FITMO/FAB 2023 : Un vibrant hommage à Camille Amouro
Le Béninois Camille Amouro était présent en 2021, à la 18e édition du Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou/Festival des arts du Burkina (FITMO/FAB). Quelques semaines après son retour au Bénin, il a tiré sa révérence. Décrit comme un dramaturge chevronné, un vibrant hommage lui a été rendu, le 30 octobre 2023 à Ouagadougou dans le cadre de la 19e édition du FITMO/FAB.
C’est une lecture d’hommage à Camille Amouro à travers un texte de Hermas Gbaguidi intitulé « La chaise est vide » qui a mobilisé les organisateurs du FITMO/FAB et autres festivaliers devant la scène Katibié de l’Espace culturel Gambidi. Zenabou Soube et Abdoul Kader Ouédraogo, tous deux de la 5e promotion de l’Ecole supérieure de théâtre Jean-Pierre Guingané (ESTJP) ont prêté leur voix sur un fond musical de Marcel Balboné, pour faire entendre l’écho des œuvres et exploits du défunt.
« Nous rendons hommage à un artiste, un homme de théâtre, un homme engagé qui, malheureusement a été arraché à notre affection en décembre 2021, alors qu’il venait même de quitter le Burkina Faso où il avait pris part à la 18e édition du FITMO/FAB. Cette personnalité exceptionnelle s’appelait Camille Amouro. Il est du Bénin », a d’emblée rappelé le président et directeur artistique du FITMO/FAB, docteur Hamadou Mandé.
Décrivant le parcours, il indique que Camille Amouro est né le 26 juin 1963 au Bénin et est mort des suites d’un accident de circulation, le 22 décembre 2021. Dramaturge, metteur en scène, directeur de troupe théâtrale, organisateur d’évènement et chroniqueur culturel, l’homme s’était illustré par la création de cadre de réflexion et d’action culturelle telle que la médiathèque de la diaspora. Il a contribué à la libération de la parole au Bénin.
Camille Amouro, à en croire toujours le docteur Hamadou Mandé, a été surtout révélé au monde africain et extra africain par ses créations théâtrales dont les plus emblématiques sont « Brenda awards » ou encore « Goli », créées à partir de l’exploitation de la ressource culturelle du « Salamè » qui est une ressource du patrimoine traditionnel africain notamment dans le Sud du Bénin. Ses œuvres théâtrales ont été jouées et exploitées en Afrique et hors du continent. Elles sont toujours l’occasion de profonde réflexion sur le rapport au pouvoir et à la langue. Camille Amouro a été avant tout un esprit indépendant, libre, caractérisé par une volonté d’apporter l’information, la connaissance et le savoir-être aux autres. Sa vie a été une vie au service d’un idéal, une vie d’engagement, de combat pour un monde plus juste, une société d’équité et humaniste.
Tout en poursuivant, le docteur Hamadou Mandé affirme que Camille Amouro c’était le refus de la compromission, de la facilité… Sa vie a été marquée par le combat perpétuel contre la tentation et l’embrigadement. Il avait fait le pari de demeurer lui-même. Le « Salamè » demeure sa production intellectuelle dont il a repensé l’esthétique comme une voie de liberté dans l’écriture théâtrale.
C’est d’ailleurs cette esthétique qu’a utilisé son disciple Hermas Gbaguidi pour rédiger le texte « La chaise est vide ». « C’est en suivant cette esthétique que j’ai pu proposer cette pièce », a-t-il avoué. Cependant, souligne-t-il, une partie du texte relève de la réalité et l’autre partie est une pure fiction.
Après la lecture suivie de l’intervention de l’auteur du texte, les témoignages d’amis, collègues et connaissances de Camille Amouro ont plu. Pour une soirée d’hommage, ce fut un succès.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré