Appel des acteurs culturels pour la paix au Burkina Faso
Ceci est un appel des acteurs culturels pour la paix au Burkina Faso. Il a été officiellement déclaré le 4 août 2022 à Ouagadougou. Nous vous proposons le contenu en intégralité.
Chères Concitoyennes et Concitoyens,
Chers Pères,
Chères Mères,
Chers Frères,
Chères Sœurs,
Notre pays, comme nous le savons tous, est confronté, depuis quelques
années, à la plus grave crise de son histoire. Une crise sécuritaire qui menace
dangereusement son existence même en tant qu’entité territoriale souveraine.
En effet, la crise sécuritaire, nonobstant les multiples et divers efforts
déployés pour la contrer et la résorber et les victoires des troupes
combattantes sur le théâtre des opérations, semble aller de Charybde en
Scylla.
Face à cette situation de plus en plus préoccupante, nous, acteurs
culturels, lançons cet appel vibrant à tous nos compatriotes de l’intérieur
comme de l’extérieur, pour une plus grande implication dans la recherche de
solutions efficaces et diligentes au drame qui afflige notre patrie.
Nous lançons cet appel à l’ensemble des populations burkinabè, de
toutes couches et classes sociales, de toutes appartenances politiques, de
toutes obédiences religieuses, de toutes origines géographiques, de tous
statuts sociaux.
Plusieurs initiatives multiformes ont été prises par plusieurs acteurs de
notre corps social pour inviter nos concitoyennes et concitoyens à l’union
sacrée, au pardon, à la réconciliation et à la synergie d’action pour, dans un
même élan et dans un sursaut patriotique, faire face au péril qui enserre notre
cher pays et menace de le conquérir, de le soumettre, de nous l’arracher par
la violence, les larmes et le sang.
Notre appel prend en compte toutes ces initiatives auxquelles il se joint
pour leur donner plus de poids, plus d’écho et plus d’impact.
Dans cette logique, nous nous adressons tout d’abord à nos dirigeants,
pour saluer les efforts qu’ils consentent, certes, mais qui semblent encore
insuffisants pour juguler la crise et rassurer les populations.
Nous les appelons à accorder à la lutte contre la menace terroriste, la
priorité absolue, en mobilisant l’ensemble des populations dans le combat, et
en trouvant les voies et moyens pour assurer notre victoire sur l’ennemi.
Dans cette mission d’extrême urgence, il ne doit être fait l’économie d’aucune force,
d’aucune intelligence constructive, d’aucun allié, d’aucun sacrifice, d’aucun
signal fort.
Nous lançons ensuite un appel à toutes nos forces de défense et de
sécurité et aux volontaires pour la défense de la patrie (VDP), pour plus
d’engagement sur le front du combat. Nous saluons avec respect et estime,
toutes les victoires qu’elles ont remporté face à l’hydre terroriste. Nous saluons
la mémoire de toutes celles et tous ceux qui sont tombés au champ d’honneur,
consentant le sacrifice suprême pour la patrie.
Mais face à la persistance de la menace, nous vous appelons à plus
d’ardeur et d’audace pour monter à l’assaut des assaillants, en privilégiant
l’attaque, l’offensive et l’anticipation. Pour cela, nous vous adressons tous nos
encouragements et toute notre solidarité patriotique. Pour la patrie et pour
l’honneur, démontrez à l’ennemi de la terre de vos ancêtres, que vous êtes les
dignes filles et fils de vos pères et mères. Pour cela, chers combattants, soyez
rassurés de notre indéfectible soutien.
Nous lançons également un appel aux acteurs politiques de notre pays.
Des leaders aux militants de base des partis et formations politiques. Vous êtes
incontestablement les moteurs centraux du mécanisme de gouvernance d’un
pays. Vous êtes par conséquent les responsables de premier plan de son
intégrité, de sa sécurité, de sa paix, de sa cohésion sociale et de son
développement harmonieux.
