Hip hop burkinabè : Chronique d’une ère nostalgique

Hip hop burkinabè : Chronique d’une ère nostalgique

De sa genèse, le hip hop était perçu comme un mouvement d’expression, de revendication et de dénonciation. Plus qu’un style, c’était un comportement. Il ne s’identifiait pas uniquement au rap mais à un mode de vie. Le mouvement est né dans les ghettos de South Bronx, Etat de New-York, dans les années 70. Il s’avérait être l’ultime arme pour se faire entendre autrement dans les ghettos. En tant que moyen d’expression pour la plupart des jeunes, plusieurs autres passe-temps favoris de la jeunesse se sont greffées, comme le graffiti, le break dance, le beatboxing, le deejaying (animations des Disques-Jockey), entre autres.

De toutes ces branches naissantes, le rap s’est bien démarqué. Devenu la culture urbaine des jeunes, ce genre s’étendra en Europe, en Afrique et partout dans le monde.

Au pays des Hommes intègres, le mouvement s’installera avec le flux migratoire notamment avec la diaspora burkinabè de la Côte d’Ivoire, qui est revenue au bercail. Ces jeunes « branchés », les MC à l’époque, ont commencé à mimer les Ivoiriens qui avaient déjà une longueur d’avance.

Les soirées et autres initiatives hip hop avaient désormais pignon sur rue. Des concerts hip hop, des émissions radios hip hiop, même le style vestimentaire hip hop, ont jailli du coup. La Maison du peuple était devenue la plaque tournante des spectacles dans les années 90.

C’est vers la fin des années 90 que le hip hop burkinabè va mieux se propulser sur la scène. Le clip « Arrêt sur image » de Basic Soul, la compilation rap « Faso Connexion » suivie de « Chroniks noires », « Séquestrés » de la Censure, « Epitaphe » de Smockey, la compilation « Part des ténèbres vol.1 », « Juste un peu de lumière » du groupe Yeleen, l’album « Wed est là », entre autres, ont véritablement  donné du tonus au mouvement. La fortune du hip hop s’est imposée jusqu’en 2004, 2005, année où le Coupé-décalé ivoirien a commencé à émerger. Ce fut le déclin programmé du hip hop burkinabè. Le mouvement a été complètement assommé par le concept très prisé de Douksaga.

Les deux seuls groupes de rap burkinabè qui ont su traverser cette sombre zone de turbulence, furent le groupe Yeleen et le groupe Faso Kombat. Les derniers remparts finiront par jeter l’éponge respectivement en 2011 et en 2014. Et ce fut le dernier souffle du rap puis vint  naturellement sa mort.

Aujourd’hui, nous assistons à une forme de rédemption avec une nouvelle vague de MC. Cette nouvelle génération qui s’accommode avec l’afrotrapp, a du mal à réécrire les belles pages du hip hop d’autrefois. La musique trapp ou l’afrotrapp n’intéresse pas ou n’est toujours pas bien perçu par les Burkinabè comme au bon vieux temps.

Peut-être qu’il manque au fond du message dans ce genre trapp peut-être qu’il manque du style de vie qui va avec. En tout cas, le hip hop semble mort même si cette hypothèse sonne mal dans certaines oreilles. Faire renaître le mouvement de ses cendres serait un parcours de combattant car les concepts naissent presque quotidiennement et les mélomanes burkinabè semblent être friands de musique urbaine nigériane, ghanéenne, ivoirienne, etc. Cette chronique sonne comme une interpellation aux adeptes du hip hop à être plus innovants. Et peut-être que là, le hip hop signera son retour comme un chef.

Saga Malick SAWADOGO             

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