Jacky El Feno à Yacouba Napon (MCZ) : « J’étais obligé de lui dire que je ne pourrais pas continuer »

Jacky El Feno à Yacouba Napon (MCZ) : « J’étais obligé de lui dire que je ne pourrais pas continuer »

Présentateur, animateur à la verve remarquable et quelques fois maître de cérémonie dans les grands rendez-vous culturels au Burkina Faso, Jacques Iboula Bassono 1er jumeau, plus connu sous l’appellation Jacky El Feno s’essaie dans le cinéma. Peut-être amateur, peut-être accompli, le maestro de l’émission Apero sur la RTB, s’est emparé du rôle principal dans le dernier film long-métrage « Le dragueur de Ouaga », du réalisateur Yacouba Napon (MCZ) dont la sortie est annoncée le 13 février prochain. Une première expérience pour Jacky qui ne s’est pas empêché d’avouer toutes les difficultés auxquelles il a dû faire face pendant l’aventure. Interview !

Kulture Kibaré : C’est votre toute première expérience en tant qu’acteur dans un film long-métrage. Est-ce un rêve devenu réalité ?

Jacky El Feno : Oui, c’est avec joie que je le dis. Parce que depuis, bien très longtemps, j’ai rêvé jouer un jour dans un film. Je regardais très souvent certains films et je me suis senti dans certains personnages. Je me suis dit, quand est-ce que j’allais avoir cette opportunité de pouvoir réaliser ce rêve qui me tenait aussi à cœur. Et puis voilà que les choses commencent à se dessiner favorablement pour moi, pour cette année 2020 où j’ai eu l’occasion de discuter avec monsieur Rodrigue Kaboré, avec qui j’ai partagé l’envie de jouer dans un film. Ce dernier m’a rassuré et m’a promis que dans les prochains projets à venir cela va se faire. Du coup, cela m’a donné plus d’assurance que ce rêve allait se réaliser un jour.

Kulture Kibaré : Comment est née cette rencontre avec le réalisateur qui a décidé de vous embarquer par la suite comme acteur clé ?

Jacky El Feno : On se connait déjà, lui en tant qu’artiste et moi en tant qu’animateur. On se côtoie tout temps mais on parle très souvent de musique. C’est un peu dans le tas que j’ai appris qu’il était dans le domaine du cinéma. Je suis allé voir quelques-unes de ses œuvres. A l’époque quand je regardais, il n’y a rien qui me disait que j’allais être un acteur un jour. Je n’étais pas dans cet esprit, dans cette dynamique de vouloir m’intéresser à ce domaine un jour. Et voilà qu’en début d’année 2020, je reçois un coup de fil de de ce dernier qui était censé être l’invité de mon émission à l’Apero. Pour des raisons de calendrier, il n’a pas pu honorer l’invitation et il m’a appelé pour s’en excuser. Le lendemain, il me rappelle en me demandant si ça m’intéressait de jouer dans un film. Je me suis dit mais qui lui a parlé de ça ? Je lui ai dit, bein je te reviens. Après je le rappelle et je lui dis attend, tu veux que je joue dans un film ? Tu penses que je suis en mesure de pouvoir jouer dans un film en tant qu’acteur ? Il répond que oui et qu’il pense que je peux bien faire son affaire. Je lui demande c’est quel film et il me répond que c’est un long-métrage. Je lui demande, ça parle de quoi et il me répond qu’il revient avec le scénario.

Kulture Kibaré : Résumez nous un peu votre partition dans cette aventure.

Jacky El Feno : C’est lorsqu’il m’a rappelé pour me faire part du scénario que j’ai compris en fait le contenu du film. En réalité c’était un film qui parlait d’un dragueur, le dragueur de Ouaga. Je dis bien attention, est ce que ce rôle ne va pas un peu jouer sur ma personne ? Il dit non, qu’en réalité il y a des messages dedans. C’est vrai que tu incarne un personnage mais il y a à la fin un message qu’il faudra retenir. Et moi, c’est le message de la fin qui m’a encore plus motivé. En réalité, c’était une façon pour le réalisateur de pouvoir rappeler à cette jeunesse-là que de telles pratiques, forcement vont nous conduire un  jour à faire face à des situations qu’on ne va pas pouvoir gérer.

Jacky El Feno

Kulture Kibaré : En foi de quoi Jacky El Feno répond au profil idéal pour incarner le rôle principal ?

Jacky El Feno : C’est le réalisateur seul qui pourra répondre à ça. Je ne vois pas pourquoi il a porté le choix sur moi. Parce que je lui ai demandé s’il n’y avait pas de casting, il m’a répondu, non. Je pense que tu peux jouer dans ce film.

Kulture Kibaré : Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face pour un premier essai ?

