Photojournalisme au Burkina: Un métier condamné à disparaitre?

Photojournalisme au Burkina: Un métier condamné à disparaitre?

Acteurs incontournables dans le milieu de la presse écrite burkinabè, les photographes burkinabè doivent bien, malgré eux, se résoudre à l’évidence.  Les mutations technologiques, notamment l’avènement des téléphones portables et des smartphones (utilisés de plus en plus par les journalistes lors de leurs reportages) menacent sérieusement leur profession, du moins dans sa forme actuelle.

Deux approches de la photographie

Il existe, en effet, deux approches de la photographie. La photographie réaliste qui regroupe de nombreux thèmes comme le photojournalisme, le paparazzisme, la photo naturaliste. Dans cette approche, le photographe rend compte d’une scène ou d’une situation sans artifice. La seconde approche est celle dite artistique. Celle-ci se veut une représentation imaginaire du monde réel. Dans cette approche, le photographe se sert de la réalité pour décrire ses émotions, ses sentiments, sa vision du monde et de la vie. Il est clair que la plupart des photographes exerçant dans les médias publics et privés au Burkina s’inscrivent plutôt dans la première définition de la photographie.

Les NTIC ont tout chamboulé

Aujourd’hui, se pose cependant avec acuité l’avenir de ce métier avec l’apparition, depuis quelques années, des nouvelles technologies et l’apparition du numérique. Ces changements, comme on peut le constater, dans la pratique actuelle du journalisme made in Burkina Faso, ont redéfini les pratiques de la profession. Faut-il interdire aux hommes et femmes de médias burkinabè de faire usage de leurs téléphones portables? Cette perspective étant difficilement envisageable, il serait peut-être temps que les acteurs concernés commencent à songer à une reconversion.

Quelle piste à explorer dans cette nouvelle donne ?

Le journalisme étant un métier nécessitant au préalable une formation, il serait plus judicieux, de notre humble avis, d’explorer piste de la photographie artistique. Un changement d’optique, comme on le dit couramment en photographie, est plus que jamais indispensable.  Il est donc temps que les différentes structures de photographes (Association des photojournalistes du Burkina, Association Pixel24, etc.), et les photographes non affiliés du pays des hommes intègres s’inspirent de l’exemple du collectif Génération Elili (figer l’image, en lingala) au Congo-Brazzaville.

Formaliser ce secteur naissant

Composée d’une dizaine de membres, cette structure dispose de sa propre galerie photos, où elle organise régulièrement des expositions, notamment thématiques (adolescence, changement climatique, etc.). Grâce à la vente de photos à des particuliers, à des organisations ou à la presse, elle est parvenue à asseoir son assise financière, et paie un salaire régulier à ses membres. Nos photographes doivent en prendre de la graine. Des jeunes artistes photographes burkinabè comme Yacouba Ouattara, Mamadou Batoé et Aboubacar Fié Traoré s’illustrent déjà positivement. Cela a été le cas lors de la 3e édition de la Semaine d’exposition photographique qui s’est tenue du 19 au 28 décembre 2019 à Bobo-Dioulasso. Leurs photographies qui s’articulaient autour de trois thèmes (« Les enfants en situation difficile », « L’incivisme dans la circulation routière », « La divagation des animaux ») ont émerveillé plus d’un visiteur. Il reste à structurer ou formaliser le secteur naissant de la photographie artistique au Burkina, à l’image du modèle congolais. Yacouba Ouattara et ses camarades ont des devanciers en matière de photographie artistique, en l’occurrence le photographe freelance, Warren Saré, et par ailleurs directeur du Centre photographique de Ouagadougou (CPO), et le célèbre Ben Idriss Zoungrana dit Big-Z.  L’exposition photographique « La dernière carte » (présentant une série de portraits et d’images d’anciens combattants) pour le premier à l’Institut français de Ouagadougou, en 2014, et la mémorable exposition photos à l’occasion de ses 40 ans de service, en 2013, pour le second, sont encore vivaces dans les esprits. Tout en partageant en commun une renommée qui a franchi les frontières du Burkina  Faso, ces deux « monuments » de la photographie burkinabè sont relativement à l’abri du besoin. Ainsi, au-delà de la réussite personnelle de ses acteurs, la photographie d’exposition, est et sera, comme l’a relevé, le directeur général de la Maison de la Culture Anselme-Titianma-Sanon, Etienne Lompo, pourvoyeuse d’emploi et favorable à l’économie culturelle et artistique du pays des Hommes intègres.

La Rédaction

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