Spectacle chorégraphique « Dans 978 ans » : Quand l’humain se projette dans l’an 3000 !
Quel type d’humains serions-nous dans l’an 3000 ? Si cette question paraît relativement surréaliste, le chorégraphe ivoirien, Hermann Yao Nikoko, lui, semble pourtant être préoccupé. Son spectacle « Dans 978 ans » qu’il a diffusé, le 8 novembre 2024 à L’Espace culturel Gambidi, à Ouagadougou (Burkina Faso), dans le cadre de son projet « Traversée chorégraphique Ouest-africaine » nous invite sérieusement à la réflexion sur l’avenir de l’Homme. Sa chorégraphie qui mêle chant, slam, effets sonores… vous peint en noir un univers futuriste.
Si le professeur d’Histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem, Yuval Noah Harari, dans son ouvrage « Sapiens, une brève histoire de l’humanité » tente dans un raisonnement méthodique de décrire l’évolution des différentes espèces humaines sur Terre en interrogeant la révolution cognitive, la révolution agricole, la révolution scientifique, etc. le danseur chorégraphe ivoirien, Hermann Yao Nikoko s’inscrit dans sa logique.
L’humain qui a su braver les catastrophes naturelles et s’inventer des lois divines pour dominer la planète par son intelligence et sa sagesse, inquiète aujourd’hui dans sa révolution technologique. D’aucuns pensent que l’ascension fulgurante de notre espèce à tous les niveaux d’ailleurs, n’est pas sans conséquences. Rien qu’à écouter la tonalité du monde actuel, il est de toute évidence que le prochain millénaire sera sans doute très perverti et très banalisé. L’homme se confondrait à la femme et la femme à l’homme. Les robots seraient les nouveaux dieux. L’écologie disparaitrait… Et les signes ne sont-ils pas déjà perceptibles ? Le comportement d’une partie du monde, à travers des programmes de développement sur l’égalité des genres, LGBTisme, le mariage pour tous, l’adoption d’enfants par des couples du même sexe… en dit long, n’est-ce pas ? Le monde vit un sérieux malaise et l’Ivoirien Hermann Yao Nikoko, au-delà de ces réalités perverties se projette dans l’an 3000, dans exactement 974 années de notre ère. Quel type d’humains serions-nous vraiment ?
Le spectacle qu’il a pensé en 2022, intitulé « Dans 978 ans » pose la réflexion profonde par l’expression du corps. Il dépeint une vie future. Cette chorégraphie met en scène trois danseurs. Le trio vous transporte dans son espace tout en agençant les éventuels phénomènes qui surviendraient. Les mouvements énergiques, coordonnés et harmonisés, soutenus par les effets sonores et lumineux, le groove, le slam… contraignent naturellement à la concentration en tant que spectateur. Pour le profane de la danse contemporaine, la narration aide à comprendre. Morceaux choisis : « nous ferons l’amour à nous même, car il n’y a ni d’homme ni de femme… nous sommes des êtres asexués » ; « ici, à l’an 3000, il n’y a plus de poète, plus de danseur, plus de musicien, il n’y a plus d’artiste. Ce que vous voyez-là sont des choses ».
Loin d’être un spectacle qui peint tout en noir l’avenir de l’humanité dans 976 ans, le chorégraphe veut plutôt nous interpeller sur notre responsabilité à préserver les valeurs cardinales, à sauvegarder le patrimoine humain, à protéger l’environnement… pour les générations à venir. Car, il y a eu des gens qui ont vécu avant nous, et il y aura naturellement des gens après nous. Il faudrait alors faire en sorte que dans l’an 3000, la Terre soit toujours une Terre.
Ce spectacle qui a bénéficié des soutiens de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire, l’Institut français de Paris, l’Institut français de Côte d’Ivoire, le Goethe institut de Côte d’Ivoire, le Fonds de mobilité du MASA (Marché des arts du spectacle d’Abidjan), dans le cadre du projet « Traversée chorégraphique Ouest-africaine » de la compagnie Dumanle, a déjà été joué en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Après l’étape de Ouagadougou, Hermann Yao Nikoko et son équipe s’invitent à Ankata à Bobo-Dioulasso, pour la dernière représentation au Burkina Faso, le 10 novembre 2024.
Malick SAAGA
Kulture Kibaré