Théâtre documentaire social : La rude épreuve de l’ex Faso Fani sous les projecteurs

Théâtre documentaire social : La rude épreuve de l’ex Faso Fani sous les projecteurs

L’Association Théâtre Eclosion entend, dans une approche artistique, raconter la rude épreuve de l’usine de l’ex Faso Fani de Koudougou. Il s’agira de créer et diffuser une pièce intitulée « Djesse » avec des anciens travailleurs et des étudiants pour faire revivre l’histoire de cette industrie textile fermée en 2001. Le lancement officiel des activités est intervenu, le 21 octobre 2024 à Koudougou en présence d’autorités coutumières et d’ex agents de l’ex Faso Fani.

Créée en 1969, l’ex Faso Fani, selon le directeur de Théâtre Eclosion, Brahima Diarra était une usine totalement indépendante disposant d’une centrale électrique et d’une adduction d’eau pour alimenter la production. « C’était une usine qui prenait du coton brut pour sortir un produit fini, soit un pagne imprimé, un tee-shirt… », a d’emblée rappelé celui-ci. Il explique aussi que cette structure étatique était en pleine croissance et ses produits étaient prisés sur le marché national et international. « Plus tard quand les institutions internationales à savoir le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale ont décidé d’imposer aux pays du tiers monde ce qu’elles vont appeler le PAS (Programme d’ajustement structurel), alors plusieurs Etats ont été interdits d’avoir des sociétés à leur possession », a soutenu M.Diarra.

Brahima Diarra, directeur de Théâtre Eclosion

Partant de cette nouvelle dynamique, la société Faso Fani était contrainte, de façon progressive, de mettre la clé sous le paillasson après la rétrocession de sa centrale électrique à la SONABEL (Société nationale burkinabè d’électricité), la compression du personnel, etc.  Toujours de ses confidences, le capitaine Thomas Sankara qui avait accédé au pouvoir en 1983, avait quant à lui, essayé de redynamiser cette usine du textile. Mais, son assassinat en 1987 a accéléré la fermeture de Faso Fani en 2001 (sous le régime de Blaise Compaoré).

23 ans après, des ex travailleurs continuent de supporter le poids de cette fermeture et pis encore, certains d’entre eux attendent réparation. « Avec la fermeture de Faso Fani, beaucoup de choses ont été dites notamment le drame que les travailleurs de cette usine ont vécu et continuent de vivre… Aujourd’hui les personnels de 47 sociétés fermées avec le PAS attendent réparation… Faso Fani a été fermée sauvagement si je peux m’exprimer ainsi… Le 15 août 1990, c’était la première compression où on a mis 153 de nos camarades à la porte sans aucune indemnisation. Et le 31 mars 2001, c’était à notre tour où près de 376 travailleurs ont été également mis à la porte sans aucune indemnisation », a regretté Gilbert Nabi, ex travailleur de Faso Fani, actuellement à la retraite. Le projet « Djesse », est de l’avis de son collègue Maxime Kaboré, une sorte de nouveau souffle pour les travailleurs de l’ex Fso Fani s’il est bien accueilli par les autorités actuelles.

Des souvenir pénibles de Gilbert Nabi dans la cité universitaire Faso Texte de Koudougou

Alors, « Djesse » (fil à coudre en langue dioula) est un projet de théâtre documentaire social qui est né d’une révolte de jeunes comédiens du Théâtre Eclosion. « On regarde cette usine et même si nous ne l’avons pas connue directement, ça nous fait mal au cœur de voir dans quel état elle se trouve. Cette rage en nous a conduit à l’initiative de ce projet », a renchéri Brahima Diarra.

Il s’agira concrètement de procéder par une collecte minutieuse de documentation (documents, entretiens, interviews, etc.) auprès de personnes de ressources, puis construire une pièce théâtrale avec les acteurs directs et indirects que sont respectivement des ex travailleurs de l’ex Faso Fani et des étudiants. L’objectif, c’est de tisser les expériences, les compassions et les espoirs pour que les « torts soient réparés », à en croire le secrétaire général de Théâtre Eclosion, Mamadou Soma.

Une vue des ex travailleurs de l’ex Faso Fani pendant le lancement officiel des activités

Rendez-vous est pris pour le 5 décembre 2024 pour la première de cette pièce du projet « Djesse » à Koudougou, qui a bénéficié du soutien de la Fondation Oumou Dilly et de l’Association Béogo depuis la Suisse et aussi de Goethe Institut au Burkina Faso, de l’ARCI, etc.

Ram OUEDRAOGO

Kulture Kibaré       

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