Spectacle « Le retour » : Les biens culturels africains pillés et l’épreuve du temps
« Le retour » était à l’affiche le 26 septembre 2022 à l’Alliance française Accra dans le cadre de la deuxième édition de Scènes émergentes en Afrique à Accra. C’est un spectacle qui relance le débat sur le pillage du patrimoine culturel africain par les puissances dominatrices. Dans cette représentation chorégraphique de Woenyo Afro Contempory Dance, les cinq danseurs du Togo accompagnés par deux musiciens tentent par le mouvement du corps de poser le problème sans avoir la prétention d’apporter de solution. Et le dénouement de la scène permet à chaque spectateur d’épiloguer.
Dépouiller une civilisation de ses symboliques afin de pouvoir la dominer est la plus grande cruauté qui puisse exister. L’Afrique, pendant des années a pourtant vécu cette injustice vis-à-vis des puissances dominatrices. C’est de ça qu’il s’agit dans « Le retour », un spectacle de danse contemporaine du groupe Woenyo Afro Contempory Dance du Togo.
La pièce dansée bien qu’elle soit une mise en scène fait revivre les méandres du pillage du patrimoine culturel africain. Le problème est clairement posé par le mouvement du corps.
En effet, la chorégraphie met en scène une civilisation dépossédée de son objet culturel. Cette statuette exposée sur la scène, apparemment très symbolique participait à la vie sociale. Et le quintet l’exprime bien par les gestuelles théâtralisées. Mouvement individuel ou collectif, tantôt posé, tantôt frénétique met à l’évidence, un peuple en quête de ses repères. Il s’acculture et s’aliène au fil du temps car ses manières de faire, d’agir, de penser et d’être s’écartent des valeurs d’antan. Il a alors besoin de réhabiliter son patrimoine pillé qui sert pourtant d’objet muséal et touristique sous d’autres cieux.
Le spectacle, dans son dénouement n’explore cependant aucune piste de solutions. Autrement dit, il ne fait pas de résolution. Impuissant face à son destin, le danseur sur la scène est à bout de souffle après maintes tentatives de restaurer sa statuette. C’est en ce moment que le spectateurs applaudissent et c’est la fin du spectacle.
Malick SAAGA depuis Accra
Kulture Kibaré