Musique et identité burkinabè : Un nouveau paradigme s’impose
L’œuvre d’art est une expression identitaire qui révèle l’appartenance de son créateur. Chaque musique représente la carte d’identité d’une société. Mais le constat sur nos produits musicaux n’est pas du tout reluisant.
La tendance musicale au Burkina Faso, nous laisse perplexe. La musique des Burkinabé peine à s’affirmer sur l’échiquier continental. Elle manque d’imposition dans un univers concurrentiel. Il serait un peu maladroit de comparer des cultures identitaires, parce qu’une identité ne peut pas se prétendre supérieure à une autre. Cependant il ne serait pas irrévérencieux de s’interroger sur la teneur de la musique burkinabè. Cette dernière expression utilisée souvent à tort par certains, peine à forcer l’admiration sur une échelle sous régionale voire continentale. Cette aboulie musicale est inquiétante.
En effet, la musique congolaise, a inspiré nos anciennes gloires depuis des années durant. Les mélodies et les rythmiques d’une telle musique sont encore gravées dans les mémoires. C’est une musique qui se repose sur un socle identitaire caractérisé par le lingala, la couleur de la guitare, de la batterie ainsi que d’autres feelings. La musique malienne est quant à elle, vite repérée à la première note. Celle de la Côte d’Ivoire a envahi le marché discographique burkinabè.
Qu’est-ce qui n’a pas marché ou qu’est-ce qui ne marche pas avec la nôtre ? Avons-nous une musique particulière du Burkina Faso ou une musique burkinabè à défendre ? Si la première catégorisation désigne les œuvres musicales réalisées par un Burkinabè, force est de la nuancer avec la deuxième.
Par définition, la musique burkinabè est « l’ensemble des sonorités et des rythmes d’expressions instrumentales et/ou vocales (inspirées par la musicalité de la langue) corporelles, littéraires, poétiques, symboliques et cultuelles ou non, authentiques et singuliers, qui véhiculent la culture burkinabé qui la véhicule, et auxquels, dans la durée et des espaces territoriaux divers, s’identifient un plus grand nombre de Burkinabé, dans leur diversité et composantes multiples ». C’est la proposition des acteurs culturels burkinabè qui s’étaient réunis en décembre 2018 pour mieux réfléchir sur la promotion et la diffusion de la musique burkinabè.
Alors, les principales caractéristiques d’identification de cette musique sont le rythme, la mélodie, le chant, la langue (musicalité poétique, littérature), la danse, l’instrument joué. Qui fait désormais de la musique du Burkina Faso et qui fait de la musique burkinabè ?
L’universalité de l’art n’a-t- elle pas servi de tremplin à cette nouvelle génération d’artistes de pondre de la musique bon marché ? La flemme de puiser dans le tréfonds des identités, de la plupart de nos artistes d’aujourd’hui est aussi perceptible.
Et pour donner un nouveau souffle à notre musique, il faudrait que les acteurs du domaine s’y mettent sérieusement. Recourir à leur identité mais aussi s’ouvrir au monde sans pour autant se perdre dans le tohu-bohu. Il faut donc un nouveau paradigme.
La Rédaction