Mesures contre le coronavirus : Que le Gouvernement limite les impacts sociaux dans le banc des artistes
Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde, est frappé de plein fouet par l’épidémie de coronavirus. Depuis maintenant des semaines, tout tournerait au ralenti. L’économie serait complètement à plat. Point besoin de vous faire un dessein car l’agonie est réelle. La situation la plus dramatique est celle des artistes burkinabè. Imaginer une période culturellement improductive de près de deux mois, les professionnels du secteur culturel, à vrai dire, n’y avaient pas pensé.
Personne ne remet en cause les batteries de mesures prises par le Gouvernement pour faire face au mal qui sévit le pays. C’est peut-être légitime. C’est même légitime. Mais le constat est que les acteurs culturels qui contribuent considérablement à l’économie burkinabè sont laissés pour compte, dans cette infortune. Eux, pour la plupart, qui vivent des prestations, des festivals, des shows et autres manifestations festives sont sommés du coup de ne pas exercer sur une période assez longue (depuis le 11 mars et ce, jusqu’au 31 avril 2020). Ils sont contraints à un confinement généralisé. Cette situation comateuse du monde du spectacle n’est que la partie visible perceptible de l’insouciance actuelle de nos décideurs politiques vis-à-vis des artistes.
Pour étayer nos propos, une petite piqûre de rappel ne serait pas de trop. Rendez-vous compte que le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT) a toujours été le parent pauvre du gouvernement. Ce sont seulement 8 milliards de FCFA et poussière qui ont été alloués en 2020 comme dotation budgétaire contre plus de 200 milliards de FCFA pour le ministère en charge de la défense et plus de 100 milliards de FCFA pour le ministère en charge de la sécurité. Cette somme du MCAT, à l’en croire est alors repartie entre les dépenses courantes (acquisitions de biens et services, personnel, transfert courant, etc.) et les dépenses en capital (investissement).
Comparaison n’est pas raison mais, cette attitude de l’élite politique est assez indicative. La culture est seulement une priorité dans la parole et le populisme. Elle revèle être cependant, dans les faits, au dernier rang du classement.
Ce n’est donc pas en cette période de suffocation culturelle que le Gouvernement agirait vraiment. Les artistes et autres professionnels qui vivent des arts du spectacle sont les derniers soucis du pays. C’est pourquoi ces mesures préventives contre la propagation du covid-19, plus d’une semaine après, bien qu’elles soient légitimes, sont jusque-là restées sans aucune suite favorable d’accompagnement pour limiter les impacts sociaux dans le banc des artistes.
Ailleurs, comme en France, la réaction a été immédiate. Son Gouvernement a pris des mesures exceptionnelles de soutien aux intermittents (artistes, interprètes, saisonniers) et autres salariés du secteur culturel. L’AFP dans un communiqué évoque une aide d’urgence de 22 millions d’Euro pour les secteurs culturels touchés par la crise du coronavirus.
Le Burkina Faso ne dispose pas les mêmes ressources que la France certes, mais laisser les acteurs culturels peiner dans cette situation est inadmissible. Lister les artistes professionnels pour leurs impliquer massivement dans la sensibilisation des populations en mettant à leur disposition un budget permettant d’assouvir un tant soit peu le calvaire serait responsable.
Mais, en même temps, on est tenté de s’interroger si vraiment on peut aider des acteurs culturels auxquels personne n’y accorde assez de crédit ? Les artistes devraient commencer par se prendre au sérieux, s’organiser, se structurer, avant que le Gouvernement ne s’érige en pompier.
La Rédaction