Rentrée du droit d’auteur : La valorisation des contenus nationaux au cœur des échanges
La quatrième édition de la Rentrée du droit d’auteur (RDA), s’est ouverte le 24 octobre 2019, à Tenkodogo, dans la région du Centre-Est (Burkina Faso). Placée sous le thème : « Droit d’auteur et valorisation des contenus nationaux », le Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA) et ses partenaires ainsi que tous les participants venus d’Afrique, entendent fédérer les intelligences pour une meilleure promotion du droit d’auteur en Afrique. Les 72 heures d’activité sont ponctués d’échanges par des thématiques spécifiques, la célébration des meilleurs créateurs du BBDA (Nuits du droit d’auteur) et d’une excursion touristique.
Après Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, c’est au tour de Tenkodogo d’accueillir la quatrième Rentrée du droit d’auteur (RDA). Avant tout propos, les agents du BBDA ont demandé une minute de silence en guise d’hommage à leur regretté collègue Adama Yaro, décédé le 14 octobre 2019. Et cette activité a été organisée en sa mémoire.
Pour cette année, il s’agira en terme clair de montrer l’intégration entre les contenus nationaux et la question du droit d’auteur. « Il s’agit de valoriser nos identités culturelles », a expliqué d’emblée, le Directeur général BBDA, Wahabou Bara.
A chaque situation particulière, réflexion particulière. Ainsi, dans un tel écosystème chamboulé par le numérique, quelle peut être la nouvelle dynamique des sociétés de gestion collective de droit d’auteur ? Avec le basculement du numérique, à en croire le DG, l’Afrique est envahie par des programmes qui sont conçus de l’autre côté de l’Occident avec des comportements qui modifient progressivement les réactions des différentes populations. « Quand vous regardez le contenu de ces programmes, il est en rupture totale avec nos système de cohésion, de solidarité, de construction de nos richesses, de construction même de l’identité africaine de façon générale et burkinabè de façon spécifique », a fait remarquer M. Bara.
La problématique étant posée, il estime qu’il est ingénieux de se pencher sur un tel thème de la RDA aussi révélateur.
Protection des contenus nationaux
Selon toujours, les propos du directeur général du BBDA, « dans les missions assignées aux régulateurs de l’espace UEMOA, il est fait cas de la protection des contenus nationaux assortis de quota de 60 ou 70% pour les œuvres d’expression nationale, les œuvres d’expression africaine et les œuvres d’expression internationale ». Mais dans le cas espèce, l’imprécision sur les œuvres d’expression nationale et d’œuvres d’expression africaine porte à confusion et crée un souci de la diffusion des contenus nationaux.
Wahabou Bara a alors évoqué les programmes télés qui sont dominés par les chaînes de télénovela (qui diffusent exclusivement des feuilletons brésiliens, mexicains, etc.). « Dans nos programmes de télévision, vous pouvez constater dès le matin, une télénovela, dans l’après-midi, une télénovela, dans la soirée, une télénovela. Vous convenez avec moi qu’il y a un problème au niveau du respect de quota des œuvres d’expression nationale », a-t-il déploré.
Il fallait introduire les discussions après la cérémonie officielle d’ouverture en présence des autorités coutumières, religieuses et administratives de Tenkodogo.
A travers les échanges autour des différents panels, les experts africains réunis à l’occasion, devraient dégager des pistes de solutions qui puissent permettre un développement du droit d’auteur.
Gouvernance politique inadaptée au mécanisme du droit d’auteur
La Directrice générale du Bureau Nigérien du Droit d’Auteur (BNDA), Zarami Fadji s’est entretenue avec l’assemblée dans le deuxième panel du jour intitulé, « Gouvernance politique et promotion du droit d’auteur en Afrique ». Elle a indexé la faiblesse et l’insuffisance des textes dans le fonctionnement pratique de la gestion collective des droits dans son pays surtout. Elle est Soutenue par la Directrice générale du Bureau Malien de Droit d’Auteur (BMDA), Aïda Koné et le représentant de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV), Mahamoudou N’Diaye, tous deux panelistes du jour, qui ont également décrié le même problème, celle d’une gouvernance politique inadaptée au droit d’auteur.
Les efforts des organismes continentaux
Bien avant, dans le panel d’ouverture avec pour thème : « Développement du droit d’auteur et intégration : Actions contributives de l’OIF et des organismes communautaires africains », les communicants (le Délégué général du Centre régional pour la promotion des arts vivants-CERAV, Michel Saba et le Secrétaire général du BBDA, Lanssa Moïse Kohoun) se sont appesantis sur les multiples actions des organismes comme l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ou la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour un meilleure valorisation des contenus d’expression nationale et d’expression africaine.
Trois autres panels se tiendront le jour suivant. Il s’agit d’abord du thème principal : « Droit d’auteur et valorisation des contenus nationaux », ensuite « Promotion et protection des œuvres de l’esprit à l’ère du numérique » et enfin « Synergie d’action pour une amélioration de la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins en Afrique ».
La cérémonie d’ouverture a été placée sous le patronage du ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango, les parrainages du protocole d’Etat, Raymond Balima et du Secrétaire permanent du 11 décembre, Khalil Bara, fils de la région. Ce dernier, dans adresse, a invité toutes les compétences de la région du Centre-Est à travailler dans une synergie d’action pour asseoir une industrie culturelle efficace.
Malick SAAGA