Humour burkinabè : Aller en rang dispersé ne fait pas rire

Humour burkinabè : Aller en rang dispersé ne fait pas rire

L’humour a depuis quelques temps pignon sur rue au Burkina Faso. Une prouesse sociologique en soi quand on sait, à tort ou à raison, que les Burkinabè ne sont pas des comiques ou des humoristes nés. Mais, aujourd’hui, cela relève désormais du passé. Les lignes ont qualitativement bougé.

Les spectacles d’humour suscitent à présent de plus en plus de l’engouement chez les Hommes intègres. En témoigne, la multiplication des One man show avec des prix d’entrée exorbitants. Malgré le pass faramineux pour le citoyen lambda, c’est toujours à guichet fermé que la plupart des humoristes jouent. Philo, Soum le Sapeur, Gombo. com, etc. Et l’histoire retiendra dans les organisations de spectacle au CENASA qu’un humoriste burkinabè a atteint la barre de 20 000 Fcfa l’entrée et 30 000 Fcfa le couple. C’est du jamais vu en humour au Burkina Faso. C’était au cinquième One man show de Moussa Petit Sergent, le 13 février 2021.

La relève des humoristes burkinabè est indéniablement assurée. L’humour burkinabè a de l’avenir. Et l’on peut le dire, sans risque de se tromper, que le Burkina Faso, en plus d’être le creuset d’humoristes talentueux et talentueuses, pourrait, si cette dynamique est maintenue, surclasser des pays dans la sous-région voire en Afrique francophone.

Malheureusement, la malsaine émulation et l’indécent esprit de concurrence propres au Burkinabè, donc aux promoteurs de festivals d’humour et des humoristes eux-mêmes sont perceptibles. Nous assistons, avec regret, à l’existence de plusieurs manifestations humoristiques. Ce qui représente un terrible contraste avec la Côte d’ivoire où, hormis la fameuse émission télé « Bonne année  20… », produite par la RTI, il n’existe pratiquement pas de manifestation dynamique à caractère humoristique comme au Burkina Faso. Mais, cela n’a pas empêché le pays d’Houphouët Boigny de rayonner au plan continental et même international en ce qui concerne l’humour.

Les humoristes ivoiriens ont acquis une grande notoriété qui a franchi les bords de la lagune Ebrié à cause de leur traditionnel « Bonne année 20 … » ? Peut-être.

Mieux avec l’initiative de l’émission le « Parlement du Rire », diffusée sur Canal+, nombreux sont ces humoristes africains à se rendre à Abidjan pour l’enregistrement, faisant du pays de Agalawal, une destination humoristique rêvée.

Au Burkina Faso, en dépit de la matière existante au plan local, des promoteurs de spectacle pourraient s’en inspirer sans copier, afin de dynamiser davantage la filière et s’attirer plus de regard.

Que faire alors ? Le temps est  donc venu de porter très sérieusement la réflexion.  Et cela passe nécessairement par une fédération des forces et un changement de paradigme des acteurs eux-mêmes, des promoteurs et surtout de nos médias locaux.

Sur ce dernier point, la télévision nationale ou l’une des télévisions privées du pays pourrait proposer des télé-crochets ou des émissions d’humour présentées par des humoristes sur fond humoristique au lieu de cultiver cette tendance maladive à vouloir aligner d’autres festivals d’humour.

Pourquoi ne pas trouver un seul et unique cadre qui permettrait à tous les humoristes burkinabè (les ténors) de se retrouver annuellement sur la même scène ? Car jusqu’à présent, le constat est patent, les brebis vont en rang dispersé et ça ne fait pas rire.

La Rédaction

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