KPG : Un enseignant-chercheur autodidacte
Il se nomme Kientega Pingdewindé Gérard à l’Etat civil. Dans le monde culturel, il est plus connu sous l’appellation KPG. C’est l’acronyme de son identité complète. Les uns le définissent comme un conteur, pour certains, c’est un artiste-comédien ou encore un musicien. En fait, l’enfant de Arbollé, dans le Passoré (Nord du Burkina Faso) a, au cours de son parcours côtoyé presque tous les arts de la vie. Pingdewindé, comme l’appellent affectueusement ses parents du village, n’est pas juste qu’un artiste. Il l’est encore plus.
Depuis le bas âge, KPG a vite été initié aux mystères de la forge, des masques et surtout des sciences ancestrales. Découvrant le théâtre en 1997, il abandonne les bancs et ancre son art dans ses connaissances culturelles. Il s’est désormais orienté vers l’école des savoirs ancestraux. Forgeron né, et très bien imprégné des us et coutumes, KPG s’inculque les symboliques et s’érige en fin connaisseur des outils et techniques de la forge.
Dans son élan, il crée d’abord le centre culturel, Koombi Culture en 2008, dans son village natal. Sa philosophie est de perpétuer la tradition par le canal artistique. Il accueille les jeunes enfants du village pour les former dans la danse, la musique sur fond de référentiel culturel intrinsèque.
Au même moment, le conteur va parcourir parallèlement le monde pour donner des spectacles de conte. Cette expérience lui a valu de mérites affichés, d’Europe en Asie en passant par l’Amérique ou l’Afrique. Car, KPG a été médaillé d’argent en conte au VIe Jeux de la Francophonie à Beyrouth. Il a également participé aux Jeux Olympique d’hiver à Vancouver 2010. KPG a animé l’ouverture du village artistique du Sommet des chefs d’Etat de la Francophonie à Montreux 2010.
Le forgeron de la parole ne dort pas sur ses lauriers. Toujours, en quête de connaissance, il va concevoir son univers baptisé atelier de la forge. Il s’agit de son laboratoire de recherche scientifique fondé sur des référentiels africains, sur des logiques et techniques ancestrales. Aujourd’hui, plus qu’une référence dans le monde culturel, KPG a presque toutes les réponses aux questions relatives aux outils et techniques utilisés dans la forge.
Un écrivain autodidacte
KPG est auteur de trois (3) œuvres littéraires. « Le Monstre du village » et « Parole de forgerons », publiées en 2013 et enfin « Kossyam », publiée en 2019. Écrivain-conteur-musicien, il est également auteur d’un disque de conte et musique, intitulé « Ragandé ».
De projet en projet, l’enfant de Passoré a encore initié en 2019, un projet dénommé « Conte à l’école », qui consiste à donner des spectacles de conte dans les établissements primaires publics et privées du Burkina Faso. L’idée pour lui, est de réinventer autrement l’éducation scolaire en s’appuyant sur des valeurs endogènes.
En ce moment, KPG fait un travail de collecte d’informations sur les savoirs ancestraux auprès des chefs traditionnels et autres garants des us et coutumes à travers une tournée dans les régions.
Notre artiste dit ne pas être dans les concepts scientifiques. Il est dans les faits, dans le questionnement direct avec les sujest. KPG est dans un nouveau paradigme de recherche en sciences sociales sans pour autant s’inscrire dans la démarche académique prônée par Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt dans « Manuel de recherche en sciences sociales ».
De toute évidence, c’est dire que nous avons un chercheur autodidacte qui fait aussi le travail de certains universitaires. Seulement qu’il utilise une méthodologie différente pour produire des vérités. Serait-il prétentieux de qualifier KPG d’enseignant-chercheur ? Si nos recherches scientifiques s’appuient uniquement sur des fondements universitaires ou sur fond de concepts scientifiques académiques calqués d’ailleurs, c’est dire que nous, Africains, n’avons pas encore compris l’emprise occidentale marquée par cet ethnocentrisme chronique. Des autodidactes africains, de vrais savants ont été réduits à néant parce qu’ils n’employaient pas des outils et méthodes scientifiques conventionnelles académiques. Est-ce pourtant qu’ils ne sont pas fiables et authentiques? KPG ne mérite-t-il pas le titre d’enseignant-chercheur ? A chacun de se convaincre.
Malick SAAGA
Très bel article. KPG est un baobab, c’est une mémoire vivante de notre patrimoine immatériel. Longue vie à lui. Que les ancêtres lui accordent longue vie et protection.
Kaïto……VOUM!!!!