Tiébélé : La symbolique de la calebasse dans la tradition Kassena
Nous avons découvert Tiébélé, un village Kassena situé à une trentaine de kilomètres de Pô, dans la province du Nahouri, région du Centre-Sud. C’était en décembre 2021 lors d’une excursion touristique conduite par l’Office National du Tourisme Burkinabè (ONTB). Nous avons été éblouis par sa riche architecture traditionnelle notamment les symboles qui sont représentés sur les cases et les clôtures. En pays Kassena la calebasse a une place importante dans le foyer et dans les différents rituels.
L’architecture traditionnelle Kassena sort du commun. En y s’intéressant nous avons constaté à travers une visite guidée par un membre de la cour royale de Tiébélé que les dessins sur les cases et les murs sont en réalité des expressions culturelles hautement symboliques. Selon notre guide, Anê Abdou Bayeridiena, l’une des particularités de l’architecture Kassena est que l’homme se charge de la construction des cases et la femme applique la peinture. La plus emblématique dans la décoration dans ce village de Tiébélé est Madame Kayé Tintama, Maître dans l’art de la décoration murale, élevée au rang de « Trésor Humain Vivant ».
A en croire le guide Anê, dans les traditions Kassena, dans le temps, la case qui n’était pas peinte est la preuve que la femme n’est pas à la hauteur des connaissances sociales. C’est ainsi que chacune cherche soigneusement à décorer de manière remarquable la concession. C’est une tradition dans tout le village de Tiébélé.
La calebasse chez les Kassena
La calebasse qui est un ustensile de cuisine a tout un sens lorsque vous l’apercevez en dessin sur une construction Kassena. Une calebasse cassée exprime par exemple le malheur. « La femme Kassena a représenté ces morceaux de calebasse pour dire à la jeune fille de faire très attention à sa calebasse. Car, les calebasses sont fragiles. Dans les traditions Kassena, quand une jeune fille ou une femme laisse alors sa calebasse se casser, c’est signe de malheur », a confié Anê Abdou Bayeridiena. Pour mieux conserver une calebasse, on invite les femmes à tisser le macramé (à base de fibre végétal). Il est aussi représenté sur les habitats en forme de losange.
La calebasse, au-delà de son usage dans le foyer (servir de l’eau pour l’étranger, servir la nourriture, etc.) est très sacrée chez les Kassena. Elle sert dans certains rituels, par exemple à « prendre l’ouverture de la tombe ». Elle est également utilisée dans les différents sacrifices et surtout à faire les adieux d’une femme Kassena. Car, le quatrième jour de la mort de la femme Kassena, on utilise une partie de ses calebasses et ses poteries. On les casse ensuite sur l’une des voies qui mène chez ses parents. C’est un signe d’adieu.
Mais, il n’y a pas que la calebasse, il y a les cauris, le serpent, la tortue, le lézard, etc. qui sont autant des symboliques à découvrir en pays Kassena.
Malick SAAGA
Kulture Kibaré