Musique religieuse chrétienne : Du biz, du show ou de l’oeuvre de Dieu?
Dans les églises chrétiennes, les prières sont rythmées par des chants. C’est la louange ou l’adoration. Il a fallu attendre jusqu’au 19e siècle pour voir émerger une autre culture musicale afro américaine dont se servent certains serviteurs de Dieu, dans la prédication et l’évangélisation. C’est le gospel.
Au Burkina Faso, le gospel musique n’est pas encore arrivé à se positionner véritablement dans l’arène musicale. Il est presqu’inexistant mais il en existe. Emprunt du blues et du jazz, saupoudré de la soul, ce genre musical n’est pas à la portée de tous les chantres. Si, sur le marché de disque burkinabè se déversent des chansons chrétiennes, la bonne majorité fait dans la louange et l’adoration tantôt berçante tantôt rythmée et dansante, tout en explorant plusieurs tendances musicales urbaines ou traditionnelles. Nos chantres dans les églises penchent pour les styles dont ils appréhendent le mieux dans leurs oeuvres musicales pour la louange et l’adoration. Entre ce qu’ils font et le gospel, il y a bien une nuance.
Le gospel dérive du Négro spiritual, un genre de prière chantée et faite d’improvisation de sermons que les pasteurs utilisaient pour leur évangélisation. Le Negro spiritual s’est modernisé en se nourrissant du jazz et du blues pour donner ce qu’on appelle le gospel.
Les chants de louange ou d’adoration ne s’appuient pas uniquement sur un genre fixé dans nos églises, au Burkina Faso. Pourvue qu’ils servent, quel que soit le rythme, à louer et adorer Dieu sur fond chrétien.
Nombreux sont ces chantres évangélistes burkinabè qui ont côtoyé le succès. Simon Kologo, Ela Nikièma, Rose Bationo, pour ne citer que ceux-là, ont pu se déporter sur le terrain du business musical avec une bonne médiatisation pendant un moment. Ils ne faisaient pas du gospel, seulement de la musique chrétienne aux couleurs burkinabè. Ils se sont éteints au fil du temps. Qu’est-ce qui n’a pas marché?
Produisaient-ils des oeuvres commerciales et commercialisables ou étaient-ils dans l’oeuvre de Dieu, c’est-à-dire investir dans un projet musical pour servir juste la cause de l’église, de Dieu? Cette question nous a toujours défoncé l’esprit. Pendant les présentations d’album des chantres chrétiens, les réponses restent très évasives. Peut-on encore s’interroger sur la finalité d’une oeuvre musicale chrétienne au Burkina Faso ? Mais si !
Rien n’empêche la musique de louange ou d’adoration chrétienne de se glisser sur le terrain commercial au même titre que les musiques urbaines profanes. Cependant, les adeptes de cette musique devraient être en mesure de définir clairement leur finalité, leurs objectifs avec les oeuvres qu’ils créent.
Cherchent-ils à faire du profit en chantant le nom de Dieu? Ont-ils un plan de carrière? Quelle approche marketing? Sinon qui paie les frais d’enregistrement au studio y compris toutes les charges inhérentes à la réalisation complète? L’église ou Dieu?
Un album, quelle que soit son obédience est un produit qui a pour finalité la consommation.
Mais peut-être que les musiques religieuses chrétiennes ne s’inscrivent pas dans la rationalité de l’homo œconomicus mais plutôt dans celle de l’homo sociologicus. Autrement dit, le retour à l’investissement n’intéresse peut-être guère le chrétien mais plutôt les bonnes raisons qui justifient sa créativité espérant la bénédiction divine. Est-ce un comportement rationnel ? C’est selon.
N’est-il pas temps de changer de paradigme, de mieux définir les codes du showbiz et de songer à les transpercer ? N’est-il pas aussi temps de songer à se construire véritablement une carrière dans la musique chrétienne lorsqu’on s’y engage ? Le débat est ouvert.
La Rédaction