Mannequinat : Les Burkinabè ont encore du chemin
Après l’Europe, l’Amérique et l’Asie, l’Afrique, de l’avis de nombreux spécialistes de la mode, est la nouvelle plaque tournante du mannequinat. De plus, les mannequins, selon la revue de mode The Fashion Spot, 25,4% des mannequins engagés pour les défilés dans les capitales européennes, étaient issus de l’Afrique subsaharienne et de sa diaspora. Et à l’instar de Yaoundé, Johannesburg, Accra, Abidjan, Lagos, Nairobi, Dakar, Ouagadougou abrite, certes rarement, mais aussi des rendez-vous de la mode.
Le mannequinat, point n’est donc besoin de le démontrer davantage, est un métier en plein boom aux quatre coins de la planète. Malheureusement, en raison de la pagaille structurelle, et de l’amateurisme de certaines agences de communication et de mannequinat, les mannequins burkinabè, dans leur grande majorité, peinent à vivre de leur art ou à en faire un métier digne de ce nom. Comment s’en sortir quand des mannequins se voient remettre comme cachets 10 000 F CFA ou 20 000 CFA par créateur ou styliste de mode ? Des sommes dérisoires, quand on sait que dans la sous-région, cette somme est multipliée par 10 pour la même prestation.
Dans le pire des cas, et cela est monnaie courante, ces jeunes hommes et filles ne peuvent compter que sur des promesses de lancement d’une hypothétique carrière dans le mannequinat. Fort heureusement, la plupart des mannequins burkinabè n’ont que leur courage et leur amour de la profession pour les maintenir encore dans le milieu. Las de goûter aux fruits de leurs efforts, certains d’entre eux sont obligés de tout abandonner, tandis que d’autres n’ont d’autres choix que d’avoir un second gagne-pain, et ce avec tous les risques que cela comporte (prise de poids, entretien corporel médiocre, etc.). Or, le mannequin à l’image du sportif professionnel doit se soumettre à un régime alimentaire rigoureux et strict pour garder la ligne. Et un tel choix de vie nécessite d’importants moyens. Nos mannequins répondent-ils à tous ces critères ? La réponse est assurément non. Du moins pour la majorité d’entre eux. Une chose est certaine Il y a un avenir dans le mannequinat au Burkina Faso. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute, notamment au regard du nombre important de créateurs de mode. Mais, il y a une nécessité d’assainir et de structurer le secteur. Et c’est ici que doit intervenir le ministère de tutelle. Le département doit ouvrir l’œil, et le bon sur toutes ces prétendues boîtes de communication et de mannequinat. Elles doivent montrer patte blanche avant d’exercer.
Quant aux créateurs de mode, ils doivent nécessairement revoir leur copie, et tendre davantage vers plus de professionnalisme, du moins au pays des Hommes intègres. Ils le savent eux-mêmes, le désordre constaté ici n’est pas possible, encore moins acceptable sous d’autres cieux. Les cachets doivent donc être sensiblement revus à la hausse.
Par ailleurs, pour un meilleur encadrement ou formation des mannequins, il revient à l’autorité de tutelle, et le gouvernement en général d’envisager la création d’une Ecole de mannequinat à vocation régionale et même internationale. Car, le mannequinat, contrairement à certaines idées reçues, est aussi un secteur pourvoyeur d’emplois.
La Rédaction
Triste réalité