Musique traditionnelle burkinabè : Les raisons d’une mort programmée

Musique traditionnelle burkinabè : Les raisons d’une mort programmée

La musique traditionnelle désigne l’ensemble des musiques propres à une culture donnée. Elle traduit l’expressivité des rythmes et des sonorités intrinsèques du folklore.  Au Burkina Faso, il y a plus d’une soixantaine d’ethnie, donc plusieurs musiques traditionnelles différentes des unes des autres.

Nana Bibata, Zougnazagmda, Marie Gayéri, Kisto Kouimbré, pour ne citer qu’eux, sont les quelques chansonniers bien connus sur l’échiquier musical national même s’ils peinent toujours à s’imposer visiblement dans les hits du moment. La musique urbaine a damé le pion.

Mais, en dépit des efforts de ces ambassadeurs traditionnels cités, il faut le reconnaître, la musique traditionnelle burkinabè est depuis la vulgarisation des Musiques Assistées par Ordinateurs (MAO), restée l’ombre d’elle-même. Elle est demeurée statique sans grand succès. En plus d’un déficit d’adaptation à la modernité, elle doit faire face à une absence de promotion au plan national et international.

Il fut un temps où les musiques traditionnelles étaient fortement prisées dans les meetings et autres rencontres politiques. Mieux, certaines troupes traditionnelles accompagnaient régulièrement le Président du Faso dans les voyages officiels pour des prestations identitaires. Force est de constater que cette époque est révolue.

La musique traditionnelle est reléguée au second plan dans une ère nouvelle où les NTIC dictent leur loi. L’autre constat est la diversité culturelle qui s’impose comme un frein à l’épanouissement de nos chansonniers traditionnels. Un chantre moaga peut-il avoir du succès en terre lobi, gulmantché, dafing… ? Il est tout à fait intelligible que chaque nation promeut et valorise son produit. Le problème de la musique traditionnelle est qu’elle s’inscrit dans une dimension sociale et identitaire. C’est pourquoi, elle a du mal à s’imposer dans un marché commercial très concurrentiel. Le chansonnier traditionnel se contente du peu et le profit n’est pas toujours la finalité.

Le Burkina Faso n’est pas en marge de la mondialisation. Il n’en fait donc pas exception de cette uniformisation du monde où les cultures s’interpénètrent et s’influencent. Pire, certaines manières de vivre et de faire finissent par prendre le dessus sur les autres. Les dominés consomment les produits des dominants. Dans ces conditions, quelle pourrait être la place d’une musique traditionnelle dominée ?

Le paysage musical burkinabè est absorbée. Les musiques étrangères et urbaines malheureusement sont plus demandées sur le marché. Aucun promoteur de spectacle ou de boîte de nuit ou encore de chaîne de télévision, encore moins un producteur ou un manager n’ira investir pour promouvoir uniquement une musique traditionnelle purement burkinabè. Pour avoir un retour à l’investissement, il faut servir ce que les consommateurs exigent. Et même un non averti du showbiz burkinabè sait le besoin du marché. C’est un fait. 

Qui se soucie vraiment du développement de la musique traditionnelle ou de son émergence ?

Il faut se l’avouer, au regard de la  prégnance des musiques modernes, ou des influences étrangères, le public burkinabè, dans sa grande majorité, est plus porté vers d’autres genres musicaux ou habitudes musicales.

Hormis des invitations de compatriotes à l’étranger, nos artistes évoluant essentiellement dans la musique traditionnelle ne connaissent pas de percée au plan international. Aux intéressés donc d’en prendre conscience, et de faire leur autocritique. Le temps est venu de donner une nouvelle dimension à sa carrière musicale traditionnelle. S’adapter ou demeurer localement local, il faudra alors se décider, sinon la mort est programmée.

La Rédaction

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