Arafat DJ : A l’image d’une « Chine » égarée
Que l’on soit fan ou pas de sa musique, celui qui aurait rendu l’âme, le 12 août 2019 des suites d’un accident de circulation, Ange Didier Houon dit DJ Arafat a marqué sa génération. Des médias influents, des personnalités du monde politique africain, les réseaux sociaux ne se lassent point d’en parler. Et ça, ce n’est pas rien.
Arafat DJ était l’un des artistes influents de la Côte d’Ivoire voire de la sous-région. Il s’était imposé avec force dans l’univers du show-business. Mais de quelle manière ? Alors, cette interrogation mérite une analyse de ses actes et de ses œuvres. Que retiennent ses fans ou sa « Chine » (dénomination attribuée à ses fans) de lui ? Quel héritage lègue-t-il à la postériorité ?
Si pour certains chroniqueurs à travers le monde, l’artiste était considéré comme le symbole de la jeunesse africaine, c’est dire à quel point les opiniâtres des uns laissent entrevoir les affections émotionnelles hautement subjectives. La mort mérite respect certes, mais est-on obligé d’angéliser quelqu’un qu’aucun ne laisserait pourtant sa progéniture en faire, en toute sincérité, un modèle de vie ? La morale va alors de soi.
Force est de reconnaître qu’Arafat DJ était audacieux. Il était une personne courageuse qui osait dire haut ce que certains hypocrites pensent bas.
Force est de reconnaître en lui, un artiste qui était excessivement confiant. Il savait s’y prendre avec ses buzz. Il s’était forgé une personnalité.
Force est de reconnaître qu’il était un artiste talentueux et dont les œuvres forçaient l’écoute.
Mais en tant qu’artiste, peut-on s’accorder toute la liberté et sans aucune limite possible? La célébrité rime-t-elle avec le libertinage ?
Loin d’être un psychologue ou un psychanalyste pour justifier le comportement parfois infâme de l’artiste et son extravagance, sans limite dans les réseaux sociaux, aucun argument ne saurait le hisser à la tête d’une jeunesse africaine en quête d’un idéal.
Les œuvres d’Arafat DJ à travers sa musique, son message, son engagement, reflètent-elles la rage de vaincre de cette jeunesse panafricaine ?
L’art est aussi un moyen qui mène à une prise de conscience générale pour un changement qualitatif. La vie ne se résume pas uniquement aux maquis, aux discothèques et autres réjouissances. L’art n’est pas que ludique. Le défi de la reproduction humaine est aussi de s’assurer de la transmission des valeurs, les bonnes surtout. Et sur ce fait, l’Ivoirien aurait misé en partie une fausse carte, à cause de ses multiples frasques.
Ses œuvres demeureront certes, mais il suffira qu’un autre concept naisse et que le Daïshikan soit dans l’oubli comme son prédécesseur Douk Saga.
Cette mort qui crée déjà tant de haine, de division, de clashes et d’humiliations publiques n’est-elle pas, d’ores et déjà l’image de l’artiste? Le Yôrô a vécu dans un tel écosystème. Ses héritiers (fans) vont-ils continuer à s’insulter, se dénigrer et même s’affronter ? Si c’est ça l’héritage, autant dire que Arafat DJ restera le symbole de sa « Chine » et non celui de toute une jeunesse africaine.
La Rédaction