12 PCA : Une cérémonie sans fond et sans âme en perte exponentielle de crédit

Les 12 Personnalités culturelles de l’année (12 PCA), sont une cérémonie de récompense des acteurs culturels qui se sont illustrés au cours de l’année écoulée, à en croire le principal initiateur, Hervé Honla.

La 9^e édition a connu son épilogue, le vendredi 29 janvier 2021 à Ouagadougou. Des personnes dites « personnalités culturelles », ont été identifiées et célébrées. Les 12 principales catégories étaient : le spectacle de l’année, le manager d’artiste de l’année, le livre de l’année, le mannequin de l’année, l’acteur de cinéma de l’année, l’artiste-musicien de l’année, le maître de cérémonie de l’année, l’artiste-peintre de l’année, le festival de l’année, l’animateur radio de l’année, le featuring de l’année et enfin l’arrangeur de musique de l’année. Ce sont donc les 12 composantes où les patriciens, jugés personnalités culturelles, ont été primés sans les palmarès respectifs de leurs exploits, ni avant ni pendant la cérémonie.

De prime abord, il faut saluer l’effort du promoteur qui, tente à sa manière, de promouvoir la culture burkinabè. Mais, relevons-le tout de suite, les 12 PCA n’ont pas suffisamment fait l’objet d’une réflexion mûre et aboutie depuis la genèse, au regard des balbutiements.

Des nominations sans critères

Chaque année, l’évènement de Hervé Honla ne cesse de faire des émules. Non pas, parce qu’il suscite un quelconque intérêt mais simplement, parce qu’il crée davantage des frustrations, tendant même à diviser les acteurs d’une même filière. Oui, le miel attire les mouches, la pourriture aussi.

Les différentes nominations dans les catégories identifiées par le promoteur ne répondent à aucun critère. Il n’y a ni aucune dimension, ni aucun indicateur, ni aucun indice mesurable d’évaluation des acteurs à nominer. La sélection, devons-nous tirer vite l’évidence, se repose sur une subjectivité absolue du concepteur des 12 PCA. C’est pourquoi les amalgames persistent au fil des années, fragilisant ainsi le tissu culturel. Cet évènement crée des problèmes plus qu’il ne trouve de solutions au monde culturel.

Le discrédit du promoteur des 12 PCA va en crescendo

Bon nombre de personnes ont déjà jeté l’opprobre sur le personnage, Hervé Honla. Acteur culturel controversé pour ses prises de positions parfois injustifiées sur Facebook, il a, année après année spolié son propre écosystème, à travers ses frustrations, ses pamphlets et autres guéguerres. L’homme qui se fait appeler « le chat » est à la fois « journaliste culturel », communicant d’artiste, promoteur d’évènement, etc. Comment peut-on légitimer sa crédibilité quand il cherche à pondre des critiques objectives avec ses multiples casquettes ? Sa position de journaliste critique et communicant asservi, est de plus en plus entachée de clichés. Parce que Hervé Honla devient d’office juge et partie comme certains membres dans l’organisation des Kundé.

La subjectivité des 12 catégories de récompense, le manque de transparence et d’objectivité des critères de nomination, le discrédit du promoteur, constituent de véritables freins aux 12 PCA.

Il faut également relever, l’absence d’une équipe compétente, avertie et qualifiée pour apprécier minutieusement les expressions culturelles, artistiques, littéraires et touristiques au cours d’une année donnée. Pensez-vous qu’un agent d’artiste en quête de repère culturel dispose-t-il des aptitudes intelligentes pour conduire un observatoire sérieux d’appréciation ? Un agent amateur d’artiste était pourtant le soit-disant président du jury des 12 PCA 2021. Après le récent épisode truffé d’incohérences nocives dans la désignation des lauréats, chacun pourra donc en juger.

En plus du choix des lauréats dont l’unanimité fait chaque année débat, et dont les contours de sélection restent à ce jour très flous, voire obscurs, les 12 PCA, à l’instar des cérémonies du même plumage, semblent patauger dans les eaux troubles  de l’immaturité, du copinage, de la concussion, et nous en passons.

Redorer vite le blason des 12 PCA s’impose

Il est impératif pour le promoteur Hervé Honla de redorer vite le blason de sa personne mais aussi de son évènement. Car, une chose est certaine, les 12 PCA et autres cérémonies du même acabit souffrent par leur manque de crédibilité aux yeux de l’opinion nationale et de bon nombre d’acteurs culturels, pour qui, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une parodie de cérémonie de récompense. Et si l’on n’y prend garde, des acteurs culturels refuseront un jour que leurs images ou leurs noms soient associés aux 12 PCA. Autrement dit, certains empêcheront qu’on les nomine au risque de trainer leur notoriété dans la boue.

Pour que les 12 PCA survivent  

A quoi sert un trophée 12 PCA ? A l’instar du promoteur des Kundé, les commissaires généraux des cérémonies suscitées nous rétorqueront que leur manifestation n’a pas vocation à promouvoir les artistes. Ce qui, à l’analyse est une aberration, un non-sens grave ! Comment vendre un appareil électronique ou un véhicule sans garantie ou service après-vente (SAV) ?  Quelle est la plus-value d’un trophée 12 PCA, par exemple, dans la carrière de son récipiendaire ? C’est la réponse à cette question qui permettra au promoteur de ce prix, et d’ailleurs à ses « homologues » de rassurer les Burkinabè et le monde culturel en particulier sur la crédibilité de leur « business » ou « gombo gluant ».

Pour ne pas tourner en rond ou faire du surplace comme les 12 PCA, nous exhorterons, en ce qui nous concerne, tout simplement les partenaires, les mécènes et le ministère en charge de la culture à bien réfléchir quant à leurs images associées, à l’avenir.

Des critères rigoureux avec des indicateurs mesurables sans complaisance, un processus de sélection clair dénué de toute subjectivité et un jury dont la crédibilité, la compétence et la probité ne souffrent d’aucune contestation doivent être exigés avant tout accompagnement de quelque nature que ce soit.

Passer outre ces exigences reviendrait à  cautionner ou à se faire le complice de ces simulacres de cérémonies de récompense.

La Rédaction