Terrorisme : Le tueur silencieux de l’industrie du show-biz
Depuis janvier 2016, certains secteurs de notre économie sont frappés de plein fouet par la recrudescence des attaques terroristes. Aujourd’hui, la plupart des activités tournent au ralenti. Et le secteur de la culture, principalement celui de la musique n’échappe pas à cette triste réalité.
Entrepreneurs culturels, organisateurs de spectacles, artistes musiciens sont entre autres, désormais « frileux » à organiser ou à donner des concerts dans certaines parties du pays déclarées « zone rouge » ou « zone à risque ». C’est ainsi que la plupart des concerts se tiennent essentiellement à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, et dans une poignée de villes qui échappent (?) encore à l’hydre terroriste.
Comment mener dans ces conditions une bonne carrière si l’on se retrouve obligé de se contenter d’une minuscule partie du pays ? Dieu seul sait combien sont ces artistes qui ont vus leur chiffre d’affaire chuté tout d’un coup. Bon nombre d’entre eux peuvent en témoigner. Il va donc de soi que l’impact du phénomène sur notre 4e art (musique) reste indéniable. En termes clairs, le terrorisme tue lentement et sûrement notre musique. Ou l’on devrait plutôt se poser la question suivante: « Le terrorisme va-t-il faire voler en éclat notre industrie musicale encore embryonnaire ? ». Cette situation, outre les premiers acteurs concernés fait également des victimes collatérales, en l’occurrence les hôteliers, les compagnies de transport, et en dernier ressort, les populations vivant dans ces localités.
Ces mélomanes burkinabè se voient, en effet, privées de communion avec leurs chanteurs ou chanteuses préférées. Malheureusement, au regard de l’évolution de la situation sur le terrain, il n’est pas hasardeux de dire que la lutte contre le terrorisme sera une lutte de longue haleine.
Que deviendront pendant ce temps nos artistes musiciens, notamment avec les fêtes de fin d’année qui s’approchent à grands pas? Nul n’ignore que cette période est généralement propice pour les affaires, et notamment pour les acteurs du show-biz au regard de la multitude des événements festifs. L’on peut affirmer, sans risque de se tromper, que ce sont des centaines de millions de nos francs, peut-être plus, que le show-biz burkinabè voit et verra filer entre ses mains. Un manque à gagner préjudiciable par ricochet à des millions de foyers (emplois directs et indirects) qui vivent des retombées de la musique.
Faut-il alors en rire ou en pleurer? Loin de nous toute ironie, mais, il faut avoir le courage de le dire, en plus d’ôter la vie à des centaines de soldats et civils burkinabè, le terrorisme « liquide » à petit feu notre showbiz dans toutes ses composantes (artistes, producteurs, managers, journalistes culturels, hôteliers, restaurateurs, etc.). Que faire alors? Feu Norbert Zongo avait dit que le « Que faire » est source de vie. La résorption du problème passe donc par la réponse à cette question, et à celle-ci: « Quelle peut être la contribution des acteurs culturels, notamment les artistes musiciens dans l’édification d’un Burkina Faso de paix et de sécurité? ». La réflexion est ouverte !
La Rédaction