PHOTOSA 2023 : La 2e édition a ouvert ses portes
La cérémonie d’ouverture officielle de la deuxième édition de la biennale photographique du Burkina Faso, dénommée PHOTOSA, est intervenue, le 16 mars 2023 au quartier Wemtenga de Ouagadougou. Elle a été ponctuée de parade, d’allocutions et de visites guidées des expositions aux alentours du ciné de Wemtenga et dans quelques domiciles des habitants.
PHOTOSA est une biennale photographique du Burkina Faso. C’est une initiative du Cercle des photographes du Burkina (CERPHOB). Cette jeune association s’est engagée depuis quelques années à changer le paradigme dans l’univers de l’art photographique au pays des Hommes intègres. Car, du constat d’Adrien Bitibaly, président du CERPHOB et promoteur de PHOTOSA, la photographie d’art a toujours été perçue comme un art qui intéresse uniquement les couches aisées. Ce qui est, de son avis, une perception assez biaisée. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2023/03/10/photosa-2023-presenter-la-photographie-dans-les-lieux-de-vie/
Alors, en proposant PHOTOSA, Adrien Bitibaly entend rompre avec tous ces préjugés. Il crée donc ce cadre pour promouvoir et amener la photographie d’art auprès du public ; donner l’opportunité aux jeunes photographes de pouvoir exercer librement le métier avec une fierté ; et également inviter les populations à comprendre que la photographie n’est pas une activité exclusivement destinée à une forme d’élite. « C’est une activité qui nous appartient tous et que nous pouvons l’utiliser pour raconter notre histoire comme nous le voulons », a-t-il soutenu.
L’idée d’intégrer un quartier populaire, est selon la docteure Fatou Ghislaine Sanou, très louable. « Rapprocher la photographie de la population, c’est toute l’idée derrière ce projet-là. Parce qu’en général, on montre ces genres de photographie d’art dans les galeries spécialisées ou dans des lieux d’exposition qui sont souvent réservés à des privilégiés. Mais le fait d’avoir des photos qui viennent sur le champ d’exposition d’un quartier, c’est mettre en valeur le travail des artistes », a-t-elle expliqué.
Pour Bas-neer Naaba, représentant le chef de Wemtenga, PHOTOSA est un véritable canal d’éducation et de découverte des cultures. « Après la visite guidée, j’avoue qu’en tant que personne âgée, je n’avais pas remarqué certaines choses… Nous avons pu apprécier une photographie d’art qui nous apprend que la pièce d’identité à l’époque n’était pas un support papier, mais une scarification. Le peulh avait sa marque, le mossi, ainsi de suite. Cette exposition est un enseignement », a avoué l’autorité coutumière de Wemtenga.
Docteure Sanou renchérit en confiant être sublimée par le rapprochement des thèmes des expositions. « On a des univers différents, des artistes de différents pays, mais on se rend compte qu’on raconte des histoires humaines », a-t-elle témoigné.
La Française Gaëlle Delort expose une dizaine d’œuvres à l’extérieur du ciné de Wemtenga. Elle porte un regard sur les entrées du monde souterrain, l’endroit dans lequel elle vit. En exportant sa réalité dans une autre culture, elle espère faire des rencontres et communier avec les habitants de Wemtenga.
A PHOTOSA, les photographies sont aussi exposées dans les domiciles. La famille Nonguierma accueille des œuvres dans sa cour. Nous nous sommes invités pour comprendre sa motivation, celle d’ouvrir son espace privé à une exposition publique. « Une activité culturelle est toujours la bienvenue. Elle nous permet de bien percevoir certaines choses et de comprendre comment ça marche. Ça fait plaisir d’accueillir cette activité chez nous », a laissé entendre l’une des filles du domicile, Sylvie Nonguierma.
PHOTOSA 2, accueille 16 photographes venus d’horizons divers. Ils exposent chacun une collection d’œuvres. Cette année, les thématiques sont sociétales, culturelles, identitaires, etc. L’objectif, indique Adrien Bitibaly, est que les Burkinabè notamment ceux de Wemtenga puissent découvrir la photographie d’art et la comprendre.
En marge des expositions de PHOTOSA, d’autres activités sont conjointement menées en vue de promouvoir davantage la photographie d’art. Le public a jusqu’au 19 mars prochain, pour apprécier les différentes œuvres exposées en particulier et PHOTOSA en général.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré