Floraison des festivals au Burkina Faso : Mettre vite fin au désordre organisé
Pays culturel, par excellence, le Burkina Faso abrite, outre le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), des festivals à la pelle et touchant divers domaines. Vu sous un angle différent, cela est le signe patent du dynamisme de notre secteur culturel avec en toile de fond un environnement favorable à ce type d’initiatives, notamment la libre entreprise. C’est aussi, l’on pourrait le dire, la preuve que les burkinabè, et les acteurs culturels, en particulier ne manquent pas d’imagination et rivalisent d’ardeur et de créativité.
Malheureusement, c’est aussi la marque d’une quasi inexistence ou absence de régulation entourant la création d’un festival au pays des Hommes intègres.
Sinon, comment expliquer que des festivals poussent comme des champignons au Burkina ? Trop de viande ne gâtent pas la sauce, a-t-on coutume d’entendre. Mais, en politique (où l’on assiste au même phénomène) et en culture, pour ce qui nous concerne, la floraison de manifestations apporte-elle en réalité de la saveur ou plus exactement une quelconque plus-value ?
Qu’à cela ne tienne, le constat sur le terrain ne souffre d’aucune ambiguïté. La liste des manifestations culturelles et autres « Nuits de… » est assez édifiante (https://www.consulatburkinaparis.org/les-festivals-au-burkina-faso). Si certains festivals ont pu résister, contre vents et marées, d’autres, les plus nombreux, ont littéralement cessé d’exister ! Où sont passés, pour ne citer qu’eux, le festival Kigba, le festival des lycéens et collégiens, le festival des arts culinaires et vestimentaires, le festival watinoma Lune du Sahel ? La liste des festivals disparus ou agonisants pourraient s’étendre à l’infini.
Face à ce tableau peu glorieux, que doit-on retenir, comme nous l’avons relevé plus haut, en termes de contribution ? Rien !!! Pire, la plupart des promoteurs semblent ne pas tenir cas de ce facteur important.
Mus par des objectifs inavoués ou confus, ils sont, à l’observation des faits, guidés par le seul désir de se remplir les poches de l’argent des partenaires ou de faire comme l’autre. Peu d’entre eux sont, pour sûr, incapables à la demande de présenter les Missions, Visions, Valeurs et Objectifs de leur festival. De ce qui précède, l’on est en droit de se demander, faut-il légalement encadrer ou restreindre la création de festivals ? Cela relève du domaine du possible. Mais est-ce véritablement la panacée ? Un simple coup d’œil dans notre landerneau politique nous convainc de manière incontestable plutôt du contraire.
L’accent, de notre humble avis, doit être mis donc sur la pertinence des Missions, Visions, Valeurs et Objectifs du festival en voie de création. Cette démarche doit être accompagnée par des lois et soutenue par une action doublée d’une volonté politique des autorités en charge de l’administration territoriale et de la culture.
En un mot comme en mille, il est temps de donner un coup de pied dans la fourmilière. Dans le cas contraire, poursuivre la politique de l’autruche reviendrait à répondre ou pas à cette lancinante question : « Les partenaires et le ministère de la culture pourront-ils indéfiniment voir leurs maigres ressources gaspillées, dispersées, ou émiettées au fur et à mesure que se créent les festivals ? ». Point n’est besoin de le dire, le temps est venu de mettre de l’ordre à ce niveau. C’est-à-dire « tuer dès l’œuf, les festivals embryonnaires fantaisistes », et permettre aux plus sérieux de naître et de croitre afin de contribuer de manière efficiente au développement de la culture burkinabè.
La Rédaction
Pour moi cette multitude de festivals est dû au fait que le Ministère de la culture n’a pas un œil lointain sur l’objectif visé de ce festival mais peut être c’est souvent donner à leur localité une vue nationale.
Même moi qui suis en train de parler j’ai un festival que compte mettre en place à Kaya mon objectif c’est de soutenir la culture dans ma ville et promouvoir les artistes locaux de la région.
Nous sommes en démocratie avec la liberté d’expression proclamée haut et fort. Tout ce que les autorités peuvent faire, c’est de canaliser – et là encore sans perturber le génie créateur des initiateurs- les différents festivals en insistant sur la nécessité de dégager un minimum de lignes directrices d’un festival (définition et spécificité dans l’enrichissement culturel national, objectif, périodicité, ressources humaines, financières et matériellesnécessaires, localisation, partenariat,etc.). Les initiateurs pourraient être regroupés afin de dégager, ensemble, des critères consensuels permettant de caractériser leur secteur. Cela aiderait les autorités à mieux les aider plutôt que de procéder, comme c’et le cas, à un saupoudrage des maigres subventions selon les accointances politico-amicales de leurs promoteurs et des leaders administratifs et politiques.