Censure du clip « SOTRACO » de Toksa : Entre grandeur et petitesse

Censure du clip « SOTRACO » de Toksa : Entre grandeur et petitesse

Le 23 mars 2023, le Conseil supérieur de la communication (CSC), a sorti officiellement un communiqué à l’attention de tout responsable de média audiovisuel. Cette autorité chargée de régulation du secteur de la communication au Burkina Faso, a jugé « dénigrant », le contenu de la chanson « SOTRACO » de Toksa. Il est reproché au jeune rappeur local, d’une « atteinte à l’image de marque » de la Société de transport en commun (SOTRACO). Le clip a alors été sommé de censure dans les médias audiovisuels. Une réaction du CSC qui, à notre avis, est rationnelle et intelligible.

Le CSC est d’ailleurs dans son rôle, entre autres, de « veiller à l’application des textes relatifs à la communication et au respect de la déontologie professionnelle par les médias », de « veiller à la protection des droits des citoyens dans les médias ».

C’est plutôt la réplique immédiate de l’auteur de l’œuvre censurée qui met mal à l’aise. Car Toksa, sur sa page Facebook a d’abord laissé lire : « De toute les façons mon SO.TRA.CO signifie Société TRAORE Cheick Omar ». Drôle ! Il va vite se raviser, plus sérieusement, dans un post suivant. Morceau choisi pour vous : «… mon intention n’a en aucun cas été de porter atteintes aux valeurs de sa (ndlr SOTRACO) mission… ».

Aurait-il vite compris la gravité de cette première réaction impubère et infantile ou a-t-il subi une quelconque pression de la part de ses sympathisants, pour revenir plus sage ? 

Un artiste est un modèle pour sa communauté. Porte-étendard d’une identité, il s’inspire certes de son environnement en toute liberté, mais sans pour autant exagérer.

Ce n’est pourtant pas toujours évident avec les jeunes artistes burkinabè qui, de plus en plus, tombent dans les écarts de langage dans leurs oeuvres. Il y a comme une théorie générale ou une loi marketing chez eux, qui oblige à choquer/dépraver nécessairement pour être à la Une de l’actualité. Vous rappelez-vous des censures des chansons « Selamin » de Kayawoto, ou encore « Sélé » de Sabil, pour pratiquement les mêmes observations ? La pourriture attire plus les mouches que le miel, il nous semble.

Les jeunes artistes (chanteurs, rappeurs, etc.) de la musique moderne burkinabè se seraient-ils appropriés cette loi marketing libertine?

Il n’est nullement pas demandé à l’artiste de traduire toutes les voix pour accroître son audience ou pour atteindre les millions de vues sur Youtube. Il ne s’agit non plus, en tant qu’artiste de défier l’autorité pour justifier une chanson barbare et outrageante. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit.

A l’instar de tous ces jeunes artistes, Toksa aurait pu faire preuve de retenue dans ses libertés fondamentales pour rester plus utile et plus sérieux. En tant qu’artiste, il a aussi une responsabilité sociale.

L’artiste, l’intelligent donc, le mature, le sage, le créatif est la voix des sans voix. Et cela ne signifie pas qu’il faut rapporter publiquement toutes les insanités parfois qui se disent au quotidien. Le rap est un mouvement de revendication. Le rappeur est le plus souvent celui qui défend une cause juste et noble.

Cette incidence avec le clip « SOTRACO », nous amène à nous interroger sur le rôle et la place des œuvres artistiques dans l’éducation et le développement d’un pays. Toksa est-il une entreprise créative ou une personne qui s’adonne à sa passion musicale sans garde-fou? Dispose-t-il d’une équipe managériale ? Sinon, il devrait comprendre ce que vaut l’image de marque d’une société. Sa première réplique montre qu’il patauge encore dans les aux troubles de l’amateurisme. Et ça, ce n’est pas de la grandeur.

La Rédaction  

CATEGORIES
MOTS-CLES
Partager

COMMENTAIRES

Wordpress (0)