Marley d’or : Quel avenir pour Madess ?
Les rideaux sont tombés sur la 9e édition des Marley d’or, le samedi 7 mai dernier. Elle a vu la participation de nombreux artistes venus d’Europe et d’Afrique avec en guest-star, l’artiste ivoirien, John Yalley, le roi de la Zeze Pop (un concept bien à lui). Bref, le promoteur qui n’est plus à présenter, l’ex artiste-musicien devenu producteur et promoteur des Marley d’or, Madess a au moins tenu le pari de l’organisation.
Débutés timidement, faut-il reconnaître, les Marley d’or se sont finalement fait une place au soleil ou du moins dans la galaxie des événements culturels les plus en vue au Burkina Faso. Une belle leçon de persévérance en soi.
Mais, d’année en année, cet évènement sort peu à peu de son carcan traditionnel ou de sa vocation initiale. La promotion du reggae à travers la soirée de récompense des artistes reggae tend de plus en plus vers un festival ou d’un concert live avec une brochette d’artistes.
D’ailleurs, pourquoi cette cérémonie s’intitule-t-elle Marley d’or ? Le Marley fait allusion au regretté Robert Nesta Marley, plus connu sous le nom de Bob Marley, cette légende du reggae, dont le 41e anniversaire de sa disparition sera commémoré le 11 mai prochain aux quatre coins du monde. Il faudra définir clairement la philosophie de cet évènement en évitant de suivre la direction du vent.
Le sponsoring ou les accompagnements des partenaires étant difficiles à obtenir, l’on comprend que les organisateurs des Marley d’or veuillent ratisser large afin d’avoir à la fois un plus grand monde et un large éventail de sponsors. Mais faut-il pour autant trahir sa principale mission, en s’écartant de ses objectifs premiers au fil des ans, c’est-à-dire la soirée de récompense ?
Cette année, le Marley d’or est revenu à l’artiste musicien Rickson Dolex, qui avait complètement disparu de la scène nationale. Avait-il mis une pause à sa carrière musicale pour vaquer à autre chose ? Qui est ce nouveau Rickson Dolex ? Quels sont ses derniers exploits ? Peut-être que la sphère musicale reggae est réservée à quelques initiés…
Récompense méritée ou non, une chose est sûre, et cela a été relevé maintes fois dans les colonnes de Kulture Kibaré, les Marley d’or font malheureusement partie de toute cette forêt de cérémonies de récompense (12 PCA, Cool online, FAMA, Kundé d’or, etc.) qui pullule au Burkina Faso, et dont le dénominateur commun est à tort ou à raison la subjectivité des critères de sélection et par ricochet de nomination.
Les cérémonies de récompense au pays des Hommes intègres s’apparentent tout simplement à une simple occasion de récompense de tel ou tel artiste. Les obscurs membres du jury, le plateau artistique et tout le tapage médiatique orchestré tout autour ne sont en réalité que des accessoires ou du vernis pour masquer toute une mascarade dont les retombées ne profitent qu’aux promoteurs et à ses collaborateurs.
Mais, ne nous voilons pas la face, ce n’est donc pas un crime en soi de faire du profit. Qu’à cela ne tienne, il appartient à Madess et par ricochet aux autres promoteurs de festivals de se recentrer en ne perdant pas de vue leurs premières ambitions ou missions.
Dans le cas contraire, rien n’interdit de changer de dénomination pour mieux correspondre au contenu de son festival ou de sa cérémonie. Pourquoi pas « La fête du reggae », par exemple, et supprimer les récompenses problématiques et sans portée réelle sur la carrière des lauréats ?
La Rédaction