Société civile culturelle : La fanfaronnade a longtemps duré

Société civile culturelle : La fanfaronnade a longtemps duré

Despotisme, népotisme, corruption, pagaille, voilà entre autres, et c’est un euphémisme, les maux qui gangrènent l’environnement culturel et artistique burkinabè. Malgré les indignations et les avertissements d’observateurs avertis de la scène culturelle burkinabè, la plupart des acteurs culturels, bon an mal an,  continuent de faire la sourde oreille.

En effet, au Burkina Faso, pour une meilleure gouvernance culturelle, le politique ou les partenaires techniques et financiers ont pensé qu’il était ingénieux voire judicieux de structurer la société civile culturelle.

C’est dans cet élan que les acteurs ont décidé de confédérer les faîtières pour donner naissance à la Confédération nationale de la culture (CNC). Elle est l’organisation mère de la société civile culturelle qui se compose  de six branches que sont la Fédération des arts plastiques et appliqués (FEFAPA), l’Union nationale de la musique enregistrée (UNAM), la Fédération nationale des arts de la scène (FN/PRO-SCENE), le Groupe de réseaux associatifs des acteurs du livre (GRAAL), la Fédération nationale des acteurs privées du patrimoine culturel (FENAPAC) et enfin la Fédération nationale du cinéma et de l’audiovisuel (FNCA).

Malheureusement, cette organisation mère, depuis sa création n’a fait que servir des individualités ou des égoïsmes. Clanisme, tâtonnement, exclusion, etc. ont fini par convaincre les plus sceptiques que la CNC n’est ni plus ni moins qu’un véritable panier à crabes. Le constat est amer et désolant, hélas.

Plus ambitieuse et visionnaire, la Fédération nationale du théâtre au Burkina Faso (FENATHEB) s’était, avec lucidité, vite démarquée de cette hydre. Et les faits continuent de lui donner raison. Le président de la CNC, Télesphore Bationo qui devait, en effet, s’ériger en rassembleur a plutôt préféré jouer la carte de l’insouciance. Toutes les fois que la CNC a été consultée par le politique ou les partenaires techniques et financiers, la FENATHEB n’a jamais eu son mot à dire. Nous évoluons dans un tel environnement délétère depuis le début.

Le vendredi 11 mars 2022, Télesphore Bationo, a décidé à titre personnel d’expliquer sur sa page Facebook le comment et le pourquoi du choix d’un représentant et d’une suppléante de la société civile culturelle à l’Assemblée Législative de la Transition (ALT).

Pour une organisation mère de la culture, il aurait été plus avisé et judicieux de convoquer toutes les composantes de la CNC et aussi la FENATHEB pour consultation. L’honnêteté dans cette démarche voudrait également que l’on commence par expliquer les enjeux politiques et culturels, l’opportunité pour les acteurs culturels de pouvoir faire redorer le blason de la culture en y siégeant, avant de définir les critères de façon transparente pour les éventuelles candidatures. Au lieu de cela, la CNC a proposé en catimini et dans la plus grande discrétion des noms dans un groupe restreint WhatsApp « Info CNC ». Drôle, amateur et suspect à la fois, non ?

La FENATHEB s’est, pour sa part, fendu d’un communiqué officiel pour se démarquer de cette combine savamment orchestrée afin qu’on ne l’assimile pas à ces vieilles pratiques qui tendent à confirmer les clichés sur les acteurs de la culture et du showbiz.

C’est dans cette ambiance de flou artistique que le vice-président de la CNC, Pazouknam Ouédraogo viendra jeter un pavé dans la mare. A travers une note dont l’authenticité ne souffre d’aucun débat,  il notifiera, à la grande surprise de tous, qu’il n’a pas été « impliqué dans le mode désignation » des représentants de la société civile culturelle à l’ALT. Même son de cloche au ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) qui révèle à son tour ne pas être impliqué dans ce processus de désignation des représentants. Faut-il en rire ou en pleurer ?

Quoi qu’il en soit, une nouvelle ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) vient de s’installer. Valérie Kaboré, puisque c’est d’elle qu’il s’agit est dans les secrets des dieux. Son premier grand défi serait de parvenir à désamorcer cette bombe. Et cela passe par une refondation de la CNC. Car, cette organisation mère n’est pas crédible, non pas aux yeux du politique et des bailleurs de fonds mais aux yeux d’une grande majorité des acteurs culturels. Il faut donc vite un coup de balai dans la fourmilière. La fanfaronnade a assez duré et la ministre Valérie Kaboré a peut-être la solution entre ses mains. Le mandat du bureau actuel de la CNC semble être expiré depuis décembre 2021, a-t-on appris. C’est l’occasion pour les vrais acteurs culturels longtemps restés en marge de la société civile culturelle d’entrer en scène et de jouer leur partition.

La Rédaction

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