Ablo Zon, légende africaine de musique : Rappel oblige
Abdoulaye Zon ou Ablo Zon était un artiste-musicien burkinabè. Né le 1er juin 1976, il s’est éteint physiquement, le 8 août 2016 à Ouagadougou, à 40 ans. Batteur et percussionniste transcendant, il a marqué les esprits du 4e art. Il est parti, il y a déjà quatre bonnes années mais ses œuvres demeurent. Source intarissable de savoir, il est et reste un repère, une boussole pour sa génération, celle actuelle et certainement celle à venir. L’homme est simplement une légende. Comment pourrons-nous vous décrire ce grand monsieur de la musique burkinabè voire africaine avec tous les détails possibles? Nous sommes peut-être bien limités.
Mais, déjà, à son premier anniversaire de décès, le 8 août 2017 à Ouagadougou, organisé par ses amis et autres connaissances, les témoignages sur ses exploits affluaient au cours de la soirée d’hommage avec des musiciens amateurs et professionnels.
Depuis cette date d’hommage, plus aucune autre initiative n’a été prise pour perpétuer la tradition, à l’exception de quelques rares festivals et/ou évènements culturels qui font dans le populisme.
Ablo Zon a marqué les plus grands esprits de la musique au Burkina Faso, partout en Afrique, en Europe, en Amérique et dans le reste du monde, selon les témoignages recueillis.
De son passage aux Petits chanteurs aux poings levés (groupe musical créé sous l’ère de la révolution par le président Thomas Sankara) au Djongo système de Bill Aka Kora en passant par le super groupe sénégalais, Xalam de Dakar, Ablo a joué valablement sa partition au-delà même des attentes. Même l’international musicien, Rido Bayonne ne cesse de louer l’exploit du batteur burkinabè, chaque fois qu’il en ait l’occasion.
Mais c’est fort dommage qu’au Burkina Faso, les élites politiques et/ou culturelles semblent ne pas connaître Ablo Zon. Leur ignorance, peut-être justifiée est la preuve que le pays des Hommes intègres ne reconnaît jamais, en tout cas jusque-là, les efforts naturels de diplomatie culturelle de ses artistes internationaux qui font la pluie et le beau temps hors de nos frontières.
Ablo Zon ne tombera pas dans l’oubli car bon nombre de jeunes ont appris avec lui. Ils ont à leur tour transféré leurs connaissances à des jeunes qui les transmettront aussi ultérieur aux générations à venir. Ablo Zon, de là où il est, doit être fier pour avoir vécu très utile.
Retenez que dans le palmarès des Django d’or, trophées du jazz, trophées européens de distinctions de musiciens talentueux, Ablo Zon fut le premier africain dans l’histoire, à remporter le Django d’or de la révélation. C’était en 2010. Un tel titre, des Belges, des Français, des Italiens, des Danois, enfin des musiciens européens talentueux en rêvent.
La distinction Django d’or est un symbole hautement significatif en Europe et que rêve tout musicien. Ce trophée est une œuvre d’art originale, spécialement créée par le peintre et sculpteur Raymond Moretti, représentant une envolée de guitare sur une signature de Django Reinhardt.
Dans l’album « Yaaba » de Bill_Aka_Kora, le défunt y a laissé ses œuvres à la batterie. Avis à tous ceux qui aimeraient savoir de quoi nous parlons.
Loin de nous laisser emporter par nos sentiments, profondes douleurs, regrets et amertumes, sans aucune exagération, Ablo Zon devrait demeurer à jamais dans la mémoire collective de la classe musicale. Ne mérite-t-il peut-être pas toute une stèle en hommage, un palais de culture, une école de formation musicale, un studio de haut standing ou une salle de répétition, une grande salle de spectacle, à son nom ? Il ne doit pas être rangé dans les archives. Les nouveaux bâtiments de l’INAFAC en construction pourraient alors le remémorer.
Bon nombre d’artistes burkinabè de la même classe qu’Ablo, vivront, marqueront les esprits et s’en iront peut-être un jour dans l’oubli. Car dans un environnement où le musicien semble moins utile aux yeux du politique, il faudra songer donc à se redéfinir et se faire valoir autrement. Sinon les mérites viendront toujours inutilement à titre posthume. C’est souvent triste, très révoltant de vivre dans un pays où vos propres autorités n’entendent vos éloges qu’une fois hors du pays.
Et pendant qu’on y est, il y a de ces ambassadeurs culturels toujours vivants, de la même trempe qu’Ablo, que sont Wendlvim Zabsonré, Serge Aimé Coulibaly, etc. C’est le lieu de les célébrer avant que la mort ne se manifeste.
La Rédaction