Oumarou Diarra (musicien burkinabè) : Zoom sur le batteur attitré de la star malienne Salif Kéïta
Oumarou Diarra est l’actuel batteur attitré de l’icône musicale mondiale, Salif Kéïta. Le jeune musicien d’instrument burkinabè a été préféré parmi tant de milliers de musiciens africains pour accompagner le Malien. Qu’est-ce qu’il a de si particulier ? Quel peut bien être son parcours ? Pourquoi lui ? Nous l’avons rencontré à Ouagadougou le 7 octobre 2019, pour mieux vous le présenter. Zoom sur sa jeune carrière et son aventure avec la star malienne, Salif Kéïta.
Oumarou Diarra dit Diomfa est un jeune musicien d’instrument burkinabè. Aussi chanteur (transfuge du groupe Ocomplyce, ex Golgotha plus) et arrangeur, le natif de Bobo-Dioulasso dans la région des Hauts-Bassins, la trentaine bien sonnée, est le descendant d’une famille griotte. Sa passion pour la musique date tout naturellement depuis la tendre enfance. « Je viens d’une famille de griots. Dans notre cercle familial tout le monde touche à un instrument de musique. C’est comme un héritage pour nous », indique-t-il.
Le passage à la « Dernière Trompette »
Cependant, sa formation ne s’est pas limitée à la cellule familiale. En 2002, la vingtaine d’années, il arrive à Ouagadougou dans la capitale et intègre le centre musical, la « Dernière Trompette ». « Mon parcours musical a débuté en 2002 à l’école de musique, la Dernière Trompette. Tout a décollé de là. J’étais percussionnistes et c’est par la suite que je me suis intéressé à la batterie ». Le coaching de Ousmane Ouédraogo (batteur et percussionniste de la Dernière Trompette Juniore), le feeling de jeu de Wendlavim Zabsonré (guitariste et batteur du groupe Kalyanga) et la célébrité de feu Abdoulaye Zon dit Ablo Zon (premier Django d’or africain décédé en 2016), vont aguicher le jeune Oumar, tout novice à l’époque. Son intégration dans cet espace musical fut possible grâce à la complicité de son ami Hamidou Bantagnon dit le Doux (pianiste de la Dernière Trompette Juniore), et qu’il a tenu à souligner.
Les premiers pas dans l’accompagnement musical
Toujours en phase d’apprentissage, dit-il, et après seulement quelques années d’expérience, il s’est vu adouber par l’une des plus grandes sommités musicales de classe mondiale, Salif Kéïta. L’icône malienne a intégré le jeune burkinabè dans son équipe artistique. Et l’aventure dure maintenant depuis deux (2) ans. Mais avant d’en arriver à cette opportunité, Oumarou confie avoir accompagné dans le temps des vedettes burkinabè tels que Pamika, Yoni, Hamed Smani, Dicko Fils, Floby, Yeleen, Tim Winsey, etc. Ce parcours national a renforcé ses aptitudes artistiques au point de se voir solliciter ailleurs.
« Je parcourais déjà quelques pays dans le monde. A un moment, je me suis retrouvé au Mali pour un projet avec des artistes musiciens maliens. Mais je précise que j’avais déjà entretenu bien avant un autre projet avec la diva Orokia Kanté, artiste-chanteuse guinéenne résidant au Mali. C’est elle qui m’a fait venir du Burkina Faso jusqu’au Mali. L’enregistrement de l’album de cette bonne dame se tenait au studio de Salif Kéïta à Bamako. Lors de la dernière séance de travail, Salif est donc passé au studio pour des encouragements et conseils. C’est ainsi qu’il m’a vu jouer et cela l’a beaucoup plu. Par la suite, son staff m’a joint pour me proposer un contrat en 2017. Depuis ce jour nous parcourons le monde ensemble », a confié le batteur burkinabè. Aussi, il va revenir sur les motivations de Salif Kéïta qui ont prévalues son recrutement. « Ce qui a plu à Salif en moi, c’est déjà le fait que je joue quelques sonorités burkinabè avec la batterie. Rythmiquement, Salif Kéïta aime le folklore musical burkinabè. C’est quelqu’un qui fait de la musique mandingue et malinké mais ça groove vraiment. Ce qu’il aime chez moi, tout temps quand on est en répétition, il me demande de créer et j’essaie de le faire ».
Dans le nouvel album intitulé « Un autre blanc » du septuagénaire, sorti en 2018, le Burkinabè est intervenu sur deux titres. Il s’agit de Man safo où Salif est en feat avec Alpha Blondy et un autre titre I Tarafo (feat MHD et Angélique Kidjo). Oumarou y a laissé ses empreintes à la batterie.
Les batteurs du Burkina Faso s’imposent dans la batterie que les Maliens
C’est toute une odyssée, à la fois professionnelle et passionnante, a laissé entendre Oumarou. De l’Afrique au continent américain en passant par l’ensemble des tous les pays européens, le musicien confie avoir exploré la quasi-totalité de la planète. Et pour un peu marquer son constat d’une manière générale sur la musique malienne, il a apprend que le Burkina Faso a un niveau plus avancé dans la percussion que le Mali. « Au niveau de la batterie du côté du Mali, le niveau est bas par rapport au Burkina Faso. Si j’ai reçu à m’imposer, là-bas en tant que batteur de Salif Kéïta, si je peux me le permettre, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de batteurs. Salif ne peut pas manquer de batteur. S’il n’y a pas le niveau la-bas, c’est peut-être une question de culture. A la base, la batterie n’est pas trop leur instrument. Les Maliens officient plutôt dans le n’goni, la kora, la guitare, etc. ».
L’aventure continue nous informe Oumarou, le 22 octobre prochain à Moscou (Russie) avec sa célébrité pour une série de tournée. Toutefois, le transfuge du groupe Ocomplyce laisse entendre que son projet avec son binôme Don O’Cool, n’est pas mort. Il révèle concocter en ce moment, malgré ses multiples voyages, un deuxième album après le premier sorti en 2014.
Malick SAAGA