Extrémisme violent au Burkina Faso : La culture, un puissant antidote de prévention et de lutte

Extrémisme violent au Burkina Faso : La culture, un puissant antidote de prévention et de lutte

Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT) en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a organisé dans la matinée du 26 septembre 2019, à Banfora une conférence inaugurale sur l’extrémisme violent et les valeurs de référence. Les intervenants ont à l’unanimité, prôné le vivre ensemble sur fond d’éléments identitaires, comme un puissant antidote contre la terreur et la violence qui entravent le développement du Burkina Faso.

Face aux recrudescences des attaques terroristes et autres violences que subissent les populations, quel rôle peut bien jouer la culture ? Les valeurs culturelles peuvent-elles désamorcer la bombe irascible sur  l’extrémisme violent ? Si oui, comment cela peut-il être possible ? C’est une préoccupation de l’Etat burkinabè.  Pour ce faire, il a initié un colloque national sur l’extrémisme violent et la promotion de la cohésion sociale. Il a alors été envisagé, de tourner dans les 13 régions du Burkina Faso pour diffuser les résultats sur ledit colloque. Prôner le vivre ensemble sur des valeurs de référence culturelle, tel est donc le nouveau défi qui s’impose.

La population de Banfora était attentive aux messages

Dans les Cascades pour sensibiliser

Après les Hauts-Bassins, c’est à la région des Cascades d’accueillir le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim Sango et ses collaborateurs pour des échanges-sensibilisations avec les populations. Celui-ci a d’emblée rappelé que « la culture  a non seulement un potentiel énorme du point de vue symbolique mais aussi elle dispose d’un fort potentiel économique ». C’est fort de cela que le département, en saisissant le taureau par les cornes, entend sensibiliser les Burkinabè pour mieux éradiquer toutes les formes d’extrémisme violent.

Devant les autorités coutumières, religieuses, administratives et autres leaders des Cascades, trois communicants ont tous encensé le vivre ensemble au Burkina Faso.

Intériorisation des valeurs de références  

Le conseiller technique du ministre de la Culture, Dramane Konaté a évoqué l’esprit et la lettre de cette initiative soutenue par le PNUD et qui vise à la restitution des résultats issus des échanges à Dori. Il part des fondements du vivre ensemble pour les faire adopter aux individus. Une fois intériorisé ses propres valeurs, il va alors de soi qu’une harmonie s’installe dans la société. Identifier donc les acteurs clés (Etat, communauté, famille, individu, presse, etc.), leur éduquer à préserver l’esprit et les valeurs identitaires s’avère essentiel.

Dans son intervention, l’Abbé Jean Baptiste Traoré a orienté son exposé sur les valeurs universelles du vivre ensemble en général et celles du Burkina Faso en particulier. « Nous sommes tous des apprentis de la vie. Nous avons tous besoin de nous conformer à la vie. Et on vit désormais dans une société multi culturelle, multi religieuse, multi ethnique  et toujours en perpétuelle mutation », a indiqué le serviteur du Dieu. Selon ses explications, les conflits, s’ils sont bien affrontés, toute la société y gagne. A l’opposé les conséquences peuvent être lourdes, dit-il. En prenant l’exemple sur le comportement des Sénoufo, Abbé Traoré a laissé entendre que les « conflits sont affrontés par les sages. Ceux-ci commencent par demander à tous les protagonistes, patience et tolérance. Ensuite, ils procèdent à l’examen du conflit en quatre étapes. La première est un rappel historique. Deuxièmement le rappel des liens d’amitié. Troisième étape, le rappel des liens matrimoniaux. Et enfin les puissants liens de parenté. C’est de cette façon qu’on fait fonctionner de façon harmonieuse la société ».

Le ministre de la Culture (milieu) et ses collaborateurs sensibilisent

Le ministre Abdoul Karim Sango, en s’inscrivant dans le même ordre d’idées de l’Abbé Traoré a indiqué que le rôle de l’individu et du groupe social est très important. « Nul n’est suffisamment inférieur au point de pouvoir contribuer efficacement à la construction d’une société où le vivre ensemble est harmonieux », a-t-il affirmé.

Les populations se sont exprimées  

A écouter avec intérêt les différentes interventions, les représentants de chaque composante de la société ont les uns, souligné la place de l’éducation dans cet élan de sensibilisation. Les autres ont trouvé utile de faire recours aux sources pour mieux être efficace.

Les préoccupations des participants

Aboubacar Ben Idriss Bamba est le président des clubs universitaires de la région des Cascades. Il a recommandé à la délégation la construction d’un musée à Banfora, afin de permettre « nous jeunes qui n’avons rien appris, qui ne connaissons pas notre culture dans le vrai sens du terme, que nos petit-frères au moins ne soient pas dans la même erreur que nous. A travers un musée, nous pouvons rectifier le tir ». Il a renchéri en soulignant que « les gens écoutent mais ne retiennent pas. Mais lorsqu’on voit on écoute plus ».

La rencontre s’est refermée au bout de trois heures d’échanges directs marquant une seule prestation musicale. Le ministre de la Culture avant de prendre congé de l’assemblée, a donné rendez-vous, dans la soirée pour la nuit culturelle, à la salle de la Sainte-Thérèse de Banfora. Une pléiade d’artistes est attendue dont l’artiste-chanteuse Nourat.

Malick Saga SAWADOGO    

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