Tribune libre: Le témoignage truffé d’anecdotes sur To Finley

Tribune libre: Le témoignage truffé d’anecdotes sur To Finley

To Finley, La Gnescologie

Certes, ceux de sa génération et de la génération intermédiaire le connaissent pour son talent musical, son génie créateur. Il apporta un second souffle à la musique nationale, en portant le showbiz burkinabè au fait de sa gloire par l’exploitation de rythmes locaux, adaptés à la World Music.

Mais ce que beaucoup ne savent pas de lui, c’est qu’il était vraiment un créateur dans l’âme et dans l’esprit. Et le plus fascinant chez To Finley, c’est qu’il avait forgé un vocable pratique, non comparable au nounchi ivoirien, mais réellement adapté à son milieu. Pour faire simple, il avait l’art de réinventer les mots et les expressions avec un subtil mélange du français et des langues locales. Déroutant pour les non-initiés.

Tenez, un jour de l’an 1988 on me présenta à lui, dans un cercle où il trônait en chef au milieu de son groupe. Il me lança : «Est-ce que tu parles notre RELIGION ? ». Ébahi, je le regardai sans savoir comment lui répondre. Il dit de revenir le voir plus tard. Et quand je revins une autre fois, il reprit la question avec une précision tout aussi mystique : «Es-tu dans la communion COSMICO-TERRESTRE ?». Là, j’étais battu, mon initiation avait échoué car je n’avais pas réussi à déchiffrer l’énigme…

Le regretté To Finley

Bien plus tard, je le rencontrai à une station de la place. En le voyant, j’eus des larmes aux yeux. Je me dirigeai vers lui, lui tendis un billet, et lui rappelai l’épisode de 1988. Taquin, il éclata de rires. Quand je lui demandai pourquoi il est dans un tel état, lui qui était l’idole de la jeunesse en son temps ? Il me regarda avec toujours ce sourire narquois qu’on lui connaissait, ses yeux brillants et perçants, et me lança pour toute réponse : « C’est la GNESCOLOGIE ». J’étais encore battu pour la troisième fois. En fait « gnescologie », viendrait du mooré « gnèèssé », je crois, qui veut dire racler le fond du plat, de la marmite. C’est synonyme de «souffrance», l’ultime degré  de la «galère».  Sacré To Finley !

Certes, il y a eu des initiatives pour réhabiliter  l’homme,  l’artiste qu’il fut. Mais To Finley a préféré rester tel, comme si il eût voulu démontrer que l’humain, fût-il un génie, reste soumis  aux lois  cosmico-terrestres, en somme, à son destin. Inéluctable. Ceux qui l’ont côtoyé ont certainement de ces mots et expressions qu’il a forgés et qu’ils pourraient partager. Repose en paix l’artiste, tu es enfin dans ton univers… En toute culturalité !

Draman KONATE

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