« Tabataba » : Une pièce qui fait redécouvrir le mooré dans toute sa splendeur
C’est dans le domicile des Zoungrana que Sidiki Yougbaré et son équipe ont décidé de présenter la première du spectacle « Tabataba », dans la soirée du 6 septembre 2024. Il s’agit d’une création théâtrale subventionnée par le Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) à travers le Fonds de promotion culturelle (FPC). Les visiteurs du soir, disons les spectateurs ont à l’occasion pu découvrir la quintessence de la langue mooré par la prolixe Maïmouna et l'inébranlable Abou.
Les manières de faire, de penser et d’agir évoluent naturellement. Il est de toute évidence que la modernité nous impose un rythme de vie. Il y a ceux qui s’adaptent bien, mais il y a ceux aussi qui restent inébranlables. Dans un tel environnement, les perceptions aussi individuelles que collectives sur les mœurs sont très souvent divergentes. Et une chose est certaine : s’adapter n’est pas synonyme de dépraver. C’est pourtant la perception biaisée de Maïmouna, une jeune dame aux mœurs légères qui incite son petit frère Abou à la débauche. Elle utilise son énergie, sa rhétorique et toutes ses ressources dissuasives pour faire plier son frangin, car elle est convaincue que consommer la bière dans les maquis, fréquenter les discothèques/boites de nuit et aller chez les prostituées feront de son frère Abou, un mec branché. Maïmouna bien incarnée par Halimata Nikièma est visiblement très prolixe et exigeante. Elle est, en réalité excessivement protectrice et cherche à imposer ses propres loisirs à son petit frère.
Abou, interprété par Hypolitte Kanga, est par contre taciturne. Conservateur, il se passionne d’ailleurs à bricoler des anciennes motocyclettes. Calme et posé, il finira tout de même par faire entendre raison à son aînée Maïmouna qui l’oblige à faire ce qui ne lui plaît pas. Les commodités de la modernité n’intéressent pas du tout Abou. Il est en tout cas, resté ferme et inébranlable face à la joute verbale très menaçante de Maïmouna.
La scénographie de Issa Ouédraogo et l’éclairage bien jaugé de Abdoulaye Bamogo nous exposent deux univers à travers la scène artistique érigée dans la cour des Zoungrana : l’antichambre de Maïmouna avec ses accessoires de maquillage, pour sans doute mettre en évidence son narcissisme et son accommodation du monde moderne, et l’antichambre de Abou où sont disposées des motocyclettes démodées et autres outils de bricolage en mécanique. Dans cette aventure, le dialogue est intégralement joué en langue vernaculaire burkinabè. Bien que le texte soit de Bernard Marie Koltès, Sidiki Yougbaré a su l’adapter et mettre en scène dans un mooré d’un niveau avancé. Sa diffusion se poursuit les 7 et 8 septembre 2024, toujours chez les Zoungrana, derrière la Pédiatrie du boulevard Thomas Sankara. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2024/08/28/tabataba-la-necessaire-partition-du-regisseur-abdoulaye-bamogo/
Ce projet de création et diffusion de « Tabataba », il faut le rappeler est possible grâce à une subvention du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) à travers le Fonds de promotion culturelle (FPC). Le bénéficiaire qui n’est rien d’autre que le comédien et metteur en scène, Sidiki Yougbaré a, au cours de cette première soirée de restitution, manifesté toute sa reconnaissance à la maison de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins au Burkina Faso.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré