Société civile culturelle : Une épine dans le pied de Valérie Kaboré
La commission de réception, d’enquête et de délibération chargée de l’opérationnalisation de l’Assemblée législative de la Transition (ALT) a tranché sans autre forme de procès dans la crise concernant la désignation des représentants de la société civile culturelle. Le journaliste et promoteur de Ouistiti Tv, Salif Sanfo, siègera désormais à l’Assemblée Législative de Transition (ALT).
Or, comme on le sait, sa candidature et celle d’Augusta Palenfo ont fait des gorges chaudes. Ce « choix arbitraire de la Confédération nationale de la culture-Cnc » n’était pas, en effet, au goût de la société civile culturelle. Salif Sanfo va, malgré les dénonciations à la pelle, siéger comme titulaire à l’ALT pour le compte des acteurs culturels avec jusqu’à preuve du contraire pour suppléante, Augusta Palenfo.
A première vue, les deux candidats contestés présentent le même profil ou du moins sont dans le même registre : évènementiel, humour, etc. Les deux sont des promoteurs de festival de rire. Ce qui est déjà en soi une faute, sinon un mauvais point de départ pour ces deux représentants ou pour la Cnc. Quid des autres secteurs d’activités de la culture (arts plastiques, théâtre, littérature, musique, etc.) qui n’ont visiblement pas été consultés ?
Au-delà de cette boutade de la Cnc, que doit-on retenir de la société civile culturelle burkinabè ? Une chose est sûre, ce choix non consensuel ayant provoqué la crise n’est que la partie visible de l’Iceberg. C’est un problème mineur. La Cnc traine du linge sale depuis maintenant quelques années. Il s’agit de la mal gouvernance. Et c’est connu.
Cette crise actuelle a davantage jeté l’opprobre sur cette mal gouvernance des instances de la Cnc. L’union, l’entente, la cohésion, le sens du consensus sont les choses les moins partagées dans cette entité. Notre société civile culturelle est gangrénée par des intérêts égoïstes, des querelles intestines, la désunion, le copinage, le clanisme, bref, une incapacité notoire à s’accorder autour de l’essentiel. Et depuis le 11 mars dernier, les Burkinabè et le monde entier ont pu suivre le spectacle désolant à travers les médias et les réseaux sociaux surtout. Dommage !
La toute nouvelle ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Valérie Kaboré aura donc fort à faire. Elle a du pain sur la planche. Comment travailler de manière sereine dans un tel climat qui s’apparente à un panier à crabes ?
Valérie Kaboré en est sans doute consciente. Elle est du milieu. Mais, cela sera-t-il suffisant pour être au-dessus de la mêlée ? A-t-elle toutes les chances pour réussir sa mission à la tête du ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme ? En tout cas, pour y arriver elle doit sortir impérativement le bâton de l’impartialité, de l’intégrité, de l’écoute, de l’inclusion, de la transparence, etc.
Outre les défis plus ou moins connus (la relance des activités culturelles et touristique, le détachement de l’AIB des Editions Sidwaya, le passage de la RTB et des Editions Sidwaya au statut de société d’Etat, la réforme des Galian, etc.) qui se profilent à l’horizon, la ministre Valérie Kaboré va devoir s’attaquer à un autre défi de taille, et nous insistons, cette mal gouvernance de la Cnc. Elle doit arriver à juguler cette crise.
Elle devra donc s’atteler à combattre le clanisme qui a beaucoup caractérisé cette organisation mère des faitières en particulier et le secteur culturel en général. C’est pourquoi, elle devra s’entourer d’une équipe « propre » et « pure » au-delà de tout soupçon, et ce, dans une intime conviction personnelle. Valérie Kaboré doit fuir comme la peste les calomniateurs zélés, les experts en coups bas, certains calculateurs égoïstes de la Cnc, les taupes de son département, les vuvuzelas, les journalistes corrompus et sans conviction, etc. Et elle devra aussi et surtout jouer la carte de la prudence, de la sagesse, et de l’objectivité afin de ne pas répéter les tares (despotisme, népotisme, clanisme, etc.) de certains de ses prédécesseurs.
La Rédaction