« Dram’actu » : Du théâtre pour dépeindre l’impact des fake news
La Compagnie théâtre les empreintes a organisé, dans la soirée du 3 janvier 2024 au Théâtre Soleil, Ouagadougou, une cérémonie de grande première du spectacle créé dans le cadre du projet « Dram’actu ». Financé à plus de 20 millions FCFA par l’Ambassade du Canada au Burkina Faso et au Bénin, à travers le Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL), les quatre représentations théâtrales dépeignent des comportements responsables et irresponsables des populations. Trois comédiens sur scène ont permis de se remettre parfois en cause quant à la consommation de l’information sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, l’information est une denrée indispensable à tout être social. Pour agir en connaissance de cause, s’informer est plus que nécessaire. La consommation de cette information, de constat, devient alors très délicate dans un environnement où l’avancée technologique est presque quotidienne. Car, vous n’ignorez pas qu’avec les réseaux sociaux en expansion, l’information n’est plus le monopole des médias traditionnels ou professionnels. N’importe qui et n’importe quoi peut informer ou désinformer sur une situation donnée. A la seule différence avec les professionnels de l’information, certains internautes ne prennent pas le soin de vérifier ou de s’assurer de la véracité des faits avant publication. Et cela n’est pas sans impact sur le vivre-ensemble et la cohésion sociale.
Cette situation, particulièrement au Burkina Faso qui a enregistré des actes répréhensibles à cause justement des fake news, préoccupe la Compagnie théâtre les empreintes, une structure artistique et culturelle au Burkina Faso qui œuvre pour la promotion du théâtre. Elle s’est alors engagée à scruter les rouages des médias et des réseaux sociaux, en ce temps de crise sécuritaire, politique, sociale, etc. pour mieux sensibiliser les internautes et les populations.
« Dram’actu » se veut un projet d’écriture, de création et de diffusion sur scène et sur les médias, du spectacle en quatre pièces théâtrales, qui s’inspire des fakes news sur les réseaux sociaux. Il s’est intéressé à l’actualité pour dépeindre les saccages des biens de personnes et des représentations diplomatiques récemment, les allégations mensongères sur les attaques terroristes, les rumeurs sur le foncier, etc. « Dram’actu se veut donc une pièce de théâtre qui met en situation dramaturgique les sujets de l’actualité socio-économique, politique, sécuritaire, des fausses informations qui circulent sur la toile, ce, en vue d’en faire à court et à long terme, un outil de promotion de vivre-ensemble et de la cohésion sociale au Burkina Faso », a soutenu le directeur de la Compagnie théâtre les empreintes, Mahamadou Tindano.
Après une résidence de création à la Résidence Boamani à Koubri, les quatre pièces sont créées et représentées sur la scène Ildevert Meda du Théâtre Soleil, en présence des autorités administratives et diplomatiques, des partenaires, des hommes de média et autres invités. Le public a pu découvrir le résultat d’un travail artistique qui implique plusieurs compétences dont le co-auteur du texte, Paul Zoungrana. Le trio Azoumi Laure Guiré, Halimata Nikièma et Mahamadou Tindano himself, a brillamment incarné les différents personnages pour distiller les bonnes substances des messages.
Après cette grande première, l’équipe s’attèle sur la captation du spectacle, puis la tournée de diffusion nationale à partir du 10 janvier prochain.
Sur 198 projets reçus suite à l’appel à projets du Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL), ce sont seulement 5 qui ont été retenus pour le financement dont la Compagnie théâtre les empreintes, informe l’ambassadrice du Canada au Burkina Faso et au Bénin, son Excellence Lee-Anne Hermann.
« C’est vraiment un des meilleurs qu’on a choisi et je vois ici que ça porte des fruits. Les thèmes, le message, la manière dans laquelle c’étaient présentés, même les enfants aiment bien. Je pense qu’aujourd’hui, ici au pays, avec les problèmes, la guerre, les questions de fake news, c’est important de soutenir ce projet. Et je crois qu’on peut faire beaucoup avec le théâtre », a-t-elle confié tout en souhaitant bon vent aux bénéficiaires pour la suite de la mise en œuvre.
Malick SAAGA
Kulture Kibaré