toutes autres filles qui le manifesteraient.
Selon Calvin Audrey Ronald Houessinon, patron de Dream’s Production et Communication, puisque c’est de lui qu’il il s’agit, le contexte du Burkina Faso est différent du monde européen ou américain. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas rêver en tant que jeune burkinabè. « On est dans un pays où les gens ne s’ouvrent pas vraiment à la mondialisation. Nous sommes actuellement dans un monde où tout se rapproche », explique-t-il.
Il est alors inconcevable que des mannequins posent toutes nues même si, sous d’autres cieux comme en Afrique du Sud ou plus proche de chez nous, en Côte d’Ivoire, c’est monnaie courante. « En réalité les photos nues servent à valoriser la beauté de la femme africaine. Parce qu’on a tendance à voir certaines femmes complexées, qui ont honte d’elles-mêmes et qui ont vraiment peur d’exposer leur corps. Pourtant, c’est une splendeur. C’est pour cela, j’ai décidé en fait, de shooter nu. C’est avant tout de l’art », renchérit-il.
Mais en quoi la pose nue peut-elle bien valoriser la femme burkinabè ? Sans tergiverser, celui-ci soutient que ce n’est ni de l’exhibition ni de la dépravation, mais juste de l’art. « C’est une toute autre manière aussi de valoriser le métier de la photographie artistique », dit-il.
Calvin Houessinon connaît bien la France. Il y a passé deux années à la Mairie de Villeurbanne en tant que chargé de projet en 2017. Il en a profité, informe-t-il pour se former parallèlement en audiovisuel et à la photographie à ECI-TV. « Dans les expositions d’art en France, la plupart des photos qu’on voit, sont souvent nues. On y voit des filles et même des garçons nus. C’est sans tabou parce que, c’est de l’art dans une autre dimension », témoigne-t-il.
Montrer aux Burkinabè que la photographie, c’est tout autre que ce qu’ils pensent, tel est donc le défi qu’il en fait sien. Encore faudra-t-il être dans l’imaginaire artistique pour mieux percevoir la nudité dans la photographie comme de l’art.
Comment se passe une séance de shoot nu ?
« Il arrive que des filles me contactent pour poser nu. Il arrive aussi qu’on approche certains mannequins pour leur faire la proposition. Mais les difficultés dans la démarche ne manquent pas. Il y a par exemple, des filles qui ont refusé de shooter nues parce que, ça sera mal vu, ou critiquer… Mais ce qu’on devrait savoir, c’est que c’est un travail de professionnel. Il faut se mettre dans la peau d’un mannequin pour le faire. Et un mannequin professionnel n’a pas honte » laisse entendre Calvin.
Malgré tout, confie-t-il, la demande dépasse l’offre. Après son tout premier shoot nu réalisé en 2019 avec une jeune fille qui, d’ailleurs était novice dans le mannequinat, plusieurs autres filles ont manifesté leurs envies de shooter aussi nues. Même si les menaces du genre, « tu te crois où? … on n’est pas en France ici? … tu ne peux pas te permettre de faire de photos nues comme ça … » sont réelles, Calvin ne se détourne pas de son rêve. Ne se fixant aucune limite, puisque c’est son métier, il a, grâce à la pose nue permis à sa toute première cliente, de saisir l’opportunité pour s’installer au Canada. « Elle est venue, elle m’a approché pour me demander des photos nues. Je l’ai fait. En fait, elle voulait postuler à un casting au Canada et ça marché ».
La confidentialité des clientes
A Dream’s Production et Communication, il y a des principes et une démarche. « D’abord, il est clair que la photo qu’on va shooter sera publiée. Mais on essaie de tout faire pour que le visage du mannequin n’apparaisse pas. On voit son corps, sa nudité mais pas le visage et les parties intimes sauf si la cliente en demande ».
Au-delà du shoot nu, Calvin et sa structure couvrent aussi les mariages, les baptêmes, les anniversaires, les cérémonies de récompense, les dîners galas, etc. Il accueille également dans son studio, les séances avec un décor atypique. Les artistes burkinabè et autres personnalités n’ont pas manqué d’y faire un tour. Ses shoots varient entre 30 000 FCFA et 75 000 FCFA. « Quand on reçoit par exemple un journaliste, on essaie de créer son monde à lui, un décor qui va avec avant le shoot. On mobilise les ressources nécessaires en fonction de la personne que nous avons en face de nous ».
Dream’s Production et Communication, rassure Calvin, a une équipe assez qualifiée et professionnelle qui se met au service du client dès son arrivée. L’équipe est pour le moment réduite. Il y a le vidéographe, la maquilleuse principale, l’assistant maquilleur et styliste. Faites-y un tour. Ils sont situés dans le quartier Karpala, Ouagadougou. Peut-être l’envie de shooter nu vous prendra.
Calvin a de grandes ambitions. C’est d’asseoir un jour les chaînes de Dream’s Production et Communication au Burkina Faso, en Afrique et dans le reste du monde. C’est pour cela, il a baptisé sa structure Dream, qui signifie rêve.
Malick SAAGA