Malheureusement, force est de constater que l’exacerbation des
contradictions et antagonismes entre vous a provoqué des fissures et des
fractures dont les ondes de choc se sont propagées dans les rangs de vos
militants et sympathisants, creusant des fossés et cristallisant des positions qui
semblent être devenues, avec le temps, inconciliables. Notre message à votre
endroit est le suivant :
− Nous sommes sur le point de perdre notre pays ! Nous sommes
sur le point d’être asservis, réduits en esclavage sur notre propre
terre !
− Nous sommes sur le point d’être expropriés de notre seule et
unique patrie, pendant que nous sommes occupés à nous
combattre, à nous diviser et à nous affaiblir !
Il est grand temps de cesser nos querelles intestines et de taire toutes
nos dissensions qui sont nettement secondaires et superfétatoires face au
grave et imminent danger national qui nous menace.
C’est pourquoi nous vous appelons à ménager entre vous une trêve
salutaire, en signant un pacte d’entente, de non-agression et de
rassemblement patriotique jusqu’à la libération de notre pays de l’emprise
asphyxiante des tentacules terroristes.
Nous lançons aussi un appel aux organisations de la société civile, dont
l’action et l’influence sont indéniables, même si un certain nombre d’entre elles
sont sujettes à controverses et polémiques. Nous les invitons instamment à
orienter tous leurs efforts sur la lutte contre l’insécurité, en œuvrant à
rapprocher et concilier toutes les positions des différents groupes sociaux du
pays, en vue de les mobiliser pour le même et unique combat de l’heure, celui
de la libération de notre patrie.
Nous en appelons à nos autorités religieuses, traditionnelles et
coutumières, pour qu’elles continuent de soutenir notre pays par les prières,
les offrandes et les invocations des mânes et autres puissances invisibles.
Mais aussi en exhortant leurs fidèles et leurs administrés à s’organiser et à
s’organiser pour apporter, individuellement et collectivement, leur précieuse
contribution pour défendre chèrement cette vie précieuse et sacrée que Dieu
leur a donnée, et qu’aucun autre être n’a le droit de venir prendre aussi
facilement qu’un chasseur qui abat un gibier sans défense.
Enfin, nous invitons l’ensemble du peuple burkinabè, à convenir que
nous sommes véritablement en situation de guerre, et que nous devons, par
conséquent, adopter des attitudes et comportements d’un contexte de conflit
armé. C’est dans ce sens que nous appelons tout le monde et chacun, à
développer les valeurs de patriotisme, de solidarité, et d’engagement, pour
sauver notre pays des griffes du terrorisme.
Nous devons apporter un soutien indéfectible à nos forces combattantes
sur le front, et développer toutes les initiatives possibles pour participer à la
lutte à notre manière :
− en changeant nos modes et habitudes de vie pour les conformer à
la situation de guerre que nous connaissons ;
− en démontrant notre solidarité et compassion envers les
innombrables victimes tombées ou déplacées et démunies ;
− en nous organisant dans nos familles, nos quartiers, nos villages
et nos communes, pour faire face à toute éventuelle agression en
attendant le secours approprié ;
− en préparant notre jeunesse et toutes les personnes capables de
combattre, aux rudiments de la guerre pour une légitime défense
de la patrie.
Chers compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur, une des grandes
figures intellectuelles de notre pays nous a laissé un cri de guerre, un slogan
de combat qui, aujourd’hui et dans les circonstances actuelles, revêt toute la
plénitude de sa véracité. Il s’agit de l’illustre Professeur Joseph KI-ZERBO qui
nous a enseigné que » NAN LAARA, AN SARA » ! Ce qui signifie que si nous
nous couchons, nous sommes morts !
Vive l’union sacrée des fils et filles du Burkina Faso dans l’épreuve ;
Vive l’engagement patriotique de tous les burkinabè pour libérer
leur pays ;
Vive la solidarité et la fraternité agissantes entre concitoyens en
période de conflit ;
Que Dieu et les mânes de nos ancêtres nous soutiennent dans notre
légitime lutte pour notre survie et celle de notre pays !
Merci pour votre aimable attention.
Signé par le Collectif des acteurs culturels du Burkina Faso