Cinéma commercial burkinabè : Des scénarios ternes, des œuvres mornes

Cinéma commercial burkinabè : Des scénarios ternes, des œuvres mornes

Une caméra et une histoire suffisent-elles à réaliser un film ? Peut-être que oui peut-être que non. C’est selon. Mais, avouons-le, un film (court ou long-métrage) est bien plus sérieux que ce que l’on pense ou ce que l’on constate ces dernières décennies dans la filmographie burkinabè. Pourtant, évoquer le cinéma en Afrique, c’est évoquer « Ouagadougou, capitale du cinéma africain ». Utopie ou réalisme ?

En tout cas, depuis 1997 où le dernier Etalon d’or de Yennenga a été remporté par un Burkinabè, Gaston Kaboré, au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), la génération d’après de cinéastes peine à nous arracher un troisième sacre d’or. Les raisons sont si multiples. Appesantissons-nous dans cette colonne sur l’aspect technique des œuvres actuelles en salle.

Les films commerciaux encore appelés fast-food poussent comme des champignons. La qualité de certaines productions laisse complètement à désirer. Cela nous renvoie encore à la première phrase interrogative de notre édito. Une caméra et une histoire suffisent-elles à réaliser un film ? Il faut bien plus que ça.

Dans une œuvre cinématographique, il y a plusieurs chaînons (de métiers distincts) qui travaillent de façon collégiale et intelligente pour toucher la sensibilité du cinéphile. Il serait alors difficile de tourner un court ou long-métrage en proscrivant certains corps de métier du 7e art. C’est pourtant le triste constat des œuvres de la plupart des jeunes « réalisateurs » (marquons bien les guillemets) qui ont appris sur le tas.

Leurs films tournent autour des mêmes thématiques : amour sentimental, amour maternel, amour paternel, prostitution, etc. avec des dialogues approximatifs frisant parfois la récitation (jeu d’acteurs figé, trop souvent théâtral). C’est à croire que ces productions de la nouvelle génération ont toutes eu le même scénariste ou plutôt n’en disposent même pas. Bon nombre d’entre eux enfourchent le plus souvent la casquette de scénariste, producteur et réalisateur à la fois.  

Or, le scénariste (auteur de scénario), est en réalité, le  poste clé de toute production cinématographique ou artistique. Son scénario sert de base à l’ensemble de la production artistique. Toute la réussite du film dépend aussi de la capacité de ce dernier à construire une intrigue, une histoire cohérente, à développer des personnages et à écrire de bons dialogues. Toute la trame (effets de lumière, description précise du lieu, emplacement de la caméra, durée de la scène, éléments de décor…) de la narration repose ainsi sur lui.

Autrement dit, le rôle d’un scénariste est de composer l’histoire du film y compris les effets visuels qui permettront au spectateur de s’y projeter. Détrompons-nous, le réalisateur est autant essentiel que le scénariste.

Comme on le voit, le scénario se doit donc d’être pensé dans les moindres détails. Si les torts sont partagés dans une moindre mesure dans toute production cinématographique, force est de reconnaître que la majorité des œuvres de nos jeunes réalisateurs (passionnés que professionnels) ne respectent pas toujours cette démarche d’où les films de piètres qualités.

Le métier de scénariste nécessite certes plus de talent que de diplômes. Il existe des formations ou des écoles  qui permettent de s’initier aux différentes techniques de rédaction et ainsi de devenir scénariste. Mais pourquoi alors cette carence des scénarios des jeunes réalisateurs actuels et par ricochet, la platitude de leurs œuvres ?

Il faudra se former, apprendre auprès des professionnels, s’autoflageller, avant d’inviter les cinéphiles au Ciné Burkina ou au Ciné Neerwaya. D’ailleurs, ces deux salles, pour préserver leur réputation devraient exiger les normes requises d’une œuvre cinématographique afin de rompre avec ce poncif.

La Rédaction

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