Noélie : Une jeune humoriste à suivre de près
Noélie est une jeune humoriste burkinabè. Elle s’est révélée en octobre 2020, lors de la cérémonie de restitution de l’atelier du rire du Cercle des arts vivants, puis au Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou (FIRHO) 2021. Nous l’avons rencontrée le 9 juillet 2021, dans les locaux de Kulture Kibaré, à Ouagadougou pour des échanges portant sur son jeune parcours.
Au Burkina Faso, les femmes humoristes se comptent au bout des doigts. Et celle qui s’illustre le plus dans cet art apparenté au théâtre est Philomaine Nanema dite Philo. L’on pourrait également allonger la liste avec Lionnelle Edoxi Gnoula, Adèle Badolo, Roukiata Ouédraogo. La faible représentativité de la femme dans l’humour burkinabè est donc perceptible. Ainsi donc, de plus en plus, les initiatives naissent pour encourager certaines à s’y s’aventurer. Nous avons encore en mémoire, l’atelier d’initiation et de renforcement de capacités au profit de 10 femmes humoristes, organisé par l’Association Elipse Culture d’Augusta Palenfo, en avril dernier.
Mais bien avant elle, nous assistions à la cérémonie de restitution de l’atelier du rire du cercle des arts vivants en octobre 2020. Une jeune fille s’était alors révélée au public. Il s’agit de Clémence Marie Noëlie Conseiga à l’état civil. Elle se fait simplement appeler Noélie dans l’univers humoristique.
Admiratrice du personnage Kadi Jolie dans la série télévisée du réalisateur burkinabè, feu Idrissa Ouédraogo, la jeune fille, écolière à l’époque, a nourri le rêve de devenir aussi comédienne. Elle s’y aventure véritablement en 2018, et a la chance de jouer à son tour dans une série télévisée « Bibata ou la cité de la passion ». Sa jeune carrière commence dès lors à se dessiner. Casting après casting, formation en jeu d’acteur, figuration, Noélie malgré sa vingtaine d’années de vie, finit par croiser le chemin du célèbre humoriste burkinabè, son « Excellence Gérard ».
« Dans l’adolescence, j’ai découvert son Excellence Gérard. Je l’écoutais et il me faisait rire. Mais je ne savais pas ce qu’il faisait comme métier. Plus tard j’ai pu comprendre qu’il était humoriste », a confié Noélie.
Son ambition de devenir une star de cinéma va basculer, depuis cette rencontre avec cette icône de l’humour burkinabè, son « Excellence Gérard ». Ce dernier va s’ériger en un formateur, un coach, une boussole, la porte d’entrée de Noélie dans l’humour.
La désormais protégée de son « Excellence Gérard » saisit l’opportunité pour sculpter son talent et espérer s’imposer sur l’échiquier national. Noélie trace alors peu à peu son petit bonhomme de chemin à travers les soirées du Collectif des Architectes du Rire (CAR), le FIRHO, la Nuit du stand up et de Laangandé, les levées de rideau dans les « One man show », etc. Son humour devient un engagement. Ses thématiques planchent sur certaines pratiques de la jeunesse. Son numéro sur la grossesse interpelle plus d’un. Car, derrière la distraction par le rire se cache une histoire réelle. « C’est une histoire réelle de ma voisine de classe. Elle pensait que tomber enceinte de son copain, qui est le fils d’un millionnaire allait assouvir ses peines. Mais ce fut une désillusion », a-t-elle expliqué. C’est d’ailleurs cette pièce qu’elle partage le plus souvent dans ses prestations.
Consciente qu’aucune aventure artistique n’est aisée, et qu’il faut par conséquent affronter les obstacles, Noélie dit être psychologiquement préparée face aux préjugés et autres clichés qui planent sur la femme artiste. Elle a selon elle, en perspective un « One woman show » qu’elle dévoilera au moment opportun. Pour le moment tout ce qu’elle souhaite, c’est que ses devanciers la soutiennent et l’aident à s’imposer sur la scène nationale d’abord et internationale ensuite.
Ram OUEDRAOGO