Reinecy, artiste-chanteuse burkinabè : « J’ai déjà été victime de harcèlement sexuel »

Reinecy, artiste-chanteuse burkinabè : « J’ai déjà été victime de harcèlement sexuel »

Reine Téné Coulibaly à l’état civil, de son sobriquet Reinecy est une jeune artiste-chanteuse interprète burkinabè. Née à Fara, dans les Balé, la petite sénoufo a, au cours de sa jeune carrière, mis sur le marché son premier album intitulé « Rendez-vous au sommet » en 2017 en enregistrant en Côte d’Ivoire dans le « Studio Olympa Records ». Elle fait dans le genre musical « afro-coupé », dit-elle. Pour mieux s’incruster dans le rouage du showbiz burkinabè, elle a dans son approche, souhaité une interview avec l’équipe de Kulture Kibaré, le 06 novembre 2019 à Ouagdougou pour avoir un peu plus de visibilité. Lisez ses confidences truffées d’embûches, de harcèlement et de combativité.

 

Kulture Kibaré : Comment est née cette passion de faire de la musique ?

Reinecy : Cette passion, je la dois à mes grands-parents qui aimaient et pratiquaient la musique. Ma grand-mère était commerçante et chantre dans les cérémonies joyeuses, elle m’amenait partout lors de ses activités et c’est là que j’ai appris à chanter.

K.K : Quelles sont vos réalisations discographiques ?

Reinecy : Avant de rentrer dans la musique, j’étais membre d’une chorale à l’église avec un groupe musical. Ce groupe a même remporté le premier prix d’une compétition à l’époque. Après cette aventure j’ai décidé en 2017 de rentrer au studio en Côte d’Ivoire avec les économies de mon commerce. Avec bien sûr les encouragements de mon entourage, j’ai pu enregistrer deux titres « Wenam na lookido » et « Je suis fatiguée ».

K.K : Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez eu à faire face ?

Reinecy : Au début ce n’était pas aisé car je n’avais pas de connaissance dans le milieu du showbiz. J’ai bataillé bec et ongle pour me faire des relations. C’est la difficulté majeure car d’autres profitent de la situation pour me faire des propositions indécentes.

Reinecy s’essaie aussi au live

K.K : Avez-vous déjà été victime de harcèlement dans le milieu ?

Reinecy : Oui j’ai déjà été victime de harcèlement sexuel, puisque d’autres profitent de leur service pour te faire des propositions inappropriées. Tu peux considérer quelqu’un comme un frère en qui tu as confiance et tout à coup il aborde des sujets qui sortent du cadre professionnel.

K.K : Est-ce que ce sont des personnes connues du showbiz ?

Reinecy : Evidemment, elles sont connues et elles ne se gênent pas lorsqu’il s’agit de sexe. Malheureusement je ne pourrais donner de nom parce que je suis toujours dans le milieu du showbiz. J’ai le devoir alors de garder secret le nom de ces derniers.

Pendant l’interview

K.K : Quel est votre style musical ?

Reinecy : Je fais de l’afro-coupé, j’ai choisi ce style car j’ai fait le constat qu’au Burkina Faso et même ailleurs, il n’est pas fréquent de voir des filles choisir ce style.

K.K : C’est quoi l’afro-coupé ?

Reinecy : C’est un mélange du coupé-décalé et de l’afrobeat c’est-à-dire le son est mi coupé décalé, mi afrobeat.

K.K : Quel est le message que vous véhiculé dans vos titres ?

Reinecy : Je sensibilise, je conseil, j’encourage dans mes chansons. Ces titres sont plein de messages. J’invite le public à faire la découverte.

K.K : Qui a produit votre premier album ? Qui a supporté toutes les charges ?

Reinecy : Je suis moi-même la productrice de cet album « Rendez-vous au sommet ». Je l’ai auto-financé à hauteur de 500 000 FCFA environ. Cette somme était destinée à mon commerce et je l’ai détournée et misée dans ma production.

K.K : Si vous avez la chance d’avoir une maison de disque européenne qui vous demande des scènes osées pour vous produire êtes-vous prête à accepter ?

Reinecy : Ce sera difficile pour moi car j’aime et je respecte mes mœurs. Je tiens également à ma dignité. Par conséquent je ne suis pas prête pour cette aventure, si c’est la condition de la production je crois que c’est perdu d’avance.

K.K : Avez-vous d’autres occupations à part la musique ?

Reinecy : Oui, je fais de l’import-export de la peau d’animaux du Burkina vers la Côte d’Ivoire. Je faisais également le commerce de mèches, de pagnes que j’ai délaissés parce que je bouge beaucoup.

K.K : Qu’attendez-vous de ce premier album sur le marché ?

Reinecy : J’espère que les fanatiques adopteront mon album et j’espère aussi un soutien de leur part. Je les invite à écouter mon message.

K.K : Quel est le message avez-vous à l’endroit des acteurs du showbiz ?

Reinecy : A ces acteurs honnêtes et sincères, qui croient aux jeunes talents sans pour autant mettre en avant leur intérêt égoïste je leur dis merci, merci d’avoir cru en moi et de m’avoir soutenue.

K.K : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Reinecy : Je projette de faire des featuring avec des artistes comme Yemi Alade si tout va bien dans le but de promouvoir encore plus la musique burkinabè.

Interview réalisée par Honorine A. OUEDRAOGO (Stagiaire)

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