Jacky El Feno : Les difficultés j’en ai rencontrées. Je t’assure qu’après le deuxième jour de tournage, j’étais obligé de lui dire que je ne pourrais pas continuer. Parce que, c’était très difficile, il fallait consacrer beaucoup de temps. Ce qui me faisait encore plus chier entre griffe, ce sont les répétitions. Alors, la même phrase qu’on te demande de la répéter une dizaine de fois. Je me demande qu’est-ce qu’il cherche ? Souvent, je suis obligé de lui dire, mais attend c’est bon ? Il me dit non, ce n’est pas bon.  Je dis, bein, on n’a pas que ça à faire dans la journée. Il me dit c’est comme ça. Tant que lui, il n’a pas ce qu’il veut, on ne peut pas passer à une autre séquence. Deuxième jour, je lui ai dit que je ne pense pas pouvoir être en mesure de continuer. Il a essayé de me motiver en me disant que c’est comme ça le cinéma. C’est vrai que je découvre mais ça me fait déjà chier. Je ne peux plus rien faire. Après mon travail, je suis à lui toute la nuit et je finis autour de 21 heures ou 22 heures. A la limite même, je suis obligé de partir à 5 ou 10 minutes pour rejoindre l’antenne parce que je dois travailler aussi. Donc, c’était compliqué. Entre temps, je lui ai fait comprendre que mon travail passe avant et ça c’est une aventure que je ne connais pas. Mon travail, c’est pour ça qu’on me paye et c’est pour ça je mets ça en avant. Si tu ne peux pas t’adapter à mon programme, ça va être compliqué. Il y a des séquences qu’il faut tourner aux heures où je suis d’antenne, parce que je ne suis pas le seul acteur. Tout ça, c’était très compliqué. Je te jure que c’est ça qui a été véritablement le seul problème majeur que j’ai rencontré.

Kulture Kibaré : Quel était donc le compromis ?

Jacky El Feno : Finalement, il a essayé de me comprendre. Il m’a dit de faire des efforts également et le comprendre. Parce qu’il s’est donné une date pour la sortie du film. Quand j’ai regardé tout ça, je me suis dit bon, on fait des sacrifices. Je dis, allons-y, c’est une première expérience pour moi, j’apprends. C’est vrai que j’entends parler de ce milieu et c’’était ma première fois d’être sur un plateau de tournage. Je découvre les choses. Aujourd’hui, je regarde les films avec un autre œil. Je ne le regarde pas comme le cinéphile d’avant. Je le regarde aujourd’hui en tant qu’acteur.

 

Kulture Kibaré : Vous êtes un animateur et présentateur célèbre du show-biz. Vous faites l’objet de sollicitation auprès des promoteurs mais aussi de la gent féminine. Ce rôle incarné est-il le miroir de la vie de Jacky El Feno?

Jacky El Feno : Non non, loin de là, ça n’a rien à avoir. La preuve est que les débuts n’ont pas été faciles. Ce n’est pas dans mes habitudes de parler à des inconnus. Dans ce film, je suis appelé à parler à des inconnus, la gent féminine. Je les approche, je suis en train de les draguer en déroulant mon lexique de tombeur de dame, de Don juan. Ah, ce n’était pas facile. Ça n’a rien à avoir avec Jacky El Feno. Mais par moment, il y a des séquences où je me suis retrouvé. L’homme ferme, qui ne se laisse pas manipuler. Il y a donc eu des moments où je me suis senti Jacky. Néanmoins, c’était bien. Ça m’a permis de m’entraîner en technique de drague (rire).

Kulture Kibaré : Qu’attendez-vous de ce projet ?

Jacky El Feno : Honnêtement, je me suis lancé dans ce projet avec MCZ pour d’abord apprendre, satisfaire ma curiosité du monde du cinéma et puis aussi découvrir en moi, ce talent qui était tapi. J’ose le dire, talent, avec beaucoup de modestie en attendant que les cinéphiles puissent être les seuls juges à apprécier ce qui a été fait.

Kulture Kibaré : Que retenez-vous de cette aventure ?

Jacky El Feno : Belle expérience, que je compte revivre, inshallah si l’occasion se présente. Je me plais bien déjà. J’ai eu l’occasion de rencontrer des gens que tu ne connaissais pas, il y a eu de la convivialité et de la fraternité, il y a eu de l’ambiance sur le plateau. Il y a eu des moments où on s’est accroché mais bon, c’est ça qui fait la beauté de la vie. Ce qu’il faut retenir de positif, c’est que j’ai découvert un autre monde. Cette nouvelle expérience va peut-être m’ouvrir d’autres portes. Aussi, ça m’a permis de regarder le monde autrement.

Kulture Kibaré : Avec du recul maintenant et loin de l’œil du profane, quelle note Jacky attribue-t-il à ce film ?

Jacky El Feno : Je pense que si je devrais noter ce film qui est en train d’être bouclé, il sera en séance première du 13 au 16 février 2020 au Ciné Burkina, c’est la note de 14/20. En ce sens que le film dans son fond, nous enseigne sur cette pratique de la drague dans laquelle beaucoup de jeunes se retrouvent aujourd’hui mais qui ignorent les conséquences que l’on peut subir. Parce que la fin du film nous enseigne  la bonne tenue des hommes dans leur foyer, l’ingratitude d’un homme qui a été nettoyé à partir de rien et qui se sent aujourd’hui, que les personnes qui étaient à la base de sa réussite ne comptent plus. Il faut aller vers d’autres horizons. Et la fin n’est pas du tout bien. La réserve concernant ma note, c’est parce que je ne suis pas un professionnel. Je préfère être dans la moyenne pour ne pas plus tard me faire fusiller par qui que ce soit. Si je lui donne 14, c’est parce que je pense qu’il peut faire mieux.

Propos recueillis par Malick SAAGA

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