Agression mortelle d’une scénographe au Burkina : Ouassila Kharoune meurt avant la première représentation de son œuvre

Agression mortelle d’une scénographe au Burkina : Ouassila Kharoune meurt avant la première représentation de son œuvre

La scène de Grâce Théâtre a accueilli le 3 mars 2022, le spectacle « J’ai une idée ». Il s’agit d’un conte théâtralisé sur fond de danse, de chant, de musique et de marionnette.  Les trois comédiens Adama Koanda, Adjara Simporé et Sandrine Kibora, qui jouaient à la mémoire de leur scénographe, Ouassila Kharoune (mortellement agressée quelques heures avant le spectacle), se sont pourtant sentis à l’aise dans cette mise en scène de Lionelle Edoxi Gnoula. C'est la meilleure façon pour eux, ont-ils laissé entendre, de rendre un vibrant hommage à leur collègue. 

Ouassila Kharoune a peine rentrée du filage du spectacle qu’elle préparait a reçu des coups de poignards jusqu’à ce que la mort s’en suive, selon ses collègues

Elle s’appelait Ouassila Kharoune. C’est une française d’origine algérienne, selon le témoignage reçu sur place. Elle résidait à Ouagadougou (Burkina Faso), certainement dans le cadre de ses projets. Elle a pris part à plusieurs activités culturelles notamment les « Rencontres Professionnelles Autour de la Scénographie et des Métiers Associés-RASMA » en juillet 2021, initiées par Face-O-Sceno. Depuis février 2022, elle travaillait sur la scénographie du spectacle de conte théâtralisé « J’ai une idée », produit par l’Association Culturelle Ame-A-Zone. Mais personne ne se serait rendu compte que Ouassila Kharoune allait être cruellement arrachée de l’affection de tous. Pire, l’artiste n’aurait même pas la chance de s’autocritiquer après la toute première représentation de l’œuvre scénographique qu’elle a créée dans « J’ai une idée », puisqu’elle sera agressée mortellement dans la nuit du 2 au 3 mars 2022 à domicile. Le spectacle a été maintenu, car Sandrine Kibora et son équipe estiment que c’est la meilleure façon de rendre un vibrant hommage à Ouassila Kharoune. « Elle était avec nous hier. On a fait notre général ensemble. On s’est quitté vers une heure moins du matin. Et on ne savait pas qu’en se donnant rendez-vous, aujourd’hui à 17 heures avant le spectacle, qu’on n’allait pas la revoir ici. Je vais vous demander de vous lever et d’applaudir très très fort pour Ouassila Kharoune », a témoigné la metteuse en scène de « J’ai une idée », Lionelle Edoxi Gnoula à la fin du spectacle.

Les collègues de la défunte ont demandé d’acclamer fort à la mémoire de Ouassila Kharoune

« J’ai une idée » est loin d’être un conte classique ou un théâtre standard. Sandrine Kibora, la principale conteuse, adapte et raconte des histoires avec la complicité d’un pianiste, Adama Koanda et d’une guitariste, Adjara Simporé. Le trio sur la scène plante banalement le décor par une gymnastique drôle. La conteuse, énergique, raconte d’entrée de jeu, l’histoire de « tout le monde », « chacun » et « personne » pour dépeindre une société où la critique facile, la désunion, etc. ont pignon sur rue. Elle convoque ensuite le thème sur l’amour, puis fait glisser ainsi de suite l’entraide, la générosité, etc.

Le spectacle dure une cinquantaine de minutes avec cinq contes servis sur fond de danse, de comptines, de musique live, de marionnette, du théâtre. En tout cas, c’est un public visiblement satisfait qui a acclamé fort toute l’équipe artistique et technique à la fin du spectacle.

Sandrine Kibora, conteuse, comédienne et Présidente de l’Association Culturelle Ame-A-Zone

Selon Sandrine Kibora, le projet est parti d’un constat sur l’attitude et le comportement de certains enfants et même des adultes. En y observant, elle a remarqué que les valeurs sociales d’antan sont en train d’être foulées aux pieds. Artiste comédienne conteuse, elle veut réhabiliter certaines de ces valeurs à travers son métier. « Je me suis alors dit, j’ai une idée, je vais créer un spectacle pour les enfants et aussi pour les adultes », a-t-elle confié. C’est ainsi qu’elle a recueilli des histoires sur Youtube, dans les livres, etc. pour les adapter.

Le spectacle « J’ai une idée » est programmé pour le 5 mars 2022 à l’Instit Français de Bobo-Dioulasso. Sandrine Kibora envisagerait également de le représenter dans les établissements scolaires afin de toucher un large public.

Malick SAAGA

Kulture Kibaré   

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