Culture burkinabè: Le parent pauvre du budget national

Culture burkinabè: Le parent pauvre du budget national

Les travaux de la conférence des ministres en charge de la culture des pays du G5 Sahel sur la contribution de la culture à la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent se sont achevés le vendredi 17 janvier dernier dans la capitale burkinabè. Outre la Déclaration dite de Ouagadougou qui en est sortie, de nombreuses préoccupations ont été soulevées par les participants. Il s’est agi, entre autres, de l’insuffisance des budgets alloués au secteur de la culture dans les cinq Etats (Burkina Faso, Mali, Tchad, Mauritanie, Niger). Les ministres de la culture ont, de ce fait, plaidé, pour une prise en compte du volet culture dans les projets d’investissement prioritaires du G5 Sahel. Seront-ils entendus? Osons le croire.

C’est un secret de polichinelle, la culture dans les pays de la sous-région, et au Burkina Faso en particulier a toujours été le parent pauvre du budget national (moins d’1% entre 1996 et 1999; cf. Etude sur le renforcement des capacités au Burkina Faso/secteur de la culture). La tendance a certes évolué au fil des ans, mais ne nous voilons pas la face, le département de la culture continue de bénéficier  de la portion congrue de la manne nationale. Depuis plusieurs années, les biennales, les salons, les Festivals et autres cérémonies de nature culturelle (FESPACO, SIAO, SITHO, etc.) se tiennent à tour de bras, témoignant d’un certain dynamisme croissant du secteur culturel burkinabè. « Le Burkina Faso semble être en bonne place au niveau des pays émergents en matière de culture. La place de la culture burkinabè au niveau africain et mondial est de nos jours respectable », avait relevé l’ancien ministre de la Culture, Mahamoudou Ouédraogo dans son Livre blanc sur la culture.

Au-delà des discours laudateurs des politiques, pourquoi l’allocation budgétaire de la culture est-t-elle toujours insignifiante? Accordons-nous réellement de l’importance à notre culture? En réalité, comme l’a si bien indiqué feu l’historien et homme de culture burkinabè, Nurukyor Claude Somda, la politique culturelle de notre pays, depuis son accession à l’indépendance, a été des plus hésitantes: « Pendant longtemps, le secteur culturel préoccupait très peu les décideurs qui le considéraient sans rentabilité économique, un gouffre à sous, le domaine des investissements perdus » (Ibid.). Des années durant, le département de la culture a été caractérisé par le nomadisme institutionnel chronique dont le statut administratif a été modifié plus d’une dizaine de fois (8 fois en 11 ans entre 1971 et 1982).

Nous devons, pour reprendre les mots de l’ancienne ministre et altermondialiste malienne, Aminata Traoré, refusé la ghettoïsation de notre culture. Elle ne doit plus être vue comme le parent pauvre de notre développement, mais un élément de la reconstruction de notre société, et de notre économie. En effet, selon les statistiques de l’Unesco et de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), les industries culturelles contribueraient au PNB mondial à hauteur de 7 % et de 3 % dans les pays en voie de développement. Il est donc temps de changer de paradigme, ou notre perception de la culture. Elle est bien plus qu’un simple folklore. Ignorons-nous la mine d’or sur laquelle nous sommes assis?

La Rédaction  

 

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