Paiement de droits aux auteurs et éditeurs de presse : Des journalistes satisfaits
Le Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA), procède depuis le 31 août 2020 à Ouagadougou, au paiement des droits de reproduction par reprographie des auteurs et éditeurs de presse. Des journalistes burkinabè bénéficiaires ayant déjà perçu leur dû en témoignent.
Chose promise, chose due ! Annoncé depuis quelques mois, le paiement des droits de reproduction par reprographie des auteurs et éditeurs de presse écrite est effectif depuis le 31 août 2020, à Ouagadougou. Au siège du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA), quelques ayants droits ont déjà perçu leur dû sur leurs parutions et leurs publications de l’année 2019.
Evariste Télesphore Nikièma, reporter de l’hebdomadaire Evasion de Les Editions Le Pays, en est un. Avec une cinquantaine d’œuvres déclarées, il est passé à la caisse du BBDA, le 4 septembre 2020 pour percevoir ses droits de reproduction par reprographie. « C’était bon pour moi (rire). Je ne m’attendais pas à cette somme. Selon mes calculs, je ne m’y attendais vraiment pas. Quand tu vas pour toucher moins de cent mille Francs, tu es payé en espèce et quand c’est plus, on te remet un chèque. Moi, j’ai pris un chèque », explique le journaliste culturel d’Evasion. Ce qu’il déplore d’ores et déjà, ce sont les paperasses pour la déclaration des articles de presse et autres remplissages des fiches. « La procédure est longue et beaucoup n’arrivent pas à déclarer pour cette raison. La déclaration se fait fiche par fiche. Par exemple si je veux déclarer 50 œuvres, il faut que je remplisse 50 fiches », a déploré Evariste T. Nikièma.
A entendre Cyr Pahim Ouédraogo, auteur et éditeur du bimensuel, Infos Sciences Cultures, la satisfaction est totale. « J’ai plus d’une vingtaine d’années de métier dans le journalisme. De toute cette expérience accumulée, si un beau jour, on vous appelle pour vous remettre des droits et quel que soit le montant, c’est un acte fort. Franchement j’ai été très ému parce que j’ai rêvé de ces droits. Du moment où ça se passe en Europe, nous avions au temps de Balamine Ouattara manifesté notre vive préoccupation. Aujourd’hui, je suis très comblé de savoir que les journalistes burkinabè ont désormais des droits au niveau du BBDA », se réjouie-t-il. Egalement membre du comité technique qui a siégé pour identifier les articles avant qu’ils n’arrivent au niveau de la répartition proprement dite, il a tenu à souligner tout de même l’ampleur de ce pas historique du BBDA qui était si difficile.
Plus de 9 millions de FCFA pour 12 ayants droits
Cette répartition aussi historique dans l’univers des gestions collectives du droit d’auteur et des droits voisins en Afrique, est encadrée par la loi N°048/AN du 12 novembre 2019 portant protection de la propriété littéraire et artistique ainsi que les règles professionnelles de la Fédération internationale des organismes gérant les droits de reproduction par reprographie (IFRRO). Le BBDA avait alors, pendant plusieurs mois, sonné suffisamment la trompette sur cette première en Afrique. Il avait pris le soin d’inviter les auteurs et éditeurs de presse écrite uniquement à venir déclarer leurs articles et publications de l’année 2019. C’est au terme des déclarations que la maison a pu collecter 9 112 471 FCFA pour douze (12) ayants droits, à savoir cinq (5) éditeurs et sept (7) auteurs. Ce sont plus de 400 articles de presse déclarés et 300 parutions, repartis entre Les Editions Sidwaya (quotidien) ; Les Editions Le Pays (quotidien) ; Courrier Confidentiel (bimensuel) ; Le Reporter (bimensuel) et Infos Sciences Cultures (bimensuel).
Le manque d’engouement
La Directrice de la répartition des droits du BBDA, Armel Rénée Zoungrana, interrogée sur le coup a regretté le manque d’engouement des premières heures de paiement. C’est à contre goûte que les auteurs et éditeurs de presse se succèdent au guichet. « Il n’y avait pas d’engouement déjà pour la déclaration », confie-t-elle. Pour recueillir les informations sur les adhésions et les déclarations, c’était un parcours de combattant. « Le volume des informations qu’ils doivent remplir, c’est énorme parce que c’est par article. Imaginer un quotidien qui a peut-être 300 articles puisque c’est un article par jour. Remplir une fiche par article n’est pas aisé. Du coup, il y en a qui sont venus prendre les informations et qui ne sont plus revenus » informe-t-elle. L’autre difficulté résiderait dans la confusion des termes techniques de la presse écrite tels que le journaliste indépendant, le free-lance, etc.
L’affectation des articles par le comité technique
Un comité technique d’identification des œuvres des auteurs et éditeurs de presse écrite était chargé de parcourir les œuvres avant de les valider. Il est composé de Cyr Payim Ouédraogo (ISC), Touwendenda Zongo (Mutations) et Salimata Nikièma (Association des Journalistes Burkinabè–AJB). « A notre première rencontre, nous avons d’abord essayé d’identifier les différents genres. Ensuite, nous avons affecté des coefficients plus forts aux genres nobles, le reportage, l’enquête, etc. Pour les comptes rendus nous avons affecté les coefficients les moins élevés. Tous les genres ont été retenus seulement la différence existe au niveau des coefficients. Il n’y a pas de genre qui a été exclu. Et même ceux qui ne se retrouvaient pas dans les genres normaux, nous avons trouvé une catégorie dénommée autres », clarifie Cyr Payim Ouédraogo, représentant dudit comité. Tout n’est pas clean selon lui mais il reste optimiste que ses confrères suivront le pas en s’adhérant au BBDA. Car l’Observateur Paalga, l’Evènement, etc. traînent toujours les pas.
Malick SAAGA