Ecole supérieure de théâtre Jean-Pierre Guingané : 14 jeunes comédiens prêts pour la scène

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En vue de contribuer à la formation et de promouvoir la recherche dans les arts vivants, rappelle d’emblée le directeur pédagogique, Dr Hamadou Mandé, le Centre de formation et de recherche en arts vivants (CFRAV), créé en 2003 par le Pr Jean-Pierre Guingané va poursuivre l’engagement et la vision de l’Union des ensembles dramatiques de Ouagadougou (UNEDO). Il se veut un cadre qui œuvre  à développer les talents des artistes professionnels et à dynamiser surtout le secteur théâtral à travers des ateliers intensifs. Il faudra attendre en 2008 pour constater une innovation majeure du CFRAV.  L’Ecole supérieure de théâtre (EST) est créée et se donne pour mission de dispenser des cours repartis sur toute l’année, avec un cursus diplômant de 3 ans, à partir de 2009.

En 2011, à la mort du père fondateur, Jean-Pierre Guingané, son fils et ses collaborateurs rebaptisent l’Ecole supérieure de théâtre (EST) en Ecole supérieure de théâtre Jean-Pierre Guingané (EST-JPG) en hommage au défunt. Deux unités d’enseignement sont désormais possibles à savoir l’unité d’enseignement supérieur qui recrute à partir du baccalauréat et l’unité d’enseignement secondaire pour le niveau inférieur au baccalauréat. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2022/07/22/ecole-superieure-de-theatre-jean-pierre-guingane-journee-porte-ouverte-de-la-6e-promotion/

Entre 2008 et 2024, ce sont six (6) promotions d’étudiants de l’EST-JPG du CFRAV qui ont défilé, à chaque fin de cursus devant des autorités administratives, parents, amis, collègues et autres invités pour le même rituel : restitution artistique et remise de diplômes.

Cette 6^e promotion n’a pas dérogé à la règle. La cuvée 2021-2024, composée de 14 étudiants venus du Burkina Faso, de la Guinée Conakry et du Burundi a eu toute la latitude d’apprendre en théâtre et d’autres arts assimilés. « La formation professionnelle en théâtre est essentielle pour transformer un talent brut à un savoir-faire maîtrisé. Elle offre aux apprenants une compréhension approfondie des techniques de jeu, de la mise ne scène et des divers aspects de la production théâtrale. En plus d’affiner les compétences artistiques, la formation permet de développer une discipline et de rigueur, une capacité d’analyse critique indispensable à la pratique du métier. Grâce à une approche théorique et pratique, les étudiants sont mieux préparés à répondre aux exigences du marché, à innover et à contribuer au rayonnement du théâtre dans leurs communautés », a expliqué le directeur administratif de l’EST-JPG, Kira Claude Guingané. Il laisse également entendre que cette récente promotion porte en elle, l’espoir et le dynamisme d’une génération déterminée à faire rayonner le théâtre burkinabè et africain. « Soyons à leur côté pour les encourager et les soutenir dans cette nouvelle étape de leur parcours. Chers diplômés, en ce jour de célébration, je vous invite à être audacieux, à croire en vos rêves et à ne jamais cesser d’apprendre et de créer. Le monde a besoin de vos joies, de vos idées, de votre énergie. Je vous souhaite un avenir brillant et une carrière riche en succès », a-t-il renchéri.

Le porte-parole de la 6^e promotion, Issouf Minoungou a, au nom de ses camarades, exprimé toute sa reconnaissance à l’endroit de l’administration, du corps enseignants, des parents… A l’en croire, les trois années de formation n’ont pas été simples, car il y a eu parfois des moments d’hésitation et de doute. « On se demandait, les gars, est-ce que vous êtes sûrs qu’on a fait le bon choix ?  Est-ce que vous êtes sûrs qu’on est ici à notre place ? Mais avec les encouragements de tous et la solidarité du groupe, nous sommes arrivés au bout d’un parcours », a-t-il confié. Après le certificat de fin de formation en poche, une autre inquiétude demeure, dit-il. Il s’agit de la carrière professionnelle à développer. « Au côté de cette grande joie, nous avons aussi des peurs. Une peur quotidienne qui nous habite. On se demande, au-delà de l’école, à notre sortie, qu’est-ce qu’on va devenir ? Est-ce qu’on pourra développer notre carrière ? Il y a beaucoup d’interrogations qui cognent dans nos têtes. On garde l’espoir et on se dit que si on a pu tenir ces trois ans sans mourir, c’est qu’on pourra faire des grandes choses », s’est-il montré optimiste.

Pour cette fin d’un cursus diplômant en arts vivants, quoi de plus normal qu’une pièce théâtrale pour restituer les rudiments, outils et techniques acquis au cours des trois ans ? Tous les 14 jeunes diplômés ont alors joué le spectacle « La musaraigne », écrit par Jean-Pierre Guingané et mis en scène par Aristide Tarnagda. C’est une pièce qui dépeint la tyrannie d’un chef très assoiffé du pouvoir qui décide de sceller un pacte de sang pour préserver son fauteuil. Malgré pouvoir, son oppression, ses violences, ses injustices, son droit de vie ou de mort sur ses concitoyens, il finira par être renversé par son peuple révolté, uni et déterminé. A découvrir le jeu des étudiants de l’EST-JPG du CFRAV, il ne serait pas exagéré d’affirmer qu’ils sont prédestinés à une belle carrière s’ils maintiennent toujours cette rigueur et cette discipline dans le métier.

Ram OUEDRAOGO

Kulture Kibaré