« Supiim », la nouvelle création de KPG : «Ce projet parle de ces crises qui minent nos sociétés actuelles»

« Supiim », la nouvelle création de KPG : «Ce projet parle de ces crises qui minent nos sociétés actuelles»

L’international conteur burkinabè, Pingdéwindé Gérard Kientega dit KPG était avec ses collaborateurs en résidence au Moulin Fondu, France, du 20 janvier  au 7 février 2020, pour une création. « Supiim » (aiguille en langue mooré) est l’intitulé du projet. Cette nouvelle pièce se passe dans l’atelier de la forge et réunit cinq artistes africains, chacun ayant un profil différent. C’est une allégorie sur la forge et l’activité du forgeron. Pour mieux découvrir les raisons et les motivations de la création de « Supiim », ainsi que sa place dans le contexte socioculturel et politique actuel au Burkina Faso, nous sommes allés à la rencontre de KPG, le 24 février 2020, dans son domicile, à Ouagadougou. Entretien ! 

 

Kulture Kibaré (K.Ki) : Vous étiez en résidence de création en France. Présentez-nous le projet qui a fait l’objet de recherche.

Kientega Pingdéwindé Gérard (KPG) : Le projet s’appelle « Supiim »,  qui veut dire aiguille. C’est un projet que nous portons depuis l’année dernière. Il se passe dans l’atelier de la forge. Nous avons convoqué plusieurs artistes de plusieurs disciplines. C’est-à-dire que nous avons un chanteur de la rumba, un humoriste, un scénographe, un musicien rappeur et moi-même conteur. Nous sommes cinq artistes, complétés par d’autres contributions et regards extérieurs.

K.Ki : En quoi consiste « Supiim » ?

KPG : « Supiim » est une création qui va mettre en lumière les crises qui existent dans nos sociétés. C’est une allégorie qui va traiter des questions d’insécurité, d’instabilité, des crises sociétales et qui seront exprimées par les outils de la forge. Chaque outil, à un moment de son histoire va commencer à parler en son nom. Et chaque outil a besoin de l’autre pour son bien-être. Ce projet parle de ces crises qui minent nos sociétés actuelles.

K.Ki : Quelle était la motivation pour ce projet ?

KPG : Nos pays traversent des crises d’insécurités criantes et les facteurs peuvent être divers. Mais nous pensons que le facteur est avant tout culturel. Il y a un problème d’éducation, de culture. C’est parce que les individus ne se reconnaissent plus qu’ils commencent à s’entre-tuer. Lorsque tu es conscient que l’autre est ton frère, tu ne le tueras pas. C’est pour pointer du doigt ces crises que ce projet a été créé.

K.Ki : Vous êtes très attaché à vos traditions et en tant qu’artiste, vous auriez dû rester pourtant au Burkina pour la résidence. Pourquoi le choix de ce labo à Paris ?

KPG : Notre création se veut universelle, c’est la raison pour laquelle nous avons convoqué de jeunes artistes. Il y a des pays comme la France, le Burkina Faso, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Bénin. Si nous avons commencé la création du laboratoire en France, c’est parce que des institutions françaises nous ont donné l’opportunité de pouvoir se retrouver là-bas pour la création. Nous sommes disposés à collaborer avec tout le monde, si jamais une institution burkinabè ou ivoirienne nous invite. Pour nous, c’est une question humaine et nous voulons toucher tous les pays.

KPG©Oposito Moulin fondu

K.Ki : Dans la création, vous avez fait appel à des artistes, centrafricain, ivoirien et béninois. Quels sont leur profil et la pertinence de leur implication ?

KPG : Chaque artiste est vraiment bien choisi. Si nous prenons par exemple l’humoriste, Zongo, grand artiste africain, ayant sa manière singulière d’écrire ses textes humoristiques ; je l’ai appelé pour qu’il puisse contribuer par le rire au feu de la forge. Tous ces artistes diront ce qu’ils pensent de l’activité ainsi que des forgerons de leurs localités. Farouk Abdoulaye, scénographe a une notion sur la spiritualité africaine. Il nous dira ce qu’il pense des forgerons de son pays, il partagera la parole de la forge à travers la scénographie. Bassitey qui est un artiste rappeur burkinabè donnera un rythme au spectacle. Moi, en tant que conteur, j’écris l’histoire et je la réadapte en fonction du souffle de chacun.

K.Ki : Quels sont les fonds qui ont été mobilisés à l’occasion pour la création de « Supiim » ?

KPG: Pour le moment nous n’avons pas acheté de matériel. Pour le moment, nous avons le soutien de deux centres nationaux de création  des arts en espace public français, Le Moulin Fondu/Oposito et l’Atelier 231, organisateur du festival Vivacité. Ils ont apporté les moyens  pour les voyages,  l’accueil, l’hébergement et le perdiem des artistes pendant trois semaines et aussi les locaux pour travailler.

K.Ki : Que vous a apporté cette première étape de travail ?

KPG : Elle nous a permis de développer l’imaginaire de « Supiim » par les échanges entre les artistes, et les rencontres. Car le laboratoire de recherche consiste aussi à aller à discuter avec de nouvelles personnes, à interroger sur l’utilité des outils dans la société. Nous avons eu à rencontrer des étudiants, des élèves, des scénographes, des cheminots, des mécaniciens en France. Cette rencontre avait pour but de faire identifier les gens à travers ces outils de la forge à la fin de la présentation.

Les artistes en résidence au Moulin Fondu©Oposito-Moulin fondu

K.Ki : Quelles sont les prochaines étapes pour aboutir à la création définitive du spectacle ?

KPG: Concernant la création du spectacle, nous sommes toujours à la recherche de subventions et de partenaires pour terminer le projet. Nous avons prévu de faire la création scénographique et scénique entre juillet – août 2020 à Ouagadougou et de présenter la première version de « Supiim ». Après nous jouerons la création au festival des Francophonies de Limoges en septembre 2020. A partir de 2021, nous ferons des tournées un peu partout pour jouer le spectacle.

K.Ki : Quel est l’accompagnement de l’Etat burkinabè ?

KPG : L’Etat nous soutient déjà à travers le ministère en charge de la culture. C’est son rôle de soutenir les artistes. Nous sommes ouverts aussi à toute forme de soutien venant de toutes institutions, car il y a certains détails comme l’hébergement qu’il faut couvrir.

 

Recueilli par Malick SAAGA

Et retranscrit par Honorine OUEDRAOGO (Stagiaire)

Kulture Kibaré est un média en ligne de la culture et des arts, lancé en Juillet 2017 par Malick Saga SAWADOGO (Journaliste critique et chroniqueur)

Site: www.kulturekibare.com

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