Danse : Des figures emblématiques burkinabè partagent leurs expériences
Le Centre de Développement Chorégraphique La Termitière (CDC La Termitière), a abrité le 16 janvier 2021, dans le cadre de la 12e édition d’Engagement Féminin, une rencontre d’échanges et de partage d’expériences entre l’ancienne et la nouvelle génération de la danse. Trois icônes burkinabè du domaine que sont Lassann Congo, Moussognouma Kouyaté et Blandine Yaméogo ont étalé leurs parcours respectifs aux jeunes danseurs chorégraphes, dans le but de mieux les orienter. Il y avait tellement à dire tant au niveau artistique qu’au niveau de l’administration culturelle. Et voilà ce qui ressort en substance de ces moments fertiles.
C’est en marge de la 12e édition du projet Engagement Féminin, ouverte du 4 au 30 janvier 2021 au CDC La Termitière, que s’est tenue la rencontre d’échanges et de partage d’expériences. En initiant un tel cadre, la Compagnie Auguste-Bienvenue, entend faire profiter à la jeune génération de danseurs, le savoir-faire et la riche expérience des devanciers. « L’activité de ce matin vise vraiment à apprendre à mieux connaître les icônes de la danse, leurs parcours respectifs. Je crois qu’on partage les mêmes difficultés. Aujourd’hui, malgré le fait qu’on soit d’époques différentes, il était important qu’on apprenne de leurs parcours pour éviter de tomber dans certaines erreurs. Pour nous, le cadre de ce matin dépasse l’Engagement Féminin, parce qu’il s’est agi vraiment de refaire l’histoire de la danse du Burkina Faso pour que la nouvelle génération puisse avoir un fil », a expliqué Bienvenue Bazié, co-promoteur d’Engagement Féminin avec son binôme, Auguste Ouédraogo.
Dans le domaine de la danse au Burkina Faso, certaines figures emblématiques demeurent toujours actives malgré l’âge. Parmi elles, Lassann Congo ou le maestro ; Moussognouma Kouyaté (fondatrice de l’Ecole du Wambé) et Blandine Yaméogo (artiste comédienne de théâtre et cinéma, aussi fondatrice de la Compagnie Dafra-Kan). Un cahier de 100 pages ne suffirait pas pour étayer le curriculum vitae de chacun. Et c’est en toute modestie et humilité, qu’ils ont sommairement partagé leurs expériences aux jeunes qui se sont montrés très attentifs.
« Avec mon expérience, je leur ai seulement dit que tout parcours est difficile. Comme l’a dit un des grands poètes, les moissons pour mûrir ont besoin de rosée, pour vivre, pour sentir, l’homme a besoin de pleure. Donc, dans toute démarche, qu’elle soit artistique ou vitale, il faut de l’effort. Dans l’effort il y aura de la persévérance. Et dans la persévérance, il y aura des résultats », a encouragé Lassann Congo, danseur chorégraphe devenu aujourd’hui consultant et formateur. Lui, qui a encadré l’immense danseur chorégraphe africain, Salia Sanou, a, au fil des années pris de l’âge, mais son amour pour la danse reste toujours intact. Et si c’était à refaire selon lui, il n’aurait pas choisi un autre métier que la danse. C’est d’ailleurs l’avis des deux autres amazones.
Blandine Yaméogo, a toujours de l’énergie. Après avoir donné des séances de danse traditionnelle avec les participants de la 1a 12e édition d’Engagement Féminin, elle a également été invitée à parler de sa carrière. « On espère qu’ils ont très bien compris et que cela va leur servir pour avancer dans ce milieu qui n’est pas facile pour les femmes. Je crois qu’après tout, cela leur donnera des orientations. Comment il faut se comporter tout en sachant très bien qu’il faut se battre pour y arriver? Parce que tout ne va pas venir du coup. C’est un combat à longue haleine où il faut tenir en tant que femme », a confié Blandine.
Danseuse chorégraphe, comédienne et dramaturge, Moussognouma Kouyaté, a contribué à former des grands noms dans le domaine des arts vivants au Burkina Faso. Promotrice de la troupe Wamdé, elle a parcouru pratiquement le monde entier pour défendre l’identité burkinabè notamment dans la danse. C’est à elle, que la regrettée Djata Ilébou devait son succès. C’est tout naturel qu’elle a accepté partager sa vie artistique truffée d’enseignements et d’anecdotes. « Je remercie les organisateurs pour leur initiative qui m’a permis de me présenter à la jeune génération qui nous connaît pas… Nous avons partagé beaucoup de choses et nous avons en retour appris aussi avec la jeune génération. Je souhaite à tous ces jeunes danseurs, beaucoup d’ententes et surtout de compréhension. Car, je trouve que la jeune génération se base beaucoup sur l’argent », a-t-elle laissé entendre à son tour. A l’en croire, l’argent effrite le milieu de la danse, et certains pensent que devenir danseur est un moyen de se faire de la fortune. « L’art ne nourrit pas son homme partout. Avant, Sotigui Kouyaté disait que l’art ne nourrissait pas son homme en Afrique. Mais l’art ne nourrit pas son homme dans le monde entier. J’ai voulu faire entendre cela et quelqu’un m’a dit que ce n’est pas vrai », a révélé Moussognouma Kouyaté.
Au terme de la rencontre d’échanges et de partage d’expériences, modérée par l’administrateur culturel, Ousmane Boundaoné, les trois figures ont esquissé des pas de danse pour rappeler aux jeunes, le bon vieux temps.
Malick SAAGA