Récréatrales 2020 : La première représentation de « Wakatt » à guichet fermé

Récréatrales 2020 : La première représentation de « Wakatt » à guichet fermé

« Wakatt », questionne l’humanité par le langage du corps. C’est une nouvelle création du danseur chorégraphe burkinabè, Serge Aimé Coulibaly, qui pose un regard sur la situation actuelle du monde : conflits d’intérêts, terrorisme, Covid-19, etc. Mais comment arriver à surmonter cette étape sombre de la vie ? N’est-il pas nécessaire de faire appel à des croyances ? Après avoir ouvert la saison au Théâtre national Wallonie-Bruxelles, le 22 septembre dernier, « Wakatt » était à sa toute première représentation sur le sol des Hommes intègres, hier 25 octobre 2020 à Ouagadougou, dans le cadre de la 11e édition de la plateforme festival, les Récréatrales. La pièce qui était très attendue a été jouée à guichet fermé. 

Ils sont 10 artistes danseurs sur la scène. Ça monologue, ça dialogue, ça crie ! Du jogging, de la danse ! Ils rythment leurs mouvements tantôt individuels, tantôt collectifs sur un fond musical percutant, proposé par le compositeur de jazz français, Magic Malick. Les spectateurs, attentivement, tentent, pour la bonne majorité, de décrypter les valses.

Les danseurs de Wakatt

Le décor est assez atypique. Il y a comme une sorte de fumier noir qui jonche toute la scène. C’est comme du brûlé qui laisse percevoir les ruines de l’humanité. Et face à ce paysage désastreux, un gigantesque trône orné, s’érige en héritage, source peut-être des conflits d’intérêts. En arrière-plan, se présente l’autre moitié d’un iceberg blanc sur un fond noir. La pièce semble de prime abord inintelligible pour le profane de la danse contemporaine.

Nous sommes pourtant dans l’univers de « Wakatt », une mise en scène de l’international danseur chorégraphe burkinabè, Serge Aimé Coulibaly. « Wakatt », à l’en croire est exactement le reflet de la société actuelle d’où le titre en mooré wakat et qui signifie en langue française, temps présent. « Wakatt, c’est le temps présent et ce temps présent n’est pas du tout gai », explique Serge Aimé Coulibaly. Mais à quoi fait-il allusion ? Le terrorisme, le Covid-19 ? Le questionnement de cette humanité est pourtant corporel. L’auteur de la pièce s’interroge sur tout et en l’occurrence le vivre ensemble dans une situation actuelle pareille. 

Serge Aimé Coulibaly

Il était alors indispensable et nécessaire pour Serge Aimé Coulibaly, à l’entendre, d’invoquer d’autres énergies pour récréer un équilibre du monde ? Et en tant qu’Africain, il va faire appel à des entités, des mythologies, des esprits de la nature afin de sortir l’humanité de ces bouleversements sociaux. C’est pour cela, les spectateurs aperçoivent le masque blanc dans la pièce et les incantations de la sorcière sur le trône. « C’est ma pièce la plus spirituelle où je vais chercher à l’intérieur de nos croyances ancestrales pour pouvoir aider l’humanité à passer cette étape-là », confie le metteur en scène.

« Wakatt » regroupe plusieurs nationalités dans le monde (Italien, Français, Allemand, Malien, Belge, Burkinabè, etc.). La pièce bien qu’elle emporte les spectateurs dans un autre univers, nous laisse triste. Triste pour ce que l’humanité vit, mais sans pouvoir pointer concrètement du doigt l’arme la plus efficace pour la guérir. Pour Serge Aimé Coulibaly, l’essentiel de « Wakatt » est de dépeindre la situation, de questionner les faits.

C’est une très belle pièce qui sera encore de mise ce soir 26 octobre, et ce, jusqu’au 28 octobre prochain à l’INAFAC. 
Après la grande première, le 22 septembre 2020 au Théâtre National Wallonie-Bruxelles, marquant ainsi l’ouverture de la saison en Belgique, les Burkinabè l’ont aussitôt adopté, dès la première représentation aux Récréatrales 2020. « Wakatt » a été joué à guichet fermé. 

Malick SAAGA 

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