Amadou Bourou : 15 ans après son décès, ses « héritiers » se remémorent

Amadou Bourou fut un homme de théâtre burkinabè, un comédien, un acteur de cinéma, un metteur en scène, un pédagogue… Il s’est éteint le 8 janvier 2010 à Ouagadougou, à l’âge de 58 ans. Figure de proue du théâtre burkinabè, l’homme s’était également démarqué dans le 7e art par ses multiples personnages aguichants dont la série « Quand les éléphants se battent… » de Abdoulaye Dao.

Quelques personnalités du monde des arts et de la culture donnant leur témoignage

Selon les témoignages reçus, lors de la soirée du vibrant hommage au Théâtre Soleil, collègues, amis, anciens collaborateurs, disciples et autres héritiers ont tenu à rappeler qui était Amadou Bourou. À les écouter attentivement témoigner, l’unanimité sur les combats et l’engagement culturel et artistique de l’homme, sa pédagogie dans les arts dramatiques et surtout sa soif de transmission étaient si perceptibles. Le directeur du Théâtre Éclair, Alain Héma ; la présidente des Récréâtrales, Odile Sankara ; le comédien et metteur en scène, Nongodo Ouédraogo ainsi que plusieurs autres collaborateurs sont revenus sur la promotion d’espace enfant par Amadou Bourou qui s’intéressait déjà au jeune public.

Aussi, l’homme était simplement un visionnaire, car c’est lui, à en croire Odile Sankara, qui est à la base de la proposition d’un véritable spectacle d’ouverture pendant le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) afin de quitter les prestations folkloriques aux cérémonies d’ouverture des grandes manifestations culturelles au Burkina Faso. D’ailleurs, on se souvient encore du grand spectacle pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Burkina Faso en 1998 ou encore au FESPACO 2007 où Amadou Bourou avait mis son talent au service des chorégraphies respectives.

Dans une pièce courte de théâtre son « Excellence » Gérard Ouédraogo a imité le défunt Amadou Bourou

La création de sa compagnie « Feeren » en 1990 soit une année après son retour de la France, a véritablement contribué à former professionnellement une bonne partie des comédiens avec une certaine rigueur (témoignages). Son désir, à prêter toujours l’oreille aux dires, était de professionnaliser le théâtre qui s’apparentait plus à un simple loisir qu’à un métier au Burkina Faso. Le célèbre chorégraphe, Seydou Boro ; la comédienne et metteure en scène, Odile Sankara ; le metteur en scène, Hamado Tiemtoré ; entre autres bénéficièrent des premières formations contemporaines au profit de jeunes comédiens et artistes du spectacle vivant, initiées donc par Amadou Bourou à l’époque. S’en suivirent d’autres vagues de formation au profit de la jeune génération à l’époque (Nongodo Ouédraogo, Thierry Oueda, Hyacinthe Kabré, etc.). Ce sont ces différents jeunes artistes, devenus la plupart des directeurs d’espace culturel, de compagnie, de festival, et se réclamant « héritiers » de Amadou Bourou qui ont alors marqué d’une pierre blanche la mémoire de leur mentor, en cette quinzième année de disparition.

Cette soirée d’hommage qui a accueilli plus d’une centaine d’invités a été l’occasion pour se remémorer les œuvres de Amadou Bourou, non seulement à travers des extraits de ses textes joués, déclamés et dits, mais aussi des bouts de danse chorégraphique, des projections vidéos, etc.

Le public de la soirée d’hommage

Toutes ces performances se sont déroulées devant des éminentes personnalités du ministère en charge de la culture (le chargé de mission, Pazouknam Jean-Baptiste Ouédraogo), des acteurs du monde du théâtre et de la culture (Ildevert Méda, Seydou Boro, Mariam Koné, Blandine Yameogo, Koba Boubakar Dao, Georgette Paré, Paul Zoungrana, Kira Claude Guingané, Son « Excellence » Gérard Ouédraogo, Toudeba Bobelle, Wilfried Ouédraogo et bien d’autres), des stagiaires de plusieurs espaces de formation en arts vivants, etc.

Des instants qui visiblement, nous rappellent toujours les années de combats et d’engagement de cet grand homme pour la culture et les arts.

Ram OUEDRAOGO

Kulture Kibaré